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«Pas besoin d'éducation sexuelle» : la chanson osée qui lança la carrière de Julie Bataille

«Pas besoin d'éducation sexuelle» : la chanson osée qui lança la carrière de Julie Bataille

À l'heure où Gabriel Attal souhaite développer l'éducation sexuelle à l'école, nous avons retrouvé un tube de 1975 assez critique. Ce titre explicite et porté par une adolescente de 16 ans remporta un joli succès auprès du public.

Par Florence Dartois - Publié le 24.01.2024
 

LE CONTEXTE.

Bien avant les annonces de Gabriel Attal sur l'éducation sexuelle à l'école, l'information sexuelle a débarqué dans les classes du secondaire au début des années 1970. Plus précisément en 1973 avec la circulaire Fontanet, du nom du ministre de l’Éducation de l'époque. Il s'agissait alors de quelques heures de cours en Sciences naturelles, essentiellement consacrées à la physiologie et à la procréation, accompagnées d'échanges facultatifs dits « d'éducation sexuelle ».

L'accès à l'éducation sexuelle n'allait pas de soi. Elle provoquait parfois un rejet comme en témoigne l'archive ci-dessous datée de 1972. Dans un café, des jeunes gens des deux sexes expliquaient pourquoi ils n'avaient pas besoin de cours d'éducation sexuelle. Des propos tranchés qui ont peut-être inspiré les paroles de la chanson proposée en tête d'article : Pas besoin d'éducation sexuelle.

« Il faut avoir sa propre expérience », « C’est fini, y’a plus de rêve », « O s’en est pas mal sorti depuis des milliers d’années », « Pour tout, on veut absolument nous embrigader... »

LA CHANSON.

« Aujourd'hui, c'est la mode : on se croit obligé

D'apprendre aux gens comment s'aimer.

On veut leur faire croire que l'amour

C'est compliqué...

Pas besoin d'éducation sexuelle,

Pour tomber amoureuse de toi. »

Pas besoin d'éducation sexuelle est une chanson très typique des années 1970. Si son propos peut étonner, c'est la jeunesse de son interprète qui peut également interpeller. Julie Bataille n'a que 16 ans quand sort son premier 45 tours dans lequel elle est présentée comme une femme soumise au désir de son amoureux.

« Sans jamais avoir ouvert un livre,

Je saurai t'aimer comme tu le veux !

Pas besoin d'éducation sexuelle,

Pour dormir, chaque nuit, dans tes bras.

Tu sais bien, que de toutes mes forces,

Je veux faire de toi un homme heureux »

Une posture orientée que l'on doit peut-être aux auteurs du titre. La musique est de Claude Carrère, notamment producteur de Sheila, Claude François ou Dalida. Et les paroles sont de Jim Larriaga, qui avait écrit pour de nombreux chanteurs en vogue à l'époque comme Cloclo (encore lui), mais aussi Carlos...

À l'époque, le visage de Julie Bataille, de son vrai nom Nelly Fabre, n'est pas inconnu. Elle a posé dans des magazines pour enfants dès l'âge de 5 ans. Elle devient Miss Podium (le magazine de Claude François) en 1973 à l'âge de 14 ans. En prenant des cours de chant, elle est remarquée par Claude Carrère qui la prend sous son aile et produit son premier disque.

L'ARCHIVE.

Nous la retrouvons donc, en tête d'article, dans l'émission de variétés « Système deux », présentée par Guy Lux et Sophie Darel. Nous sommes le 15 juin 1975. En arrière-plan, on aperçoit Julie et son grand sourire, en tenue (très courte) de majorette, effectuant des moulinets avec sa baguette...

Ci-dessous, une seconde version de ce tube qui se vendit à plus d'un million d'exemplaires !

La même année, Julie Bataille sortira un second 45 tours au titre tout aussi évocateur : Une petite minette. Là encore un succès avec des centaines de milliers d'exemplaires vendus.

Sa première interview

Grâce à ces deux tubes, l'adolescente fit les premières parties des concerts de Joe Dassin et Claude François. Fort de ce joli succès, en mars 1976, la jeune fille qui venait de souffler ses 17 ans, était interviewée par Michel Drucker dans l'émission « Les rendez-vous du dimanche ». Remarquez la manière dont la jeune femme est filmée au début de la séquence, la caméra remontant lentement le long de ses jambes nues...

Dans cette interview, l'animateur la met en garde contre le côté éphémère du succès. Il s'étonne ouvertement qu'elle ait abandonné ses études, avec l'aval de ses parents, pour se lancer dans la chanson. Loin d'être décontenancée, Julie Bataille fait preuve d’aplomb, en lui confiant avoir déjà écrit ses recommandations personnelles dans un fascicule et concluant avec philosophie : « C'est un métier très difficile, il ne faut pas désespérer. »

Julie Bataille n'a jamais quitté le monde du spectacle. Après ces premiers succès dans la chanson, elle a rejoint la télé. Entre 1982 et 1984, elle a été animatrice dans « Récré A2 » aux côtés de Dorothée, Jacky et Corbier ainsi que dans « L'Académie des 9 » avec Jean-Pierre Foucault et « Les Jeux de 20h ». Plus tard, on la retrouve également aux côtés de Jacques Martin dans « Si j'ai bonne mémoire », « Dimanche Martin », « Thé dansant » et « Ainsi font, font, font ».

Dans les années 1990, elle a prêté sa voix à de nombreuses pubs et rejoint l’équipe des imitateurs des « Guignols de l’info », assurant les voix de Christine Okrent, Isabelle Giordano et Ophélie Winter. Elle doubla aussi des voix dans quelques films américains. Depuis 2012, après son passage chez Patrick Sébastien dans « Les Années bonheur » sur France 2, Julie Bataille a repris les galas avec des imitations de Céline Dion, Axelle Red, Jane Birkin, Vanessa Paradis ou encore Maurane.

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