L'ancien maire de Marseille entre 1995 et 2020 Jean-Claude Gaudin, jugé depuis lundi 21 mars pour « détournement de fonds publics par négligence » dans l'affaire des heures supplémentaires à la mairie de la ville, a été condamné ce mardi 22 mars à six mois de prison avec sursis. Il avait plaidé coupable. A cette occasion, nous republions le sujet réalisé à l'occasion des élections municipales de juin 2020 qui revenait sur sa longue carrière à la tête de la cité phocéenne.
La droite décroche Marseille
Membre du conseil municipal depuis 1965, Jean-Claude Gaudin est élu maire en 1995, après deux échecs en 83 et 89. Voilà que la droite décroche Marseille, deuxième ville de France, un mois après l’élection de Jacques Chirac à la présidence de la République. Jean-Claude Gaudin est dans les petits papiers du gouvernement, il est nommé ministre de la Ville en novembre 95, et fait de sa commune le marqueur de sa politique.
Premier projet pour entamer la mutation urbaine de Marseille, Euroméditerranée, présenté en 1995. Il se veut le cousin marseillais de la Défense à Paris, avec des bureaux, des logements et des commerces. Au total, des centaines de millions d’euros d’investissement et l’ambition de créer 37 000 emplois.
Jean-Claude Gaudin est Marseillais, il aime Marseille, il supporte l’OM... Mais monsieur le maire passe aussi du temps à Paris, occupé par son mandat de ministre jusqu’en 1997, puis de sénateur. Trop de distance selon ses détracteurs, critique balayée d’un revers par l’intéressé, en 1998 : « Vous savez, la politique et mes mandats, ça représente 95 % de ma vie. C’est ma vocation, j’ai souhaité tout jeune me mette au service de mes concitoyens et je suis heureux comme ça. »
En 2001, alors qu’il est candidat à sa succession, 71 % des Marseillais se disent satisfaits de leur maire. Son ambition désormais, faire de Marseille la capitale euro-méditerranéenne, en développant les transports et la culture.
Réélu en 2001, en 2008 et en 2014, Jean-Claude Gaudin a transformé le visage de Marseille, en tout cas une partie, comme le vieux port piétonnisé et le Mucem. La ville attire peu à peu entrepreneurs, touristes et nouveaux habitants.
Revers de la médaille
Mais il y a aussi le revers de la médaille : l’endettement croissant de la ville, la fracture entre quartiers nord et le sud, un chômage supérieur à la moyenne nationale... Et ces dernières années, l’insalubrité de certaines écoles et certains quartiers, l’effondrement de deux immeubles de la rue d’Aubagne en 2018.
Après quatre mandats, les élections municipales de juin 2020 signent la fin de l’ère Gaudin. Le maire a annoncé en 2017 qu’il ne se présenterait pas. A 80 ans, pour la première fois depuis des décennies, Jean-Claude Gaudin a glissé un autre bulletin que celui à son nom.
