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Entretien avec François Mitterrand

Entretien avec François Mitterrand

10.05.1994 - 01:04:42 - vidéo

Treize ans après sa première élection, le 10 mai 1981 et à un an de son départ, le président François Mitterrand s'exprime en direct de l'Elysée. L'entretien est diffusé sur TF1 et France 2 ; Patrick Poivre d'Arvor (pour TF1) et Paul Amar (pour France 2) lui posent les questions. - PPDA : Mandela, nouveau président de l'Afrique du Sud : François Mitterrand :" ...c'est un jour de grande joie...il a fallu le courage et l'intelligence de beaucoup de responsables et surtout de deux d'entre eux, Nelson Mandela et Frederik de Klerk, pour réussir une chose pratiquement insoupçonnable...". Le président se dit heureux de penser que c'était à l'Elysée que pour la première fois, Mandela et De Klerk se sont rencontrés à déjeuner. Il a ajouté qu'il y a aussi un petit espoir de paix au Proche Orient. - Paul Amar évoque la situation en Afrique du Nord en général et l'assassinat de deux religieux français dans la casbah d'Alger / François Mitterrand :" ...tous les français qui vivent dans ce pays ont été informés que nous désirions, le gouvernement et moi même, que pour sauver leur vie, ils rentrent en France.." - A propos de la situation politique algérienne : "...il est difficile à un français de s'exprimer sans prendre d'extrêmes précautions...le peuple algérien fera ce qu'il entend faire...on ne peut pas être démocrate ici et contester à un peuple là bas le choix de décider lui même de son destin (il fait allusion à la montée de l'islam et de l'integrisme musulman) - P. Amar et PPDA (à tour de rôle) évoquent le problème dela guerre en ex-Yougoslavie, la détention dee onze bnévoles français de "Première Urgence" (prisonniers des serbes) / François Mitterrand n'est pas favorable à l'usage de la force pour libérer les onze français :" ...ce ne serait pas la bonne méthode. On prendrait des risques énormes pour leur vie et je pense que la négociation reste possible...". Le président a réitéré l'idée française de "conference internationale" sous l'égide de l'ONU, réunissant les Etats Unis, la Russie et l'Union Européenne. En cas d'échec, la France ne pourrait plus risquer la vie de ses soldats pour rien et serait amenée, comme l'avait annoncé Alain JUPPE (ministre des Affaires étrangères), à retirer ses casques bleus. - PPDA évoque le déoupage ethnique demandé par les Serbes / François Mitterrand lui fait remarquer que ce découpage existe déjà sur le terrain, les lieux ne sont pas habités par les mêmes groupes, les musulmans étant plus concentrés dans les villes et que les négociateurs découpent sur le terrain les localités. - Paul Amar évoque la guerre civile au Rwanda et une éventuelle intervention des Nations Unies / François Mitterrand :" Au Rwanda, la situation n'est pas la même qu'en Irak, pas à cause du pétrole...là bas il y avait un dictateur (Saddam Hussein)...invasion du Koweit ... puissance voisine d'Israel...menace de guerre généralisée..au Rwanda la situation est differente bien que humainement tragique, nous n'avons pas à nous substituer aux Nations Unies. - P. Amar évoque la décision du président d'arrêter les essais nuclaires alors que Balladur avait exclu toute interdiction définitive des essais / François Mitterrand : "C'est ma décision....Clinton m'a demandé de prolonger le moratoire jusqu'en septembre 1995. J'ai accepté....c'est une prévision...au moment où on recherche à ne plus avoir de dissémination nucléaire, on ne peut pas dire en même temps on en fait (des essais) ... ce serait une décision difficile. Ca m'étonnerait qu'il le fasse. Il ne faut pas surarmér, faire en sorte que tous les autres pays s'arment et que le monde finisse par sauter ... c'est une force dissuasive...c'est un point de désaccord majeur avec le gouvernement (Balladur et Juppé)...en cas de conflit grave avec le Parlement ou le gouvernement ... sera au peuple de trancher (par referendum)" - PPDA et P. Amar interrogent le président sur l'Europe / François Mitterrand parle d'abord du referendum sur le traité de Maastricht (la France a dit OUI) ensuite il a assuré qur l'idée Européenne est très forte mais qu'il existait une propagande forte contre. il a ajouté :"....il faut que