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1848, l'esclavage est aboli en France

1848, l'esclavage est aboli en France

Le 10 mai est la «journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition» depuis 2006. C'est en effet le 10 mai 2001 que l'esclave et la traite négrière furent reconnus par le Parlement français comme un crime contre l'humanité. L'occasion de rappeler l'histoire de l'esclavage et de son abolition, le 27 avril 1848, dans les colonies françaises.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 25.04.2018 - Mis à jour le 10.05.2022
 

Au milieu du XVIIème siècle, la France entreprend la colonisation de territoires aux Amériques, comme la Guyane, et plus précisément aux Antilles, comme les îles de la Martinique, de la Guadeloupe ou encore de Saint-Domingue (actuelle Haïti). La France investit aussi l'océan Indien et colonise notamment l'Ile Bourbon (Réunion) et l'Ile de France (Maurice).

En 1674, Louis XIV incite les colons à développer la culture de la canne à sucre, beaucoup plus rentable que le tabac. A la suite des Portugais et des Espagnols, la France renonce alors à la main d'oeuvre européenne pour se tourner vers le « commerce » triangulaire avec les Antilles et l'Afrique : les Africains sont réduits en esclavage et enchaînés dans les cales de navires pour travailler dans les colonies de plantation des Antilles, d'Amérique et de l'océan Indien.

En mars 1685, le ministre Colbert prépare une ordonnance appelée à un avenir funeste : le Code noir. Ce texte, promulgué par Louis XIV, réglemente le sort des esclaves dans les colonies françaises et institutionnalise le régime esclavagiste jusqu’à son abolition, un peu moins de deux siècles plus tard.

Les statistiques de l'esclavagisme donnent le vertige. Près de 13 millions d'Africains seront déportés jusqu’au milieu du XIXème siècle dans des conditions atroces vers les Antilles et les Amériques. On estime au moins au double de ce chiffre les victimes de la traite esclavagiste.

Le 18ème siècle voit « l'apogée » de la traite négrière en France, mais c'est aussi un siècle de contestation vis-à-vis de cette pratique.

Au siècle des Lumières, des philosophes et intellectuels tels que Montesquieu, Condorcet ou l'Abbé Grégoire en dressent une critique violente. C'est ainsi qu'en 1788, la Société des Amis des Noirs est créée. Grâce à cette dernière, et sous la pression de l'insurrection des esclaves à Saint-Domingue, l'esclavage est aboli dans les colonies le 4 février 1794 par la Convention nationale. Cependant, la mesure ne sera appliquée qu’en Guadeloupe, en Guyane et à Saint-Domingue.

Au début du XIXème siècle, le Premier consul Bonaparte ne va pas arranger la situation. Il rétablit l'esclavage et la traite en mai 1802.

A nouveau théoriquement interdite en 1815, la traite esclavagiste se poursuit pourtant, les différents gouvernements fermant les yeux devant les pressions des colons et du lobby négrier, alors très puissant en France et très influent dans les cercles du pouvoir.

Le 4 mars 1831, sous la monarchie de Juillet, une loi renforce l'interdiction de la traite négrière au sein de l'empire colonial français.

Mais la véritable rupture, c'est en 1848. Suite aux journées révolutionnaires, le roi Louis-Philippe abdique et un gouvernement provisoire républicain se forme. En mars, Victor Schoelcher est nommé sous-secrétaire d'Etat chargé spécialement des colonies et des mesures relatives à l'abolition de l'esclavage. C'est l'homme qui va tout changer.

Il est l’artisan du décret portant abolition immédiate de l'esclavage dans les colonies. Le 27 avril 1848, l'esclavage est définitivement aboli en France.

Le 10 mai 2001, la traite négrière et l'esclavage sont reconnus par une loi du Parlement français comme un crime contre l'humanité, à l'initiative de la députée de Guyane Christiane Taubira. La date du 10 mai sera retenue à partir de 2006 comme journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

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