L'ACTU.
D'octobre à décembre 2022, le procès du vol AF447 Rio-Paris a eu lieu, 13 ans après le crash de cet avion en mer. Pire catastrophe de l'histoire d'Air France, l'accident avait fait 228 morts, dont 72 Français. Ce procès devait permettre de déterminer les responsabilités d’Air France et Airbus, jugées pour « homicides involontaires », mais qui contestaient toute faute pénale. Le 17 avril 2023, le tribunal correctionnel de Paris a mis hors de cause les deux entreprises, jugeant que, si des «fautes» avaient été commises, «aucun lien de causalité certain» avec l'accident n'avait «pu être démontré».
LES ARCHIVES.
« L’inquiétude est immense à Roissy, un Airbus d’Air France, avec à son bord au moins 228 personnes, dont 216 passagers a disparu des écrans radars ce matin alors qu’il survolait l’Atlantique. L’appareil assurait la liaison Rio de Janeiro - Paris Charles de Gaulle. L’Airbus A330 devait se poser à 11h à Roissy », annonçait-on au 13h de France 2, le 1er juin 2009, quelques heures seulement après la disparition de l’avion.
Dans cette archive, les proches venus accueillir les passagers du vol, dans l’attente depuis de longues minutes, sont appelés au micro de l’aéroport : « Toutes les personnes attendant l’arrivée du vol Air France 447, en provenance de Rio, de bien vouloir se présenter au comptoir d’information Air France. » Le journaliste donnait alors la chronologie : « l’avion (...) avait décollé de Rio de Janeiro hier soir vers 19h, il se dirigeait vers Paris, l’aéroport de Paris Roissy Charles de Gaulle où il devait arriver ce matin vers 11h10. (...) Vers 8h ce matin heure française, pour une raison inconnue, l'avion disparaît des écrans radars. (...) Il se trouvait quelque part au-dessus de la mer. »
Les perspectives se noircirent très vite, comme l’évoquait France 2. « À Roissy, l’inquiétude est grande, l’avion a pu connaître une panne de ce qu’on appelle le transpondeur, une machine qui émet un signal, mais cette panne est rarissime. De plus, depuis, l’avion n’est apparu sur aucun écran radar à l’approche de l’Europe. En clair, les autorités s’attendent au pire. »
Les boîtes noires de l'AF447 retrouvées deux ans après
« Que s’est-il passé avec le vol AF447 ?, interpellait alors le journaliste alors que le drame venait de survenir, un problème technique au-dessus de l’océan, juste après son décollage, aucun aéroport de secours, le crash est inévitable. Un détournement, un attentat ? Impossible pour l’heure de trancher. »
Ces deux dernières hypothèses furent très vite écartées au profit de la première. Des débris furent retrouvés quelques jours après, mais pas l'appareil, et les premiers rapports firent état d’un avion qui heurta entièrement la surface de l’océan, sans dépressurisation de la cabine. Rapidement, une défaillance au niveau des sondes Pitot, qui permettent de donner la vitesse de l’appareil, fut évoquée.
Néanmoins, les boîtes noires, ces enregistreurs de vol qui permettent de connaître précisément les paramètres de vol et les conversations des pilotes, tout comme l’épave de l’avion, ne furent retrouvées au fond de l’Atlantique que deux ans plus tard, comme le montre l’archive ci-dessous. « On connaît maintenant, seconde par seconde, le scénario de la catastrophe du vol Rio-Paris (...) Les enquêteurs du BEA ont identifié une série de défaillances des pilotes d’Air France. »
Enquête sur le crash du vol Rio Paris
2011 - 04:03 - vidéo
Le journaliste résume alors de nouveau les événements : « Après 3h30 de vol, l’avion traverse un nuage de grêle, les sondes Pitot, donnant la vitesse, givrent, le pilote automatique se débranche, les alarmes de décrochage se retentissent. C’est le second copilote, le moins chevronné qui prend la main, il pousse les moteurs à fond et d’une façon inexplicable, aggrave la situation en cabrant l’avion au lieu d’entamer un piqué. »
Les responsabilités d’Airbus et Air France
Les pilotes n’auraient pas compris que l’avion décrochait. Dans cette archive, un des enquêteurs, Jean-Paul Troadec, précisait que cela ne voulait pas dire que c'était « l’erreur ou la faute du pilote. Ça veut dire que l’action qui a été réalisée n’était pas celle qui était prévue pour rattraper la situation. » Il concluait : « maintenant nous avons le comment, nous n’avons pas le pourquoi. » Le reportage évoquait ainsi un manque de formation des employés d’Air France sur la gestion des décrochages : « C’est à Airbus qu'incombe la responsabilité des systèmes comme les sondes, à Air France la formation des équipages. »
En cause, notamment, une promesse d’Airbus, comme Jean-Louis Barder, alors représentant du syndicat national des pilotes l’expliquait : « le constructeur Airbus à cette époque-là prétendait que son avion ne pouvait pas décrocher et donc préconisait que les équipages ne soient pas entraînés à la sortie du décrochage. Donc les pilotes, finalement, ont réagi avec ce qu’ils avaient à leur disposition. »
Dans cette archive comme lors du procès qui a eu lieu, les proches des victimes ont alerté : « les pilotes ne sont pas les seuls responsables de la catastrophe. » La juste a finalement tranché.