L'entreprise française Carmat, créée en 2008, a vendu un exemplaire de son coeur artificiel total. Commercialisé sous la marque Aeson, il a été implanté sur un patient italien à Naples afin de servir de relais dans l'attente d'une greffe. Une nouvelle étape pour Carmat, après l'annonce le 15 juillet de la première implantation humaine de son cœur artificiel aux États-Unis, dans le cadre d'une étude clinique réalisée au Duke University Hospital de Durham Carmat.
L'odyssée du coeur artificiel
Le cœur est un muscle indispensable à la vie. En parallèle des greffes cardiaques réalisées à partir de 1967, les médecins se sont mis à rêver de remplacer le cœur par une machine miniaturisée, entièrement artificielle. Cette prothèse permettrait de supprimer les risques de rejet et offrirait à des millions de déficients cardiaques une espérance de vie allongée de manière significative.
Le premier à se lancer dans l'aventure, le 4 avril 1969, c'est le professeur Dento Cooley. Il réalise la première implantation d'un cœur artificiel au Texas Heart Institute de Houston. Dans cette vidéo, le journaliste Pierre Bourget fait le point sur cette première scientifique et montre quelques images de l'opération.
Dans sa conférence de presse, le Docteur Cooley répond à la question cruciale que se pose tous les observateurs : "Combien de temps comptez-vous laisser le coeur dans le corps et combien de temps peut il rester en fonctionnement ?" Le médecin envisage alors une simple pause temporaire, juste assez de temps pour trouver un transplant au receveur : "Nous sommes là pour sauver la vie de cet homme". Il espère alors l'y laisser d'une semaine à dix jours mais pense que l'appareil pourrait fonctionner un mois. Finalement, le patient, Haskell Karp, ne survivra que trois jours à cette greffe. A partir de cette première tentative, d'autres équipes vont faire progresser la technique et le matériel. Voici quelques dates.
De battre mon coeur...
2 décembre 1982. Première tentative de greffe de cœur artificiel. Les problèmes d'énergie et d'autonomie
1983. Mise en place d'un comité d'éthique. Images du premier greffé Barney Clark qui survécut quatre mois
17 février 1985. Aux États-Unis, nouvelle greffe d'un cœur de plastique et de métal. Deux hommes dans le monde survivent avec un cœur artificiel
Le premier cœur artificiel français
14 février 1986. Le professeur Carpentier pose le premier cœur artificiel français sur un patient
18 février 1986. Le professeur présente la prothèse et explique son fonctionnement
19 février 1986. Premières images du greffé
Les différentes techniques de greffes possibles
La course à l'autonomie
1993. Un athlète culturiste victime d'un incident cardiaque reçoit un cœur portable qui lui permet de déambuler en attendant une greffe d'organe
2000. Première greffe d'un cœur artificiel définitif en titane. Détail du procédé révolutionnaire : un simple chargeur de batterie suffit à le charger à travers la peau
2001. Aux USA, Robert Tools reçoit le premier cœur autonome de 900 grammes composé de deux pompes. Le mécanisme de contrôle est placé dans l'abdomen du patient
2005. À Caen, une équipe pose une nouvelle forme de mécanique, le Jarvik 2000. Cette pompe est petite et facile à implanter mais coûte cher (90 000 euros)
La bio-prothèse Carmat
2011. Après quinze ans de recherche, le nouveau cœur artificiel 100% français est prêt. Une fois de plus, le professeur Carpentier s'apprête à sauver la vie de malades mourants
2013. Au bout de deux ans de tests en laboratoire, l'opération tant attendue a lieu sur un patient de 75 ans à l'hôpital Georges pompidou de Paris. Le professeur Alain Carpentier présente sa bio-prothèse de 900 grammes, capable de pulser le sang. L'objectif est de remplacer à terme la greffe cardiaque
2014. Mort du premier greffé après 75 jours de survie
2015. Un deuxième patient reçoit le cœur autonome fabriqué par Carmat. Après cinq mois, il vit toujours mais décédera finalement en mai 2015.
Pour aller plus loin :
Playlist sur le coeur artificiel Carmat
Plus d'émissions sur les greffes de cœur
Le coeur artificiel de 1986 du professeur Carpentier
Florence Dartois