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Guy Marchand : «Nestor Burma, c'est moi !»

Guy Marchand : «Nestor Burma, c'est moi !»

Guy Marchand restera dans la mémoire des téléspectateurs le détective gouailleur, un roi de la mauvaise foi, mais attachant, imaginé par Léo Malet en 1942. Ce fut sans doute le rôle de sa vie. Il le tint à 39 reprises de 1991 à 2003.

Par Florence Dartois - Publié le 15.12.2023
Guy Marchand : "Nestor Burma : c'est moi" - 2006 - 01:11 - vidéo
 

Guy Marchand restera dans la mémoire des téléspectateurs l'incarnation de Nestor Burma, le détective de fiction imaginé par l'écrivain Léo Malet en 1942. Ce personnage récurrent des romans de la série des Nouveaux Mystères de Paris, en référence aux Mystères de Paris d'Eugène Sue, traîne sa gouaille, son cynisme, sa désinvolture et son charme dans les différents arrondissements de Paris où, à chaque ouvrage, il va devoir résoudre de sordides faits divers entre deux rendez-vous galants.

En 1991, les aventures de ce détective désabusé sont adaptés à la télévision pour la deuxième chaîne et c'est Guy Marchand qui l'incarne. Au fil des 39 épisodes, l'acteur au borsalino vissé sur la tête, va s'approprier le verbe acide et désabusé de son personnage et camper avec brio ce roi de la mauvaise foi, si attachant. Ce fut sans foute le rôle de sa vie qu'il tint avec le même plaisir de 1991 à 2003.

L'ARCHIVE.

Dans l'archive présentée en tête d'article, diffusée dans « C'est mieux le matin » du 4 décembre 2006, Guy Marchand racontait sa joie d'avoir pu jouer un personnage aussi « surréaliste » sur « une chaîne publique, dans un pays si cartésien ». Il avouait avec fierté qu'il avait même été adoubé par Léo Mallet lui-même, qui lui avait dit : « toi, tes films, c'est de la merde, mais tu seras toujours mon Nestor Burma. »

Cela faisait trois ans que la série avait cessé et il n'était pas question pour lui de rempiler. Et pour une raison qu'il allait dévoiler dans une confidence assez surprenante, son personnage ne lui manquait pas : « Ce petit mec qui joue du saxophone au lieu de regarder la télé, qui traite un peu mal sa secrétaire, alors qu'il a une grande tendresse pour elle, qu'on prend pour un homophobe, un antisocial, qui critique tous les milieux quels qu'ils soient... C'est moi ! »

Sur le tournage de Nestor Burma

En 1995, Guy Marchand tournait le « dernier épisode » de la série Nestor Burma, une fausse sortie, mais le comédien ne le savait pas encore. Le journal de 13 h 00 d'Antenne 2 avait assisté au tournage. Ce reportage pris sur le vif entre deux scènes permet de découvrir Nestor Burma à travers le regard des acteurs. Guy Marchand d'abord, « il y a beaucoup de gens de talent qui ont fait des Burma : Serrault, Galabru, Desarthe. Ils ont bien joué des personnages qui n'étaient pas Burma. Moi, j'ai mal joué un personnage qui était Burma. », lâchait-il avec une pointe de malice. S'il jouait un rôle de séducteur qui les « tombe toutes », c'étaient les femmes qui en parlaient le mieux, notamment sa partenaire Kareen Bourjade qui évoquait un homme « humain, très respectueux des femmes. Très beau intérieurement ». Une définition qui amusait beaucoup l'intéressé occupé à taquiner un autre personnage clé de la série... son chat.

Dans les romans et la série, le détective entretenait une relation ambiguë avec sa secrétaire, jouée ici par Jeanne Savary. Un poil jalouse de ses conquêtes féminines, comme son personnage, elle ironisait complice : « C'est toutes des... » le gros mot étant couvert d'un bip sonore fort à propos.

Le reportage s'achevait sur un bel hommage de l'acteur à Léo Malet qui devait décéder l'année suivante, « j'ai beaucoup de tendresse vis-à-vis de Léo Malet qui est en train de subir l'épreuve de la vieillesse. C'est Nestor Burma vieillissant. Léo Malet, c'est un peu moi vieillissant aussi. C'est pour ça que j'ai beaucoup de tendresse pour Léo », concluait-il.

Le personnage fétiche de Malet

Quant à Léo Mallet, lui aussi avait beaucoup de tendresse pour son personnage. Dans l'interview à regarder ci-dessous, l'auteur était accompagné par Tardi sur le plateau d'« Antenne 2 Midi », le 3 mai 1986, à l'occasion de la publication de l'album de bd qu'ils avaient co-écrit : Brouillard au pont de Tolbiac. À 77 ans, il évoquait avec humour les relations de son personnage aux femmes qui se sont succédées dans son œuvre. Il abordait également le fameux mystère des rapports entre Burma et sa secrétaire, « de temps en temps, je glisse quelques trucs pour exciter encore la curiosité des gens... », plaisantait-il.

Série policière franco-allemande réalisée avec la collaboration de la Direction Générale des Douanes. Plus de 10 ans avant Nestor Burma, Guy Marchand est l’inspecteur Mathieu ! Avec son équipe des enquêtes douanières, il traque les trafiquants de cocaïne, de pastis, de lingots d’or, de devises, d’objets d’art et même de beurre !

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