« Maurice Faure, 55 ans, député du Lot depuis 26 ans, conseiller général du Lot depuis 20 ans, conseiller régional Midi-Pyrénées depuis cinq ans, maire de Cahors depuis 12 ans, parlementaire européen depuis 25 ans. » Dans cette archive disponible en tête d'article, nous sommes en 1977. Aujourd'hui, un tel curriculum vitæ serait impossible. Il fallut attendre la loi de décembre 1985 pour réduire une première fois les possibilités de cumul. Depuis 2014, il est interdit aux députés et sénateurs d'exercer une fonction exécutive locale.
Encore aujourd'hui objet de débat, le cumul de mandat, interrogeait déjà en 1977. Et notre archive de se demander : à trop embrasser, l'élu ne risque-t-il pas de mal-étreindre ? Un reporter d'Antenne 2 tentait de répondre à la question en partageant pendant une semaine le quotidien de Maurice Faure, « cumuleur » de mandats.
Le lundi, à l'Assemblée nationale, Maurice Faure arguait : « Le fait d'être parlementaire donne au maire un faisceau de relation, une introduction dans les ministères qui ne peut qu'être favorable à l'accomplissement de son mandat municipal ». Le mardi au Conseil régional, il avouait : « À vrai dire ce cumul-là, c'est le seul que je n'ai pas choisi. Il m'est imposé par la loi elle-même qui veut que tout parlementaire soit automatiquement membre de son conseil régional ».
Maire, une fonction « chatoyante »
Sa fonction préférée, bien qu'elle ne soit pas la plus rémunératrice, était celle de maire. « Je suis maire, je suis même président des maires du Lot, c'est vous dire si je me sens profondément maire. » Un mandat qui valait bien une tirade passionnée : « Le mandat de maire est incontestablement le plus chatoyant, le plus concret, celui qui vous attache le plus aux gens et aux choses et incontestablement, c'est un déchirement de l'abandonner. Et, c'est aussi de beaucoup, le plus prenant, celui qui exige le plus de temps, le plus d'attention, qui vous soumet le plus de problèmes, le plus quotidien, de fait incontestablement le plus harassant. »
Maurice Faure justifiait son cumul de mandats par une plus grande expérience : « On finit par acquérir une accoutumance à la solution des problèmes, du métier (...) qui fait qu'au fond, on résout beaucoup plus vite les problèmes, on gagne du temps ». Il concluait pourtant en se disant en faveur d'une limitation du nombre de mandats : « C'est très difficile de la décider pour soi-même, et quand on en détient plusieurs, de choisir celui dont on va spontanément se débarrasser. »