Aller au contenu principal
Alain Touraine sur les origines de Mai 68 et son écho sur la société contemporaine

Alain Touraine sur les origines de Mai 68 et son écho sur la société contemporaine

Le sociologue Alain Touraine mort le 9 juin 2023 avait consacré une grande partie de ses recherches aux questions sociales et au monde ouvrier. L'INA l'avait invité en 2008 à l'inauguration de son site internet dédié au 40e anniversaire de Mai 68. Interviewé par Christophe Barreyre, il décrivait l'héritage de Mai 68 dans la société de l'époque.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 09.06.2023
Soirée Mai 68: interview d'Alain Touraine - 2008 - 04:30 - vidéo
 

L'ACTU.

Intellectuel de gauche, Alain Touraine, qui s'est éteint le 9 juin 2023 à l'âge de 97 ans, laisse une œuvre abondante sur l'étude des dynamiques sociétales et des changements de société des Trente Glorieuses à nos jours. Le sociologue était aussi apprécié à droite. Après Mai 1968, il avait suivi les différents « nouveaux mouvements sociaux » qui portaient selon lui des thèmes émergents, différents de ceux de « l'ouvriérisme socialiste ».

L'ARCHIVE.

En mars 2008, à l'occasion des 40 ans de Mai 68, l'INA avait lancé un site dédié consacré aux archives télé et radio de l'époque. Alain Touraine avait été invité au lancement de ce site. Interviewé par Christophe Barreyre, il acceptait de décrire l'héritage de Mai 68 dans la société française, tout en se montrant très critique sur l'inaction politique.

Regardez cette interview en intégralité dans l'archive en tête d'article et découvrez un florilège de ses réflexions ci-dessous.

Trouver un langage commun

Selon lui, Mai 68 était né d'une impossibilité de communiquer, de trouver un langage commun entre une société, et une jeunesse, en perpétuelle évolution et une classe politique et dirigeante passéiste : « aujourd'hui comme hier, c'est ce choix à faire entre un langage qui ne correspond plus à une réalité et une réalité qui n'a pas encore de langage. C'est ça, la France de gauche les 50 dernières années. Et c'est ça le sens profond de Mai 68. »

Il expliquait que la révolte de 68 était une réaction à la négation de la jeunesse et des femmes dans la sphère sociale, ces « fronts » s'étaient ajoutés la « lutte des classes » prolétarienne et ouvrière. Il lui semblait que quelque chose de similaire, une même incompréhension, une absence de dialogue, s'était joué en 2005 lors du « Non » au référendum : « les Français, quand ils ont voté contre la Constitution européenne, ils ont voté pour dire, "il faut foutre en l'air l'économie de marché", pour des choses qui étaient devenues un langage sans aucun répondant. »

L'inaction politique

Après l'ère Mitterrand, qu'il qualifiait de « catastrophe » instituant une « une gauche complètement imaginaire (...) sans contenu », le sociologue rêvait à l'édification d'un vrai dialogue politique et social : « on peut espérer que les problèmes de reconstitution d'une gauche iront de pair avec la réflexion simple, mais nécessaire, sur Mai 68. »

Dans cet entretien, il livrait également sa vision de la droite : « la droite en France, c'est qui ? C'est les très riches et les très pauvres. C'est le monde rural et c'est les très beaux quartiers, les golden boys. »

Il critiquait ouvertement une inaction politique commune : « ces gens-là, ils espèrent qu'ils vont se débarrasser de leur propre inexistence historique. Bien évidemment, leur inexistence historique, elle est là pour l'éternité. »

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.