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1979, Polanski et son goût pour « les jeunes filles »

1979, Polanski et son goût pour « les jeunes filles »

Roman Polanski est accusé de viol, alors que sort son film « J’accuse ». Un air de déjà-vu. En 1979, lors de la sortie de « Tess », le cinéaste était poursuivi pour des faits similaires aux Etats-Unis. Réfugié en France, il défendait devant la caméra le droit d’avoir des relations sexuelles avec des adolescentes de 14 ans.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 13.11.2019 - Mis à jour le 13.11.2019
Polanski et les "jeunes femmes" - 1979 - 07:46 - vidéo
 

1977. Une adolescente de 14 ans, Samantha Gailey, accuse Roman Polanski de viol. Jugé, il passe 42 jours en prison. Le cinéaste va finalement s'enfuir des Etats-Unis en janvier 1978, redoutant d'être plus lourdement condamné, malgré un accord passé à l'amiable. L'année suivante, en octobre 1979, le réalisateur est en pleine promotion pour la sortie de son film Tess. Reçu sur le plateau de l'émission Question de Temps de Jean-Pierre Elkabbach, il revient sur cette affaire. Il nie le viol mais reconnaît la relation sexuelle. Et assume ouvertement son goût pour des adolescentes.

Jean-Pierre Elkabbach aborde cette question : « Pour vous, les ennuis ne sont pas terminés à Hollywood ? Vous avez été arrêté il y a deux ans pour vos relations avec une gamine de 14 ans, qui elle, n'avait pas l'innocence de Tess et il paraît que vous risquez cinquante ans de prison. Alors où en êtes-vous? »

Roman Polanski : « J'ai risqué trois ans. J'ai été en prison. Vous oubliez que j'ai été en prison… le temps qui, apparemment, il fallait y être. C'est en sortant que j'ai appris que le juge, qui est devenu vedette grâce à cette affaire, ne voulait pas en terminer. […] C'est pour ça que j'ai quitté les Etats-Unis. »

Le cinéaste souligne que le juge a été dessaisi de cette affaire et que s'il rentrait aux Etats-Unis, ce serait « un autre juge que s'occuperait de ce cas ».

Le réalisateur évoque ensuite le souvenir de son emprisonnement : « je risquais ma vie chaque instant, justement parce que mon nom était connu. Le système pénitentiaire est entièrement mené par des gangs […] et pour appartenir à un gang, faut se montrer, faut faire quelque chose, et la publicité la plus facile, c'est de tuer quelqu'un qui est connu. […] Si il y a quelqu'un qui a un nom, qui est dans la presse, il est immédiatement la proie de la prison".

Roman Polanski raconte ensuite que pendant « les cent jours »de son incarcération [c'est le chiffe qu'il donne à l'époque], il a été placé dans une section spéciale de protection, à l'isolement et qu'il savait qu'il ne resterait que 90 jours au maximum, conformément au système américain: « Le juge vous condamne à une certaine peine mais la durée est déterminée par le système pénitentiaire […] mais j'ai compris au bout d'une semaine que les autorités de prison ne voulaient pas que je reste. Je n'appartenais pas à ça. J'étais avec des types qui avaient tué seize personnes vous savez […] elles voulaient se débarrasser de moi le plus vite possible. »

Jean-Pierre Elkabbach s'étonne ensuite qu'il se soit enfuit si facilement des Etats-Unis et lui demande s'il retournera aux Etats-Unis un jour. Ce à quoi il répond : « J'y retournerai car je veux en finir quand même avec cette affaire. Mais je voulais partir parce que je ne croyais pas à ce moment-là que la justice pourrait être faite. Je croyais que j'étais plutôt la victime d'un certain jeu que menait le juge qui était disqualifié.» Il reconfirme qu'il retournera là-bas «lorsqu'il y aura une autre atmosphère et que les gens verront cette affaire dans une autre lumière plus ou moins réaliste» (Polanski n’est finalement jamais retourné aux Etats-Unis, la justice américaine refusant de clore l’affaire).

« J'étais toujours entouré de jeunes filles »

Jean-Pierre Elkabbach rappelle la teneur de l'affaire : « Une relation un peu personnelle avec une fille de 14 ans.» Il évoque la «préférence pour les petites filles » du réalisateur.

