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Michel Ciment évoque Stanley Kubrick, le «dernier grand homme de spectacle du cinéma moderne»

Michel Ciment évoque Stanley Kubrick, le «dernier grand homme de spectacle du cinéma moderne»

Michel Ciment, critique et historien du cinéma, est mort à l'âge de 85 ans le 13 novembre 2023. Journaliste, écrivain, producteur de radio, Michel Ciment était le directeur de publication de la revue de cinéma « Positif », et participait depuis 1970 à l'émission de France Inter « Le Masque et la Plume ». Auteur de nombreuses monographies sur des cinéastes, il ne cachait pas son admiration pour Stanley Kubrick.

Par Florence Dartois - Publié le 14.11.2023 - Mis à jour le 14.11.2023
Portrait de Stanley Kubrick par Michel Ciment - 1980 - 03:07 - vidéo
 

L'ACTU.

Michel Ciment, critique et historien du cinéma, est mort à l'âge de 85 ans. Journaliste, écrivain, producteur de radio, Michel Ciment était le directeur de publication de la revue « Positif » un mensuel sur le cinéma qu'il avait rejoint en 1973. Il travaillait régulièrement pour France Culture où il avait produit l'émission « Projection privée » (1990-2016) et participait depuis 1970 à l'émission de France Inter « Le Masque et la Plume ». Sa dernière participation remonte au 24 septembre 2023.

L'ARCHIVE.

Michel Ciment était l'auteur de nombreuses monographies sur des cinéastes prestigieux comme Kazan par Kazan, Le Dossier Rosi, John Boorman un visionnaire en son temps ou encore Kubrick. Le critique de cinéma était reçu dans le journal de 13 heures de TF1 du 1er décembre 1980, à l'occasion de la sortie de son ouvrage sur Stanley Kubrick. Il évoquait la particularité de l’œuvre de ce cinéaste atypique. Une interview passionnante à découvrir dans l'archive en tête d'article.

À travers son livre, le critique de cinéma s'était attaché à lever le voile sur Stanley Kubrick, personnage secret, un auteur à part entière qui marquait de sa forte personnalité chaque film qu'il entreprenait. Il expliquait que cet ancien photographe n'était pas uniquement préoccupé d'esthétisme, mais que pour lui, chaque film était une œuvre d'art à part entière. Pour Michel Ciment, l'œuvre de Kubrick défiait le temps et les modes.

L'historien racontait notamment pourquoi Kubrick ne voulait jamais se répéter et se lançait dans une nouvelle aventure à chaque film, « car c'est un grand explorateur. Et ce qu'il adore, c'est l'exploration », insistait-il. Il ajoutait que c'était aux critiques de cinéma de décortiquer l’œuvre pour en extraire les thèmes récurrents du cinéaste. Ce qu'il avait fait dans son ouvrage. « Je crois que c'est très facile de voir que chez Kubrick, il y a par exemple un thème très, très fort, très marquant, qui est un thème immense qui concerne tout le monde, c'est le rapport entre notre vie intérieure, nos pulsions, notre violence cachée et d'autre part, la civilisation qui recouvre tout », soulignait-il.

Le « philosophe » du cinéma

L'historien du cinéma assurait que Stanley Kubrick n'avait cessé de progresser, pour passer de « bon » à « grand cinéaste ». Dans sa quête de perfection, le critique ne voyait aucune gratuité, mais une recherche permanente « du style, des décors et des mouvements d'appareil ». L'œuvre du cinéaste recelait aussi, selon Michel Ciment, un équilibre entre les préoccupations morales, philosophiques ou politiques, « une réflexion sur la société, sur l'individu ». Cette quête artistique, ajoutait-il, le cinéaste tentait de l'exprimer en essayant de trouver « le moyen le plus personnel, le plus beau aussi, le plus fascinant de l'exprimer par l'image ».

Michel Ciment ne cachait pas son admiration pour le réalisateur américain : « Je crois que Kubrick est à la fois un penseur et un homme de spectacle. Il partage ça avec Fellini. C'est le dernier grand homme de spectacle du cinéma moderne. C'est un barnum. Je veux dire qu'il aime le roulement de tambour. Il aime que les gens se pressent dans les salles, discutent, que ça les marque, que les images aient une signification multiple et que chacun ait une opinion différente de son film. »

De fait, chaque nouveau film de Stanley Kubrick était autant vénéré que détesté, ce qui était pour Michel Ciment la marque des grands artistes : « Je crois que c'est un homme qui dérange. Je crois que tous les grands artistes dérangent. Je crois qu'un film qui ferait l'unanimité, il n'a pas beaucoup de chances de durer. »

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