« Dans une vie de femme, il y a beaucoup de choses, en horaire et en importance, qui passent devant les hommes et ça, c’est une vérité que beaucoup d’hommes n’acceptent pas ! Ils pensent que toute la vie des femmes tourne autour des hommes ! », déclarait Agnès Varda en 1977. Comme le montre le montage d'archives proposé en tête d'article, Agnès Varda apparaît comme l'une des rares femmes réalisatrices de sa génération à avoir porté haut les couleurs du féminisme.
Son film de 1977, L’une chante, l’autre pas, était une chronique de l’évolution récente des droits des femmes, en particulier l’accès à l’avortement. C'est sans doute l'une de ses œuvres les plus féministes, qu’elle défendait volontiers à la télévision. À l'occasion d'interviews, elle évoquait souvent le cinéma de femmes pour revendiquer la différence, une autre sensibilité, une vision différente du monde : « On est différentes des hommes en tant que femmes et vraisemblablement en tant que cinéastes, mais il ne faudrait pas que socialement, ce soit mal perçu, il faudrait que les gens aillent voir des films... »
La place des femmes au cinéma
Pour la cinéaste, tout était question de regard ! « Un regard de femme, une sensibilité de femme : ce n'est pas pareil », affirmait-elle en 1978. Dans cette interview, la réalisatrice abordait aussi l’emploi des femmes dans le milieu du cinéma, à une époque où les femmes étaient cantonnées aux professions subalternes. Elle se réjouissait pourtant que certaines femmes commencent à revendiquer leur envie de réaliser, de cadrer, de faire des images et de prendre du son, autant de « métiers d'hommes », une expression qui ne voulait rien dire à ses yeux. Mais imaginait-elle devoir aborder les mêmes sujets, 25 ans plus tard ? En 2003, au festival de Cannes, la question n'était toujours pas réglée. À l'occasion d'une question posée par un journaliste, elle s'insurgeait : « Qu’est-ce qu’on peut dire du cinéma des femmes, d’abord est-ce qu’il existe ? » Sa réponse avait fusé : « Mais enfin, écoute ! Arrête cette question ! Évidemment qu’il existe ! Violemment ! »
Jusqu’à la fin de sa vie, Agnès Varda s’engagea pour la cause féministe. En 2018, elle rejoint le collectif 50/50, pour la parité dans le monde du cinéma. La cinéaste nous a quittés le 29 mars 2019.
