Aller au contenu principal
1975 : le calvaire de Gilles, handicapé et coincé dans son appartement

1975 : le calvaire de Gilles, handicapé et coincé dans son appartement

La 6e Conférence nationale du handicap (CNH) se tient mercredi 26 avril à l'Élysée. De nombreuses associations ont décidé de la boycotter accusant le gouvernement de manquer d'ambition concernant les droits et la vie quotidienne des personnes handicapées. Un quotidien qui reste souvent aussi compliqué que celui de ce jeune qui, en 1975, ouvrait sa porte à la télévision.

Par Florence Dartois - Publié le 02.12.2021 - Mis à jour le 26.04.2023
 

L'ACTU.

La 6e Conférence nationale du handicap (CNH) se déroule le 26 avril à l’Élysée. Instaurée en 2005, elle se déroule tous les trois ans et a pour mission de donner un cap aux politiques publiques en matière de handicap. Cette année, la conférence doit évoquer la scolarisation des enfants, l'emploi, l'accessibilité virtuelle (sites internet) et physique (petits commerces), ainsi que d'autres aspects de la vie quotidienne, comme la santé ou la facilitation de démarches administratives, toujours compliquées.

Emmanuel Macron avait fait du handicap l'une de ses grandes priorités lors de son premier mandat. Six ans plus tard, le constat est amer et 52 associations ont annoncé qu'elles ne se déplaceront pas à l’Élysée, pointant le manque d'ambition du gouvernement, notamment en matière budgétaire. Le président du collectif, Arnaud de Broca, a signifié « un mécontentement assez général parmi les associations membres » du collectif, déclarant qu'elles n'étaient « pas satisfaites de la manière dont les travaux préparatoires se sont déroulés et de l'absence d'information sur les mesures qui seront annoncées et leur financement ».

Les associations ne sont pas les seules à fustiger l'inaction de la France en matière d'intégration et d'accès à la vie économique, sociale et politique des personnes handicapées. Dans un rapport, le Conseil de l'Europe avait déjà reproché à la France de ne pas remédier efficacement aux difficultés d'inclusion des enfants et adolescents handicapés dans les écoles ainsi qu'aux difficultés des personnes handicapées à accéder aux services de santé. Les Nations unies à l'origine de la journée internationale des personnes handicapées, organisée chaque 3 décembre, précise que cette question est toujours d'actualité, la jugeant indispensable.

L'ARCHIVE.

L'exclusion et le sentiment de ne pas faire partie de la société est un sentiment partagé par des milliers de handicapés. Il était prégnant dans les années 1970, une époque où la notion d'accessibilité n'en était qu'à ses balbutiements. L'exclusion était vécue quotidiennement et prenait racine au domicile, dans des habitats inadaptés. C'est ce que racontait Gilles dans l'émission « Hier aujourd'hui demain » en février 1975. Paralysé et coincé dans un fauteuil roulant, il n'était pas sorti de chez lui depuis six ans ! Âgé de 24 ans, il vivait seul avec sa mère.

Gilles était la victime collatérale de l'inaccessibilité de son appartement. « Confiné dans ma chambre ou la salle à manger, pour changer de temps en temps, à part ça, c'est tout » confiait-il. Ses seules sorties étaient pour se rendre à l'hôpital. Le jeune homme se sentait prisonnier dans son propre appartement : « Les chambres, les pièces ne sont pas assez larges. Je ne peux pas du tout circuler avec mon fauteuil. Je ne peux pas du tout descendre ».

Son constat était sans appel : « les logements, les immeubles, surtout, ne sont pas du tout accessibles à un handicapé ». Il déplorait l'absence de rampe d'accès, non seulement pour les logements de plain-pied, mais également dans les administrations, « aucun handicapé ne peut y accéder. »

Gilles rêvait d'un habitat où il pourrait tourner avec son fauteuil, mais aussi d'une meilleure intégration sociale et d'une banalisation du handicap pour « qu'on nous mélange avec les valides. Ce qui serait sur le plan moral beaucoup plus intéressant ». Il jugeait le regroupement des handicapés « infecte ».

Un handicap invisibilité

La société de l'époque n'était pas du tout adaptée au handicap. L'émission montrait d'ailleurs le calvaire auquel étaient confrontés les handicapés lorsqu'ils parvenaient à s'aventurer dans la rue. Même une fois dehors, la moindre démarche devenait un parcours du combattant.

Se déplacer en ville... le parcours du combattant.

Vers un logement adapté ?

Le reportage offrait quand même quelques perspectives, notamment en matière de logement. De nouvelles constructions commençaient à prendre en compte la problématique de l'accessibilité comme le montrait cette visite d'un appartement adapté au handicap. Une exception à l'époque.

Visite d'un appartement adapté aux handicapés. L'espoir de l'autonomie.

L'accès au logement reste un sujet épineux. La loi du 11 février 2005 avait représenté une avancée posant « l'obligation générale d'accessibilité » des bâtiments d'habitation et des lieux recevant du public à tous. L'article R*111-18 du Code de la construction et de l’habitation obligeait 100% des logements neufs à être accessibles.

À compter du 1er octobre 2019, la loi Élan a considérablement allégé les normes PMR (Personnes à Mobilité Réduite) en matière de construction neuve. Le nouveau texte a abaissé le quota de logements concerné. Seuls 20% des logements doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les 80% restants devenant évolutifs. Si cette mesure a satisfait les promoteurs en abaissant les coûts de construction, elle a exaspéré les associations manquant d'informations sur le mode de financement des travaux « évolutifs » suggérés par la loi.

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.