L'ARCHIVE.
En 1979, un médecin français annonçait l'efficacité d'un traitement révolutionnaire pour lutter contre les symptômes allergiques : une thérapie aux œufs de caille. La journaliste Martine Allain Régnault se rendait en Charentes dans le cabinet du docteur Truffier, médecin généraliste. Une quinzaine d'années plus tôt, une éleveuse de poules allergiques aux plumes avait réussi à se soigner grâce à un régime aux œufs de caille. L'affaire était parvenue aux oreilles d'un médecin local qui décida de mener l'enquête.
Dans l'archive en tête d'article, le docteur Truffier racontait : « Un éleveur de cailles m'a dit que l'œuf de caille est bon pour l'asthme. Cela coïncidait avec une malade qui revenait avec un échec total de la désensibilisation. J'ai essayé, un point c'est tout. C'est un régime diététique qui aurait les vertus d'un médicament.» Mais il avertissait : «Je suis contre toute automédication à cause des dangers du traitement, surtout chez l'allergique. C'est un traitement qui doit être réservé au médecin car l'allergie à l'œuf peut être redoutable. »
Les qualités de ce traitement étaient confirmées par la maman d'un petit garçon, « allergique aux poils de chien, de lapin, à la poussière et aux plumes. J'ai fait une cure… et depuis c'est terminé, plus de bronchite, plus d'asthme, plus rien. » Le petit garçon, interrogé, expliquait manger cru les œufs de caille.
Le médecin restait cependant prudent : « Parlons de stabilisation, parlons de symptômes, ne parlons jamais de guérison avec cet œuf. » Il déplorait qu'il fut difficile pour un généraliste de faire reconnaître ses découvertes auprès des allergologues. « Je me suis battu depuis onze ans pour que des gens plus compétents que moi prenne cette affaire en main. Il manque une expérimentation animale que je réclame à cor et à cri depuis des années et qui enfin parait définitivement enclenchée. »
À l'époque en effet, un laboratoire venait de débuter des expérimentations sur « des rats rendus délibérément allergiques et gavés d'œufs de caille crus. » Le but était de voir s'il s'agissait d'un effet placebo ou d'un effet avéré qui pouvait exister dans le blanc ou le jaune de ces œufs de caille... l'étude n'était pas encore terminée.
Que dit la science ?
Parallèlement, entre 1975 et 1978, le scientifique Gérard Lucotte, Docteur en génétique et spécialiste des cailles, publiait un ouvrage sur les vertus du blanc d'oeuf de la caille japonaise contre l'asthme : Oeuf de caille-principe actif découvert. Il estimait que ses travaux fondamentaux étaient suffisamment avancés pour proposer une forme galénique plus acceptable que les cures d’œufs crus.
En 1995, une équipe scientifique franco-belge menée par le docteur Bruttmann, allergologue expert auprès du ministère de la santé française, réalisait une étude clinique en double aveugle auprès de 33 allergologues, étude qui confirmait les résultats surprenants observés par le Dr. Truffier...