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Le lancement du nucléaire civil en France en 1974

Le lancement du nucléaire civil en France en 1974

L'Autorité de sûreté nucléaire a autorisé la prolongation des plus vieux réacteurs nucléaires français de 40 à 50 ans. En 1974, la France, entièrement tributaire de l’or noir au niveau énergétique décidait de se doter d’une industrie nucléaire civile. Retour sur ce choix du tout nucléaire.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 27.02.2014 - Mis à jour le 26.02.2021
Le pari nucléaire - 1974 - 03:09 - vidéo
 

Le choc pétrolier qui suit la guerre du Kippour d’octobre 1973 change la donne, il met en évidence la dépendance énergétique de la France à l’égard des pays producteurs de pétrole, c'est ce qu'expliquait Pierre Messmer à propos de la crise pétrolière en novembre 1973 

Fin 73, le gouvernement lance une grande politique énergétique basée sur trois axes : les économies d’énergies, la question des transports et l’indépendance énergétique. Le coût total de ce plan : 13 milliards de Francs.

Le pari est d’importance : assurer l’approvisionnement national par un programme nucléaire à grande échelle. Pierre Messmer, le nouveau chef du gouvernement présente ce projet en mars 1974.

Treize centrales nucléaires doivent être construites dans les deux années qui suivent et achevées au début des années 80. Braud-Saint Louis est la première du plan à sortir de terre.

Braud Saint Louis, juin 1974

Une usine de retraitement de l’Uranium dont la France gère 10% des gisements mondiaux est également lancée : Eurodif  

 Eurodiff, usine pour le retraitement de l’uranium, novembre 1973 

On compte aussi sur la technique des supers générateurs qui théoriquement résoudraient tous les problèmes de rendements et d’approvisionnement.

Le surgénérateur Phénix de Marcoule
1977 - 01:26 - vidéo

Super-générateur de Marcoule, 1977

L'opposition s'organise

Le débat s’installe immédiatement : la nécessité du développement énergétique et industriel s’oppose au spectre de l’atome. En juin 1977, Valéry Giscard d'Estaing se rend à Pierrelatte pour rappeler pourquoi le pays fait ce choix du tout nucléaire. Son slogan « indépendance, sécurité et responsabilité ». Il répond également à la demande de François Mitterrand de consulter le peuple par référendum et minimise le « danger relatif » de cette technique nouvelle.

Valéry Giscard d'Estaing à Pierrelatte
1977 - 06:15 - vidéo

Valéry Giscard d'Estaing à Pierrelatte, 1977

Les mécontents se recrutent dans les territoires ruraux choisis pour l’implantation des centrales et chez les agriculteurs spoliés de leurs terres.

Centrale de Port la Nouvelle
1974 - 04:33 - vidéo

La population s’interroge à Port la Nouvelle, 1974

A Fessenheim, les opposants envisagent des formes d’actions non violentes contre la démence du programme nucléaire

Manifestation antinucléaire à Fessenheim
1975 - 03:15 - vidéo

Fessenheim, mai 1975

Des comités anti-nucléaires s’organisent et manifestent leur désaccord.

Braud et Saint Louis en Gironde
1975 - 00:37 - vidéo

Manifestation de Braud, mai 1975

En 1977, les opposants se regroupent à Creys-Malville, les débordements font une victime.

Les manifestations de Creys Malville
1977 - 01:37 - vidéo

Heurts de Creys-Malville, 1977

Cette levée de boucliers n’infléchit pas pour autant le discours officiel : l’atome est le sésame de l’indépendance énergétique française, les retombées économiques seront bénéfiques localement, enfin, les emplois seront pérennes. Jacques Monod, délégué à l'aménagement du territoire, s’y engage en mars 1975, en visitant les sites de Tricastin et de Pierrelatte.  

Jacques Monod, 1975

En 1979, la centrale Bugey est opérationnelle, un Français sur dix s’éclaire et se chauffe grâce à Bugey. Plus rien n’arrêtera le développement des centrales nucléaires en France.

Bugey mise en service, décembre 1979

Pour aller plus loin

La France nucléaire avant 1974

Les débuts de l'ère atomique. La peur d’une pénurie de pétrole relance la course à l’atome timidement engagée au début des années 50 par le Général de Gaulle : création du centre de retraitement du plutonium de Marcoule, du Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) à Saclay, construction de six centrales (sites du Buget, de Saint Laurent et de Chinon).

En 1958, le général de Gaulle découvre les installations de Marcoule et s’extasie devant la pile G2.

« Avoine EDF1 », près de Chinon, est la première centrale à sortir de terre et à prendre le relais des usines hydroélectriques.

En 1966, le petit bourg de Pierrelatte se transforme en une ville de 20 000 habitants, dynamisée par le premier centre d’Europe de séparation des isotopes de l’uranium. Elle fournira de l’uranium 235 presque pur. Georges Pompidou visite les installations de Cadarrache en 1966.

L’état du nucléaire en 1973Étonnamment, l’atome devient un concurrent potentiel du pétrole et fait chuter ses prix de moitié. Le nucléaire moins compétitif est mis de côté pour quelques temps.

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Le nucléaire en France, une menace ? avec 58 réacteurs répartis sur 19 sites, le parc nucléaire français est le deuxième au monde. Il fournit environ 75% de l'électricité du pays. Mais ces installations vieillissent et il n'est pas rare que des incidents ou fissures se déclarent. Retour sur les installations nucléaires françaises.

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France: souvenir de Tchernobyl

La centrale de Fessenheim 

Les essais nucléaires en Polynésie, entre le 13 Juin 1995 et le 25 mars 1996. La France reprit des essais nucléaires en Polynésie, dans l'Atoll de Mururoa. Retour sur cette période qui suscita une violente polémique internationale et de nombreux heurts sur place.

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