les Européens s'expliquent davantage...d'autres pays demandent à faire partie de l'Europe, je m'en rejouis..." - P. Amar à propos de Sillvio Berlusconi et la formation du gouvernement avec des ministres néofascistes / François Mitterrand : "Question embarrassante parce que le problème l'est..le peuple a decidé de donner des voix aux neofascistes...faire un travail de conseil...si ce nouveau parti devenait majoritaire il y aurait des problèmes...Berlusconi ne sera pas si mal avisé de mettre aux Affaires étrangères un néofasciste...je resterai discret dans mes commentaires...il faudra parler amicalement aux Italiens... - Paul Amar parle du populisme qui a porté Berlusconi au pouvoir et compare Berlusconi à Tapie / François Mitterrand :"...un est de droite et l'autre est de gauche" - Elections européennes / PPDA veut savoir si François Mitterrand votera pour Michel Rocard / François Mitterrand :" Vous vous croyez autorisé à poser cette question? Le vote est secret. Je suis européen et je suis socialiste, alors..ma ligne de conduite est très simple à tracer...je voterais pour une liste européenne qui sera socialiste ou pour une liste socialiste qui sera européenne, il n'y en a pas beaucoup" / PPDA :"Donc vous voterez pour Rocard ? / François Mitterrand :"En tout cas je ne voterais pas pour vous" puis en s'adressant à Paul Amar, il lui demande pour qui il votera / Paul Amar :" Je ne suis pas le président de la République" / François Mitterrand rigole en disant "seulement le président est obligé de répondre" - PPDA : "votre soutien à Tapie...?" / François Mitterrand :" Je ne me joins pas aux meutes. J'ai dit qu'il était très efficace en tant que patron sportif, et qu'il a été un bon ministre de la Ville. Quant aux affaires judiciaires, je ne les connais pas, je ne suis pas juge. C'est un homme qui a un dynamisme rare, et surtout, il a choisi le camp des forces de progrès. Je m'en réjouis. :"...et Rocard?" / François Mitterrand :" On appartenait à la même formation politique. Il est entré au Parti socialiste après l'avoir combattu, et c'est moi qui ai facilité, autorisé, son adhésion". - Amar et PPDA (chacun à son tour) : quelles consignes de vote pour les présidentielles : "Je n'ai pas encore réfléchi pour qui je voterai...au deuxième tour, mon devoir sera de dire mon sentiment. Mais c'est dans un an...Quant à l'homme qui pourrait me succéder, c'est encore en question...au sein du RPR et un peu partout...." - Paul Amar à propos du quinquennat / François Mitterrand : "Monsieur Giscard d'Estaing est pour le quinquennat...Pompidou avait fait un referendum...Giscard d'Estaing aurait pu le faire ... Moi, j'étais plutôt pour sept ans non renouvelables, et je suis un peu embarrassé aujourd'hui pour le dire..mais si mon successeur veut bien le faire, je crois qu'il aura raison...S'il y a une nette majorité dans les deux Assemblées et dans les groupes parlementaires sur le quinquennat, je ne m'y opposerai pas..." - PPDA (à propos de la cohabitation) : "depuis trois ans vous étes réduit au rôle de spectateur, la fin du socialisme, la défaite socialiste ...François Mitterrand rit et lui fait remarquer qu'il n'est pas spectateur, que le socialisme n'est pas fini mais qu'il s'agit d'un échec et qu'il espère bien prendre encore plusieurs initiatives dans l'année qui reste. - Paul Amar à propos du chomage et de la proposition de Philippe Seguin de faire un référendum pour l'emploi / François Mitterrand :"...ce referendum ne peut pas avoir lieu avant la réforme de la Constitution...mais il pourrait proposer quelque chose de plus concret...comme le Contrat Social (P. Amar lui fait remarquer que ce terme a été utilisé par Chirac /F. Mitterrand lui rétorque que Faure aussi l'utilisait)...temps de travail consacré à la formation...l'aide aux personnes agées...posés dans ces termes on peut comprendre l'utilité d'un referendum..." - PPDA :" En 198, il y avait 1 700 000 chomeurs, aujourd'hui, il y en a 3 700 000 / François Mitterrand :" ...si on devait faire le partage des responsabilités entre les différents gouvernements, on ferait un faux calcul...qui serait en faveur des socialistes...la crise vient des Etats unis...si la croissance revient le chômage connaîtra un frein. Mais il faudra beaucoup de croissance pour que le chômage