La guerre d'Algérie : Germaine Tillion

Germaine Tillion : « La grande erreur, la stupidité criminelle dans la guerre d?Algérie a été de donner les pouvoirs de police à l?armée. Lacoste, représentant le pouvoir civil, et Salan, représentant le pouvoir militaire, sont les deux responsables de cette aberration criminelle. Juste au-dessous de Salan se trouvait le général Allard qui commandait dans la région d?Alger ; au-dessous d?Allard, il y avait Massu et au-dessous de Massu, toute une série de colonels. C?est Massu qui a endossé aux yeux de l?opinion publique française l?entière responsabilité de la torture. Et au fond, il l?a assumée certainement avec répugnance et certainement parce qu?il a été commotionné par les attentats terroristes. Or ces attentats terroristes ont eux-mêmes été déclenchés par les exécutions capitales. Des exécutions capitales dont la responsabilité revenait essentiellement au pouvoir civil c?est-à-dire au président de la République, lequel n?accordait aucune grâce, et aux groupes de pression des Français d?Algérie, qui interdisaient au président de la République d?accorder ces grâces. C?était eux qui venaient dire au président Coty : ?Si vous graciez Untel, on ne répond plus de l?ordre à Alger.? S?il y avait eu un homme énergique et lucide à la place de Coty, il aurait dit non. »