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1939, l’exécution d'Eugène Weidmann

1939, l’exécution d'Eugène Weidmann

Le 17 juin 1939, le tueur en série Eugène Weidmann était exécuté à Versailles. Surnommé le "tueur au regard de velours", il est le dernier condamné à mort exécuté en place publique en France. L'acteur Christopher Lee, âgé de 17 ans à l'époque, était présent au moment des faits.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 13.06.2019 - Mis à jour le 04.08.2020
 
Le 17 juin 1939, le tueur en série Eugène Weidmann était exécuté à Versailles. Surnommé le "tueur au regard de velours", il est le dernier condamné à mort exécuté en place publique en France. L'acteur Christopher Lee, âgé de 17 ans à l'époque et présent au moment des faits, se souvient.

"J'ai tourné la tête et entendu la descente de la lame. André Obrecht s'est approché de la tête et l'a prise dans les mains. Quand j'ai regardé à nouveau, le panier était parti."

                                                                                                 Christopher Lee

C'est l'histoire d'une exécution retentissante. Celle d'Eugène Wiedmann en 1939. Elle est la dernière à avoir été commise en place publique en France. Ce tueur en série français, auteur de six assassinats avec son complice Roger Million, ciblait des personnes fortunés en 1937 lors de l'exposition universelle de Paris. Si l'argent semblait être la principale motivation des deux meurtriers, cette hypothèse n'a jamais été établie avec certitude. Alors qu'il vient d'assassiner sa dernière victime, Raymond Lesobre, un agent immobilier, il est finalement arrêté à la Celle-Saint-Cloud en décembre 1937. Son complice Roger Million voit sa peine commuée en prison à perpétuité par le président Albert Lebrun mais Eugène Weidmann est condamné à la perpétuité. 

Parmi la foule, venue en nombre assister à cet événement, il y a un jeune garçon qui connaîtra une carrière cinématographique exceptionnelle : Christopher Lee. En 1998, dans l'émission Mauvais genres diffusée sur France Culture, il revenait avec émotion sur ce moment, alors qu'il n'était âgé que de 17 ans à l'époque : "Tout à coup, je n'oublierai jamais. Naturellement, à ce moment de ma vie, j'ai beaucoup lu sur la Révolution française. Je savais ce qu'était la veuve rouge, la guillotine. [...] Je ne pouvais pas rester ici. A ce moment-là, les portes se sont ouvertes. Il sortit, chemise blanche, pantalon et je crois qu'il avait les pieds nus. Il avait les mains ligotés, la chemise déchirée. [...] Très vite, il y avait deux messieurs qui attendaient à côté de la machine. L'un deux était sans doute Jules-Henri Desfourneaux et l'autre André Obrecht. Tout était arrangé. Il y avait le panier, la bascule, les lunettes et la lame. C'était incroyable ! Et puis, heureusement, je n'ai pas vu. J'ai tourné la tête et entendu la descente de la lame. Obrecht s'est approché de la tête et l'a prise dans les mains. Quand j'ai regardé à nouveau, le panier était parti et ils étaient en train de démonter la machine. Quelle expérience ! Vous savez, j'ai les photos de tout ça. Quelle horreur !"

Christopher Lee en est sorti marqué. A l'époque, les exécutions se déroulaient en principe au lever du soleil. Ce jour-là, suite à une erreur, l'exécution a lieu en plein jour au milieu d'une foule compacte que la police a du mal à maîtriser. L’événement est même filmé. En 1981, un magistrat interviewé dans l'émission Sept sur Sept et présent également sur place, se souvenait de l'engouement populaire ce jour-là : "L’exécution avait eu lieu devant la porte de la prison en public. Vous savez que les exécutions, jusque-là, avaient toujours lieu en public. C'est une vieille tradition qui reposait sur l'idée de satisfaire l'opinion public en lui montrant que la peine avait été réellement exécutée. [...] Ce qui était affreux, c'était l’espèce de fête que cela représentait. Depuis plusieurs jours, sur la petite place, toutes les fenêtres étaient louées. Tous les cafés avaient ouvert. Une foule était aux fenêtres, avait festoyé toute la nuit et attendait le moment de l’exécution. Dans ce public, il y avait toutes les catégories sociales, des gens très simples aux gens fortunés. [...] Le lendemain, la presse avait signalé la façon dont ça s'était déroulé, le véritable scandale que représentait cette fête populaire autour du sang. Cela avait ému l'opinion. Très rapidement, le gouvernement de monsieur Daladier a décidé que ça serait la dernière fois qu'une exécution aurait lieu en public."

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Suite à cette "exécution spectacle", le gouvernement d'Edouard Daladier décide d'abolir les exécutions capitales publiques. Eugène Weidmann reste à ce jour le dernier homme à avoir été exécuté publiquement en France.

                                                                                                                                                                                                                                   Jérémie Gapin


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