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1972, l'affaire de Bruay-en-Artois

1972, l'affaire de Bruay-en-Artois

Le 6 avril 1972, Brigitte Dewèvre, une adolescente de 15 ans, est retrouvée assassinée sur un terrain vague à Bruay-en-Artois, dans le Pas-de-Calais. Très vite, Pierre Leroy, le notaire du village, est accusé. C'est le début d'une des enquêtes les plus retentissantes du 20ème siècle.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 03.04.2018 - Mis à jour le 03.04.2018
 
Le 6 avril 1972, la France va connaitre l’une des plus importantes affaires criminelles du 20ème siècle : l’Affaire Bruay-en-Artois. Brigitte Dewèvre, une adolescente, est assassinée. L’enquête, pourtant jamais résolue, a vu de multiples rebondissements.

Le 6 avril 1972, Brigitte Dewèvre, fille de mineur âgée de 15 ans, est retrouvée assassinée sur un terrain vague à Bruay-en-Artois, dans le Pas-de-Calais. Personne n’a rien vu. Personne n’a rien entendu. Pourtant, la veille, la victime a été aperçue en conversation avec un inconnu.

Très vite, la nouvelle se répand. Dans cette petite ville de 25 000 habitants, les classes ouvrières et aristocrates s’affrontent. Le notaire de la ville Pierre Leroy est accusé du meurtre. Sa voiture a été vue à proximité du crime.

Brigitte Dewèvre

"Parce que c'est un homme bien, ce ne serait pas lui ?"

                                                            Marie-Thérèse Dewèvre, la mère de la victime

Sans aucune preuve, Pierre Leroy est condamné d’avance par la population car il est le symbole d’une classe bourgeoise. Marie-Thérèse Dewèvre, la mère de la victime, en est formelle. Le coupable est Pierre Leroy : "Et pourquoi ça ne serait pas lui ? Si c’est lui, c’est lui. Et puis c’est tout."

L’emploi du temps du suspect est flou. Mais les indices sont trop peu nombreux. Malgré tout, Pierre Leroy est incarcéré le 13 avril. Jean Vaast, son avocat, reste cependant confiant quant à la suite des événements : "Son emploi du temps est difficile à retracer. Mais il n’y a pour le moment aucun indice l’accusant."

Le juge Henri Pascal se saisit de l’affaire. Surnommé le petit juge, il ne parvient pas à trouver de preuves. Quand un journaliste lui demande s’il manque d'indices, Henri Pascal répond que "les journalistes aimeraient lui faire dire des choses".
L’affaire est très médiatisée. La télévision est le média qui monte et les premières interviews en direct voient le jour. Les articles sont alors à la surenchère entre les quotidiens Nord Matin et La Voix du Nord.

Cependant, quelques semaines plus tard, la cour d’appel d’Amiens désavoue le juge Henri Pascal. Pierre Leroy est relâché après trois mois d’incarcération. Face à la ténacité de l’avocat Jean Vaast, la population dénonce une justice de classe.

Le 20 juillet 1972, le notaire Pierre Leroy est libre. Le juge Henri Pascal est dessaisi. Activement soutenu par la presse d’extrême gauche, il militera ensuite pour une justice à ciel ouvert. Il témoigne : "J’ai bien compris que tous les moyens les plus inaccoutumés seraient utilisés pour que le notaire soit blanchi."

De nombreux habitants de Bruay-en-Artois sont en colère. Ils considèrent que Pierre Leroy a été libéré du fait de son statut social élevé.

Le 18 avril 1973, près d’un an après les faits, l’affaire connait un rebondissement. Jean-Pierre Flahaut, un orphelin de 17 ans, s’accuse du meurtre. Ancien camarade de Brigitte, il prétend détenir les lunettes de la victime. La police les retrouvera bien chez le domicile du suspect.

Mais Jean-Pierre Flahaut se rétracte partiellement. Il sera relaxé au bénéfice du doute le 25 février 1976. L’affaire de Bruay-en-Artois tourne encore une fois au fiasco.

Le ou les coupables ne seront jamais identifiés. L’affaire est classée sans suite en 1981 puis prescrite en 2005.


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