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Le malaise enseignant, une réalité depuis plus de 50 ans

Le malaise enseignant, une réalité depuis plus de 50 ans

Différents syndicats enseignants appellent à la grève le 1er février. Leurs revendications concernent une revalorisation de leurs salaires et une hausse des recrutements. Dans le viseur des enseignants également, leur ministre Amélie Oudéa-Castéra. Salaires trop bas, classes surchargées, manque de professeurs, violence et conditions de travail dégradées. Le malaise enseignant est une réalité depuis plus de 50 ans.

Par Camille Dauxert   - Publié le 01.09.2023 - Mis à jour le 01.02.2024
Le malaise enseignant depuis plus de 50 ans - 2023 - 02:44 - vidéo
 

L'ACTU.

Jeudi noir en vue dans l’Éducation nationale. Plusieurs syndicats enseignants appellent à la grève le 1er février. Leurs revendications concernent une revalorisation de leurs salaires et une hausse des recrutements. Dans le viseur des enseignants également, leur ministre Amélie Oudéa-Castéra dont certains syndicats réclament la démission. Salaires trop bas, classes surchargées, manque de professeurs, violence et conditions de travail dégradées. Le malaise enseignant est une réalité depuis plus de 50 ans.

LES ARCHIVES.

« Pour beaucoup de mes collègues, c’est le sentiment qu’ils ont, ils ou elles, d’être méprisés » ; « Vous êtes tout le temps en grève, vous ne foutez rien, vos élèves sont nuls, maintenant à croire que vraiment, on ne fout rien, c’est vrai que c’est assez déconsidérant » ; « J’adore ce métier, mais je crois que je vais tirer ma révérence sans regret ». Ces témoignages d’enseignants donnent le ton. Depuis plus de 50 ans, les profs sont à bout. Il y a la question des salaires trop bas. En 2023, selon le ministère de l’Éducation nationale, un professeur des écoles, de collège ou de lycée gagne près de 2.000 euros nets en début de carrière. Près de 3.000 au bout de 30 ans.

« Notre image, elle est à l’image de notre salaire, c’est-à-dire qu’elle s’est très dévalorisée », expliquait déjà un professeur des écoles en 1981. Il dénonçait aussi le manque de moyens : « Notre tâche consiste à préparer la société de demain, avec les enfants d’aujourd’hui mais avec souvent les moyens d’hier. »

Manque de reconnaissance

Préparer la société de demain avec les moyens d’hier. Tout est dit. Forcément, ça n’encourage pas les vocations. C’est le deuxième point, la crise des recrutements. Et ce sujet de 1992, un sujet d’anticipation, imagine même une France sans profs à la fin de la décennie. « En tout est pour tout dans cette salle d’examen, il n’y a que quatre candidats. En comptant tous les centres d’examens, on arrive péniblement à 58 candidats (…) Autant le dire directement, en France, aujourd’hui, il n’y a plus de profs. »

Pas assez de profs, c’est plus d’élèves dans chaque classe, plus de travail pour chaque professeur. Pour cette rentrée 2023 : plus de 3.000 postes sont non pourvus dans l’Éducation nationale. Des conditions de travail dégradées qui poussent certains professeurs au pire. En 1980, Huguette Charlot est retrouvée pendue chez elle, un suicide que ses collègues imputaient aux mauvaises conditions de travail. « Les conditions imposées comme maîtresse auxiliaire, ne lui ont pas permis de résister. Ce n’est pas la première fois qu’un de nos collègues en est réduit à mettre fin à ses jours », déplorait l’une d’entre elle. Huguette Charlot ou 40 ans plus tard Christine Renon. En 2019, cette directrice d’école se donnait la mort au sein même de son établissement. Épuisée par son travail.

Le malaise enseignant est donc bien une réalité depuis des décennies, alors qu’il devrait être le plus beau métier du monde.

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