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Quand l'homme s'en remet au ciel pour faire... tomber la pluie

Quand l'homme s'en remet au ciel pour faire... tomber la pluie

Une procession est organisée le 7 mai à Draguignan (Var), en présence de l'évêque, pour «demander la pluie» dans une région fortement touchée par la sécheresse. Messes, rogations, prières... Autrefois, dans les campagnes, il était courant de demander à Dieu, ou à ses saints, de faire pleuvoir. Une tradition qui reprend vigueur dès que l'eau vient à manquer.

Par Florence Dartois - Publié le 13.03.2023 - Mis à jour le 05.05.2023
 

L'ACTU.

Dimanche 7 mai est organisée une procession dans à Draguignan dans le Var pour faire tomber la pluie. L'église reprend ainsi la tradition des rogations, qui consistent en des rituels (chants religieux, prières d'intercession, processions) pour favoriser la prospérité des moissons.

LES ARCHIVES.

L'archive en tête d'article date de juin 1976, une année de sécheresse exceptionnelle. En Normandie, une région habituellement verdoyante, les champs étaient désespérément secs et le bétail manquait de prés où pâturer. Face à cette situation, les évêques avaient autorisé les prêtres des paroisses à organiser des bénédictions dans les champs assoiffés. Les caméras de FR3 Caen s'étaient déplacées pour filmer la cérémonie pastorale. Pour ce curé, c'était une première. Au milieu d'un champ de blé, il implorait le seigneur : « Accorde-nous les pluies dont nous avons besoin, afin que rassurés des fruits de la terre, nous puissions mieux rechercher les biens d'éternité... ». La messe en plein air serait suivie d'une bénédiction des épis.

Cette cérémonie s'inscrivait selon le prêtre dans une longue tradition paysanne qui de tout temps avaient connu des processions et des rogations. « Les prières adressées à Dieu ne seront pas sans réponse », concluait-il avec optimisme. Du côté de ses ouailles, on était partagé. Un sceptique se déclarait perplexe au milieu de ses plans exsangues : « On peut prier, mais ça ne donne rien. Et là, j'ai des betteraves de faites, y’en n'a pas une de levées ! ». Plus loin, un paysan prudent mais pragmatique, confiait qu'il avait fait sa prière, bien que comme Saint-Thomas, il attendait de voir le résultat, « je ne sais pas ce qui va se produire ».

Vaut-il mieux s'adresser à Dieu où à ses saints pour obtenir la pluie ? Dans certaines régions, on a tranché. Pourquoi déranger Dieu si on dispose de saints patrons spécialisés et plutôt efficaces. Charge à eux de demander au Tout Puissant de faire pleuvoir.

Saint-Siméon, le dernier recours

Toujours en 1976, le petit village de Saint-Pierre-des-Nids (Mayenne), célébrait une messe pour faire tomber la pluie. Alors que la sécheresse privait les vaches de foin et les condamnait à une mort certaine, la population demandait l'aide de Saint-Siméon, le protecteur du bétail. En 1921, son intervention avait déjà sauvé le village de la soif. Pour cette nouvelle sécheresse, 2000 paroissiens s'étaient réunis pour prier et participer à une procession. Pour l'occasion, des villageois recevaient l'autorisation de baiser la statue du saint.

Après la messe, le curé expliquait que Dieu restait le seul maître et « seul juge », mais que Saint-Siméon pouvait intercéder auprès de lui. Un paysan philosophe déclarait que si la pluie ne tombait pas, ils subiraient ! « On a que ça à faire de toute façon, on ne peut pas faire autrement » ! Le commentaire concluait que pour les éleveurs de vaches, Saint-Siméon restait le seul espoir d'épargner leurs troupeaux.

Messe pour la pluie
1976 - 01:55 - vidéo

Saint-Partern, une valeur sûre

Le reportage à découvrir ci-dessous se déroule en Bretagne, à Vannes, le 6 octobre 1989. Cette année-là connaissait, elle aussi, une sécheresse exceptionnelle. La Bretagne était l’une des premières régions à souffrir du manque d'eau. Dans le diocèse de Vannes, nul n’ignorait les vertus « pluvieuses » de Saint-Patern. De mémoire de paysan, il « répondait toujours favorablement » aux suppliques des fidèles. La dernière invocation remontait à 1976, sécheresse historique. La paroisse était dépositaire des reliques du saint et le sujet de FR3 Rennes montrait des images de la messe qui s’était tenue quelques jours plus tôt, ainsi que des prières appelant le saint à « ne pas rester insensible à la détresse qui touchait les paroisses ».

L’abbé Moreuil, le prêtre de la paroisse, se souvenait qu'en 1976, la pluie était venue « la semaine suivant la prière ». Même succès en 1989, la pluie était tombée comme prévu, peu après la cérémonie, provoquant une certaine fierté chez le religieux au sourire entendu.

Le miracle de Saint-Roch

Plus récemment, en 2003, autre année de sécheresse exceptionnelle, c'était au tour des Limousins d'en appeler à un saint pour ramener l'eau salvatrice. Saint-Roch était « un faiseur de pluie » affirmait les anciens de Moutier d'Ahun (département de la Creuse). Le 16 août, 200 fidèles s'étaient rassemblés pour lui adresser leurs prières. Le curé de la paroisse de Saint-Partoux de Gueret, interrogé par FR3 Limousin, précisait que l’on priait Saint-Roch lorsqu'il manquait d’eau, mais également quand il pleuvait trop.

Saint-Roch avait bonne réputation. Aussitôt la cérémonie commencée, comme un miracle, les premières gouttes commençaient à tomber, obligeant les fidèles à communier sous leurs parapluies. « Saint-Roch a fait pleuvoir », déclarait un fidèle, ajoutant y croire plus qu'à « la météo ». Ou cette femme perplexe qui s'enthousiasmait : « je n'y croyais pas, mais finalement, c’est arrivé ! ».

La cérémonie se terminait dans la rivière qui traversait le village, où le saint était « conduit au milieu des eaux et la statue bénie avec le maigre flot de la rivière ». « Les fidèles n’ont plus qu’à attendre que le ciel exauce leur vœu. Nous avons prié, nous avons demandé la pluie, elle peut tomber maintenant. », concluait le curé sous un ciel orageux de bon augure.

Pèlerinage de Saint-Roch
2003 - 02:33 - vidéo

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