Il convient en effet de rappeler qu'avant la construction de ce grand ensemble, très vite décrié pour son architecture, son manque de mixité sociale et son enclavement, cette zone de Champigny-sur-Marne accueillait le plus grand bidonville d'Ile-de-France, peuplé dans les années 1960 en grande majorité de Portugais.
Lorsque ce reportage est réalisé en 1971, trois ans après la construction de la cité du Bois l'Abbé, il faut aussi avoir à l'esprit que de très nombreux logements anciens, et notamment dans la capitale, étaient vétustes et sans le moindre confort moderne.
Cette réalité du logement ancien au début des années 1970, ainsi que la très forte augmentation de la population française à cette époque due au baby boom et à l'immigration, explique que de nombreux habitants de ces cités aujourd'hui si décriées aient pu apprécier ce nouvel environnement urbain, offrant un confort moderne et des logements sains.
C'est tout le propos de cette habitante de Bois l'Abbé. Interrogée sur son sentiment à l'égard de son nouveau quartier, elle évoque son ancien logement parisien : « Là où j'habitais avant, il n'y avait pas de confort. J'habitais un sixième [étage] et il n'y avait pas de chauffage ni de salle de bain, et j'avais une pièce en moins quand même. [...] J'ai choisi ici parce que ça m'a plu, il y avait un grand balcon que je n'avais pas là bas, les pièces étaient plus grandes, il y avait la salle de bains. Tout ça c'est très important, surtout pour les enfants. »
Certes, son ancienne vie de Parisienne lui manque également : « J'aimais mieux Paris, je suis née là-bas, de parents parisiens [...] Mais ici [à Bois l'Abbé], c'était l'idéal, avec l'air [pur], surtout pour les enfants. Les enfants en ont beaucoup profité depuis qu'on s'est installés ici, beaucoup plus qu'à Paris où ils étaient renfermés, pâlots. Ici, ils sont bien. »