Aller au contenu principal
«La chance du grec, c’est de ne pas servir à quelque chose mais de servir à tout»

«La chance du grec, c’est de ne pas servir à quelque chose mais de servir à tout»

Plus d’un demi-million d’élèves de terminale générale et technologique planchent jusqu'au 13 mai sur leurs épreuves de spécialité du bac. Une première, issue de la réforme de 2019. Parmi ces matières, ils ne seront que 237 élèves à passer l'épreuve de grec ancien. Un temps considérée comme une matière fondamentale des humanités, cette langue est de plus en plus «morte» au sein des classes françaises. Qu'en pensait-on il y a près de 40 ans ? 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.05.2022
Pourquoi apprendre le grec au collège ? - 1980 - 02:03 - vidéo
 

C'est une langue qui a eu ses lettres de noblesse dans l'enseignement en France, notamment au sein de ce qu'on a appelé les «Humanités». Le grec ancien, que de nombreux intellectuels au XIXe et jusqu'à la première moitié du XXe siècle, ont ainsi étudié pendant leur parcours scolaire, leur conférant une forte culture classique, n'est aujourd'hui plus étudiée que par 237 élèves, selon Le Parisien. Ces rares locuteurs de la langue de Platon et Aristote planchent à partir de ce mardi 11 mai, et jusqu'au 13 mai, sur cette épreuve de spécialité.

L'occasion de publier cette archive, un court extrait issu de l'émission «TF4» sur TF1 diffusée le 24 avril 1980. On y voit des collégiens durant un cours de grec ancien. Les élèves sont-ils sincères quant à leur attrait et à leur affection pour cette langue, pas vraiment réputée facile ? A voir leur enthousiasme, on a en tout cas l'impression que le plaisir est là. Pour le premier garçon interviewé, on sent bien l'influence des parents et de la famille dans le choix de cette matière : « J’ai réfléchi et puis finalement j’ai choisi ça. Mon frère l’avait déjà fait, alors je me suis, dit ça doit être pas mal ! [Mon père en avait fait, ça lui avait plu, il disait que c’était plus instructif que les autres langues ! » Pour cette jeune fille, pour le grec ancien, c'était à l'école ou jamais ! « Je pense que [...] si on ne l’apprend pas au lycée, on ne peut pas l’apprendre plus tard, c’est aussi pour ça que j’ai choisi cette langue. » Et l'enthousiasme est même au rendez-vous pour ce garçon : « ça me passionne, on apprend des mots en français qu’on ne connaît pas », et lui servira sans doute pour ses futures études, puisque « plus tard, [j’ai] bien envie de faire des études d’histoire ». Pour cet autre garçon, qui se rêve « archéologue, [connaître] la civilisation grecque [c'est aussi connaître] l’influence qu’elle a pu avoir sur les autres civilisations, comme la civilisation romaine. »

Langue « pas utile à proprement parler », à l'instar du latin, selon le commentaire du reportage, le grec ancien est souvent remis en cause pour son manque d'utilité. Réponse à cette critique souvent émise, avec Madeleine Zaoui, professeure de lettres classiques en 4e et 3e : « La qualité du grec, c’est de ne pas avoir une utilité immédiate, dans une civilisation où on est de plus en plus des techniciens, et donc de plus en plus spécialisés. Je crois que la chance du grec, c’est justement de ne pas servir à quelque chose, vraiment, mais de servir à tout. C’est-à-dire d’être un instrument de culture. Et donc [à servir] dans toutes les circonstances de la vie, aussi bien à comprendre le monde, le nôtre, dont une partie vient de l’héritage grec, et de comprendre les autres. »

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.