L'ACTU
Dans un discours depuis l'Élysée mercredi 26 avril, Élisabeth Borne a dévoilé la feuille des 100 jours « d'apaisement » et « d'action » promis par Emmanuel Macron. L'occasion notamment d'aborder la question du travail, grand enjeu après la réforme des retraites. La création de France travail pour remplacer Pôle emploi a été annoncée à cette occasion : « Nous voulons lever les freins à l'emploi, simplifier les démarches, mieux répondre aux besoins des employeurs et renforcer l'insertion professionnelle avec les départements. Nous souhaitons accompagner davantage et inciter à la reprise d'activité, pour les personnes les plus éloignées de l'emploi comme les bénéficiaires du RSA. C'est le sens de France travail. »
Promesse de campagne, Emmanuel Macron avait dévoilé ce projet en mars 2022, à l'annonce de son programme pour la présidentielle. « C’est un changement profond », avait-il indiqué. Le président sortant avait ajouté que cette idée se basait sur « ce que le gouvernement a lancé ces dernières années avec un service public d’insertion à l’emploi ». Avec cette mutation, sa volonté est de « réussir à l’échelle d’un territoire, de mettre en commun tous les savoir-faire et les compétences, celle de Pôle emploi, celle de nos régions, de nos départements, des communes, des missions locales » (bilan de compétence, formations, retour au travail, ndlr), avait-il expliqué.
L'ARCHIVE
Pôle emploi a été créé le 20 décembre 2008 par la fusion entre l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) et l'Association pour l'emploi dans l'industrie et le commerce (Assédic), pour former un service public de l'emploi unique.
L'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) avait été fondée en 1967 sous l’impulsion de Jacques Chirac. Elle devait remplacer les quelques « bureaux de main d’œuvre » qui existaient çà et là dans les départements. Il s’agissait alors d’un établissement public administratif placé sous la tutelle du ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi. L'ANPE s’inscrivait dans le service public de l'emploi français et concrétisait le droit au travail reconnu par la Constitution de 1958. À l’époque, le chômage était anecdotique. La France comptait alors 430 000 demandeurs d'emploi, soit 2 % de la population active.
L’événement fut largement relayé dans les journaux télévisés. L’archive en tête d’article date d’octobre 1969, à cette date, les premières agences fonctionnaient. Ce reportage du JT de Midi Aquitaine proposait une visite détaillée d’une agence de Bordeaux.
Après avoir rappelé l’origine de l'ANPE et ses missions, le directeur laissait les caméras se promener dans les différents bureaux au contact des agents et des demandeurs d’emploi. À la différence des anciens bureaux de main d’œuvre, le chômeur était d’abord reçu par une hôtesse d’accueil. Les demandeurs d'emploi étaient alors « considérés comme de véritables clients ».
Le candidat au travail était ensuite « dirigé vers les services de placement ». C’est là qu’on l’aidait à rédiger une fiche de renseignements. Pour certains, il était nécessaire d’être formés ou redirigés vers de nouvelles professions, ce qui ne se réglait pas « qu’avec des fiches », précisait le commentaire. Les demandeurs d’emploi bénéficiaient donc de conseillers professionnels, de psychologues qui leur prodigueraient une aide personnalisée.
Le reportage montrait notamment un entretien en tête-à-tête avec l’une de ces conseillères, « il s’agit là d’une véritable entrevue, d’une véritable consultation », insistait le journaliste.
Une prospection sur-mesure
Un autre personnage-clé de l’ANPE était à l’époque le « prospecteur placier », charge à lui de collecter les offres d’emploi dans les entreprises. Une caméra le suivait dans son « porte à porte », notamment chez un chef d’entreprise en quête de chaudronniers. Ensuite, il expliquait qu'il irait consulter « le fichier des demandeurs d’emploi », pour débusquer les bons profils « de candidats susceptibles de convenir » à l’offre.
Le prospecteur ajoutait qu'il se rendait dans une cinquantaine d’entreprises chaque mois. Il utilisait aussi le téléphone, mais assurait préférer les rencontres, car selon lui, « les contacts » étaient « bien préférables ». La « visite des postes de travail » faisait également partie de son activité. Elle lui permettait de déterminer les besoins exacts de l’entreprise.
Cette grande organisation était complétée par un dispositif médiatique. Certaines offres d’emplois étaient diffusées à la radio dans l’émission « Radio service emploi », chaque matin dans le bulletin de radio Aquitaine. Un large relais qui devait contribuer à trouver les candidats idéaux pour pourvoir rapidement les postes disponibles.
Jacques Chirac sur la création de l'ANPE
1967 - 01:41 - vidéo
Jacques Chirac sur la création de l'ANPE le 5 juillet 1967 : « Un outil qui soit souple et efficace et qui permet de mettre à la disposition du travailleur, tous les moyens nécessaires à son placement, à son orientation, à son accueil (...) et au règlement de tous les problèmes auxquels il doit faire face lorsqu'il est privé de son emploi ».