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Boire ou chasser, les chasseurs ne voulaient pas choisir en 1991

Boire ou chasser, les chasseurs ne voulaient pas choisir en 1991

Le gouvernement voudrait interdire la chasse sous l'emprise de l'alcool, mais refuse à instaurer une journée sans chasse. Une proposition déjà faite par le Rassemblement des Opposants à la Chasse au début des années 1990 et qui avait été reçue comme un canular par les chasseurs.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 25.10.2022 - Mis à jour le 09.01.2023
Roc demande des alcootests pour les chasseurs - 1991 - 01:26 - vidéo
 

L'ACTU.

Le gouvernement a finalement écarté l'idée d'instaurer une journée sans chasse, mais veut mieux encadrer la pratique, avec la volonté de l'interdire sous l'emprise de l'alcool, de renforcer les règles de sécurité et de mieux informer le public. La chasse sans alcool figurait parmi la trentaine de propositions contenues dans un rapport sénatorial sur la sécurisation de la chasse rendu public en septembre 2022. Les sénateurs proposaient d'interdire de chasser alcoolisé, ce qui actuellement n'est pas interdit par la loi. Actuellement, le recours à un test d'alcoolémie n'est prévu qu'en cas d’accident. La consommation d’alcool ne constituant une circonstance aggravante que si le test s'avère positif. Le Sénat proposait une interdiction « calquée sur l'alcoolémie routière » et un contrôle préventif, sans infraction préalable, et avec le même taux que pour le code de la route (0,5 g/l de sang). Le rapport sénatorial précisait néanmoins que seulement 9 % des accidents de chasse sont liés à l'alcool ou aux stupéfiants, contre 13 % pour les accidents de la route mortels.

Cette proposition de délit d'alcoolémie à la chasse n'est pas sans rappeler celle défendue auprès de l'Europe par le Rassemblement des Opposants à la Chasse (ROC) en 1991.

L'ARCHIVE.

Notre archive en tête d'article relate cette requête à laquelle le journal régional de FR3 Bordeaux avait consacré un sujet le 28 août 1991. À l'époque cette demande n'avait pas vraiment été prise au sérieux, notamment par les chasseurs eux-mêmes. La proposition du ROC faisait suite à un accident de chasse au cours duquel un chasseur en état d’ivresse avait tiré « par méprise » sur son compagnon. En pays Gascon où chasse et bien-vivre étaient associés, la nouvelle avait été reçue comme une farce. Pour les intéressés cela relevait de la pure provocation. Le commentaire journalistique lui-même ironisait montrant l'ampleur de la stupéfaction : « comme pour les automobiles, faudra-t-il choisir entre boire ou chasser ? »

Un membre du rassemblement interrogé justifiait cette demande d'alignement de la législation des automobilistes sur les chasseurs, arguant qu’un chasseur était « tout aussi dangereux avec un fusil chargé dans la nature qu’un automobiliste sur la route ». Du côté des chasseurs, on dénonçait surtout le harcèlement de l'Europe, l'incongruité de la mesure. Un représentant des chasseurs interrogé se gaussait de ce projet irréalisable ses yeux, dans un pays où tout le monde aimait la bonne chair : « Alors, il vaut mieux prendre le parti d’en rire, car je ne vois pas très bien 1 million 800 000 chasseurs passer un alcootest ! », concluait-il.

Pour aller plus loin

En 1998, en Gironde, une pétition de 60 000 signatures demandait le renforcement de la formation pour l'obtention du permis de chasse et des contrôles d'alcoolémie : « L'alcool à la chasse sur tout en Gironde, c'est courant. Il suffit de voir les chasseurs le dimanche après-midi, certains on les suit à la bouteille. » (le projet de loi déposé l'année suivante, en 1999 n'avait pas été voté).

En octobre 2014, un double accident a eu lieu lors d'une battue au sanglier dans le Gard. Une policière de l'Office national de la chasse et de la faune soulève le problème de la consommation d'alcool parmi les chasseurs, et déplore de ne pas pouvoir ni contrôler ni intervenir directement.

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