disparaisse..." - P. Amar et PPDA à propos des raisons qui ont poussé François de Grossouvre à se suicider dans son bureau à l'Elysée / François Mitterrand :"...qui peut se sentir autorisé à interpreter la volonté d'un homme qui s'est donné la mort...il a quitté mon cabinet pour aller chez Dassault mais il a gardé une fonction ici et son bureau où il a décidé de disparaître..." - PPDA :" Vous allez quitter le pouvoir..." / P. Amar : "Quelle France laissez vous à votre successeur le 8 mai 1995 / François Mitterrand fait son Bilan : " Mon depart ne sera pas un arrachement...Je vais pas me plaindre...je suis comblé...tache passionnante...deux fois président de la République...j'aurais 78 ans et demi...je ne serais pas candidat...j'ai encore d'autres choses à faire ...(il se félicite d'avoir su garder la confiance de près d'un Français sur deux) ...J'ai fait ce que j'ai cru devoir faire...mais je vois ce qui aurait du être fait. Toute oeuvre artistique, esthétique, philosophique, pratique des choses, politique est inachevée...elle reste en dessous de l'espérance...si en regardant en arrière on a l'impression d'avoir parcouru quelques mètres...alors on pourra se dire avoir mené sa vie de manière honorable...". - Paul Amar : que laissez vous à la postérité ? ...souhaitez vous que votre nom soit attaché à un batiment (centre Georges Pompidou) ou un porte avions (porte avions Charles de Gaulle) ? François Mitterrand : "J'espère que ce ne sera pas une arme, ni un moyen de destruction...je suis très fier du Louvre...j'espère pouvoir être fier de la Grande Bibliothèque..je suis fier du tunnel sous la Manche mais je ne demande pas qu'on les appelle par mon nom...je ne demande rien du tout ... partir dans l'indifference, cela m'ennuierait...comme je suis sûr que baucoup se réjouiront, je ne serai pas fâché qu'il y en ait qui le regrette..." - Paul Amar à propos de la défaite socialiste / François Mitterrand cite le résultat d'un sondage et parle de son action :"...dans les domaines qui sont les miens...les Français approuvent ce qui a été fait. ..." - PPDA le questionne sur la 2ème cohabitation :"...mieux avec Balladur qu'avec Jacques Chirac / François Mitterrand :" ... avec Chirac ça n'était pas si mal que ça...ce parce que nous avons été candidats l'un contre l'autre...il y a eu des accrochages...le peuple français a choisi le parti conservateur pour gouverner la France en 86 et en 93.c'est peu probablequ'il y ait un autre premier ministre d'ici un an à moins de dissoudre l'Assemblée Nationale...j'ai designé des hommes capables...je n'approuve pas la politique de Balladur...annulation des acquis sociaux...tous les Français le savent, ça se passe loyalement...je ne passe pas mon temps à batailler..." - Paul Amar à propos de la candidature socialiste / François Mitterrand : "C'est aux socialistes de choisir leur candidat...ils semblent l'avoir déjà fait... je reste l'ami des socialistes, je reste socialiste mais j'ai passé la main...je ne dois pas offenser l'ensemble de l' opiniion. - Paul Amar : "Et la santé, Monsieur Mitterrand, ça va ?" :" Ca va et vous ça va? moi ça va".

Producteur / co-producteur France 2
Générique Participant : François Mitterrand Journalistes : Paul Amar, Patrick Poivre d'Arvor Présentateurs : Paul Amar, Patrick Poivre d'Arvor
Descripteur(s) accord, Afrique du Sud, Algérie, anniversaire, association, Balladur, Edouard, Berlusconi, Silvio, Bibliothèque de France, bilan, Bosnie Herzégovine, candidat, chef d'Etat, Chirac, Jacques, chômage, conférence au sommet, crise économique, crise politique, De Klerk, Frederik Willem, décès, démocratie, discours, élection, élection européenne, élection législative, élection présidentielle, emploi, énergie nucléaire, Etats Unis, expérience scientifique, explosion atomique, force d'intervention, Français à l'étranger, gouvernement, Grossouvre, François de, guerre civile, intervention étrangère, Interview, Italie, Maastricht, mandat politique, Mandela, Nelson, mer, meurtre, ministre, Mitterrand, François, musée, néofascisme, ONU, otage, Paris, petite phrase, politique intérieure, prisonnier, PS-France, ratification, référendum, religieux, résidence officielle, retraite, Rocard, Michel, Russie, Rwanda, santé
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