Roman Polanski, avec une moue amusée, rectifie : « Une préférence pour les jeunes filles disons, ou jeunes femmes, ça sonne mieux en français. Je ne l'ai jamais caché, j'étais toujours entouré de jeunes filles.» Il poursuit : « Il ne faut pas oublier : quiconque qui a une relation sexuelle avec une personne en-dessous de 18 ans est, aux Etats-Unis, un criminel. Donc, il faut plus ou moins assumer que la plupart de la population est en train de commettre le crime plusieurs fois par jour. C'est la loi des Etats-Unis et suivant cette loi, je suis responsable. »

Jean-Pierre Elkabbach souligne également que d'autres artistes comme Chaplin ou Errol Flynn ont vécu la même expérience. Le cinéaste s'interroge sur l'acharnement auquel il a fait face dans ce cas : « Je ne suis pas la seule personne avec qui cette personne avait des relations sexuelles. Elle a témoigné devant le grand jury avant que je sois inculpé et comme vous le savez, personne d'autre n'a été poursuivi. »

Pour conclure l'entretien, il explique qu'il va prendre soin de rester dans des pays qui ne peuvent pas l'extrader vers les Etats-Unis et dans lesquels « la relation sexuelle avec une personne de 14 ans n'est pas un crime. » « Des pays comme ça existent», assure-t-il. En France, il déclare se sentir en liberté.

Les autres accusations de viol

Depuis cette affaire, d’autres femmes ont accusé Roman Polanski de viol. La dernière en date remonte au 9 novembre 2019. Une Française, Valentine Monnier, accuse Roman Polanski de l'avoir violée en 1975 en Suisse alors qu'elle avait 18 ans. 

En mai 2010, en plein festival de Cannes, l'actrice britannique Charlotte Lewis accuse le réalisateur d'avoir« abusé sexuellement » d'elle lors d'un casting organisé chez lui en 1983, alors qu'elle avait 16 ans.

Une seconde femme, non identifiée, l'accuse en août 2017 d'agression sexuelle lorsqu'elle avait 16 ans. Les faits qui auraient eu lieu en 1973 sont prescrits.

En septembre 2017, Renate Langer, une ancienne actrice, dépose une nouvelle plainte pour viol, affirmant avoir été agressée en 1972 à Gstaad alors qu'elle avait 15 ans. La justice suisse déclare ces accusations prescrites.

En octobre 2017, une artiste américaine, Marianne Barnard, accuse aussi le réalisateur de l'avoir agressée en 1975, alors qu'elle avait 10 ans.

Roman Polanski, par la voix de son avocat, a systématiquement nié les faits.

Pour aller plus loin : l'affaire de 2010 en vidéos

Des années après l'interview de 1979, en 2010, le cinéaste est rattrapé par la justice américaine pour cette affaire de mœurs datant de 1977. En 2009, il est arrêté en Suisse et est assigné à résidence dans son chalet à Gstaad.

19-20, édition nationale, France 3 : Roman Polanski est le grand absent de la promotion de son dernier film Ghost writer. L'acteur Pierce Brosnan déclare : "Je ne suis pas allé le voir mais je lui ai parlé il y a quatre semaines alors qu'il était assigné à résidence à Gstaad. Il voulait savoir ce que je pensais du film et je lui ai répondu que je l'ai beaucoup aimé. Il avait l'air bien dans sa tête, c'est un homme incroyable." (9 février 2010)

19-20 France 3 : Affaire Roman Polanski. Sur le site géré par son ami BHL ("la règle du jeu") il décide de s'exprimer et écrit "Je ne peux plus me taire" et dénonce une machination dont il serait la victime. Résumé de l’épisode judiciaire et interview de BHL et de son avocat maître Hervé Temine. (3 mai 2010)

20h00 de France 2 : Pétition de soutien à Roman Polanski initiée par Bernard Henri Lévy. Une pétition internationale initiée par Bernard Henri Lévy demande la mise en liberté du cinéaste franco-polonais. Le document est signé par Jean-Luc Godard, Agnès Varda, Martin Scorsese, Woody Allen, David Lynch... mais Michael Douglas, Gilles Jacob ou Sandrine Bonnaire refusent d'apposer leurs noms. (16 mai 2010) 

20h00 de France 2 : Déclaration de Roman Polanski après sa libération. Après sa libération, le cinéaste s’explique sur sa détention. Le réalisateur, Roman Polanski, est libre de ses mouvements depuis que la Suisse a rejeté la demande d'extradition américaine. Interview du réalisateur remerciant tous les gens qui l'on soutenu, sa femme et ses enfants sans qui il n'aurait pas pu garder sa "dignité et sa persévérance." C'est son fils qui a coupé le bracelet électronique pour lui rendre sa liberté. Il revient sur sa détention : "Pour le moment je suis heureux d'être libre." (17 juillet 2010)


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