En 2018, en première instance, Esteban Morillo, qui avait reconnu avoir donné deux coups mortels, et Samuel Dufour, impliqué dans la rixe sans frapper Clément Méric, avaient été condamnés à onze et sept ans de prison pour la mort de Clément Méric, survenue le 5 juin 2013 à Paris. Ce jour-là, une vente privée aux abords de la gare Saint-Lazare rassemblait par hasard des jeunes d'extrême gauche et d'extrême droite. Une rencontre qui tournait vite à la bagarre, et entraînait la mort de Clément Méric, jeune militant antifasciste de 18 ans et élève à Sciences Po Paris.
La rivalité entre les groupes d'extrême gauche et ceux d'extrême droite n'est pas nouvelle. En 1990, un reportage saisissant recueillait le témoignage de "redskins" en chasse dans le métro contre les "skins".
Ces "reskins", autrement dit "Peaux rouges" en anglais, sont une mouvance née dans les années 1980 en Angleterre, issue culturellement du monde punk et du rock alternatif. En France, les "redskins" se développent au milieu des années 1980, dans un pays marqué par la montée du Front national et les nombreuses crises identitaires qui fracturent la société. A la fin de la décennie, un petit groupe de ces "redskins" parcourt les rues de la capitale et le métro à la recherche de ces "skinheads", frères ennemis issus du même terreau rock contestaire, dont beaucoup se tournent vers l'action fasciste.
"On commence à chasser, et si jamais on rencontre des skins, on leur rentre dedans"
Le but de ces virées nocturnes est ouvertement d'en découdre physiquement, le discours est clair : "On est une bande de chasseurs, contre un mouvement que tout le monde connaît, parce qu'il y a une publicité infernale autour de ce mouvement, le mouvement "skinhead", et nous on supporte pas qu'il y ait de la xénophobie en France ou dans le monde, et on est contre le racisme en général, alors ici on est dans le métro, on commence à chasser, et si jamais on rencontre des Skins, on leur rentre dedans".
Un témoignage d'une réalité socio-culturelle déjà présente dans la France des années 1980, et ravivée aujourd'hui à l'occasion des combats de rue, durant les manifestations, entre "antifas" et "fas". Des événements qui tournent parfois au drame, comme ce fut le cas en 2013 lors du meurtre de Clément Méric.