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Le vote utile, un terme utilisé à chaque présidentielle

Le vote utile, un terme utilisé à chaque présidentielle

Le vote utile, une expression qui revient à chaque campagne présidentielle. Certains candidats sont pour, d’autres le dénoncent. Parfois, ils font les deux, à leur convenance. Voter utile, un argument utilisé par les prétendants à l’Elysée, et ce depuis l’élection présidentielle de 1969.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 29.03.2022
 

A chaque présidentielle, c’est un terme qui revient dans la bouche des candidats. Exemples, avec Valéry Giscard d'Estaing, le 25 avril 1981 : « Le vote utile, c’est de voter pour celui qui est en tête de la majorité. » Ou bien Robert Hue, le 25 mars 1995 : « Le vote utile, c’est le vote communiste ! »

Le vote utile. C’est quoi d’abord ? Selon le journaliste Gérard Courtois, interviewé à ce propos le 26 mars 2017, « le vote utile, ça consiste à voter pour le candidat de son camp qui est le mieux placé pour l’emporter plutôt que le candidat de son cœur et de ses convictions. »

Voter utile, c’est donc voter par raison. Et ce terme est apparu pour la première fois lors de l’élection présidentielle de 1969. A l’époque, la gauche est divisée. Le parti communiste appelle à voter pour son candidat, Jacques Duclos, le mieux placé pour aller au second tour. Mais ça ne plaît pas du tout à Michel Rocard, le candidat du parti socialiste unifié, qui s'interroge, le 27 mai 1969 : « Ce terme voter utile est des plus bizarrement utilisés de toute la campagne. On a l’impression qu’il ne sert qu’à renforcer ce qui est déjà construit et qui n’a besoin d’aucun renfort. »

1974, nouvelle élection présidentielle. A droite, on appelle à voter Valéry Giscard d’Estaing. Jean-Marie Le Pen, candidat du Front National, a peur de se faire siphonner des voix. Alors, lui, le vote utile, il est contre, comme il l'explique le 3 mai 1974 : « En toute hypothèse, Valéry Giscard d'Estaing ne sera pas élu président au premier tour. Que l’on vote pour Valéry Giscard d'Estaing ou pour Le Pen, ça n’apportera pas plus de voix à François Mitterrand, pas plus que ça en retirera. »

Dilemme

Par contre, en 1995, 21 ans plus tard, il change d’avis. Maintenant qu’il est mieux placé qu’un de ses rivaux, le vote utile, c’est lui ! Ainsi, il déclare le 18 avril 1995 : « Maintenant, il y a un élément important qui est le vote utile. Les électeurs doivent reporter leur voix sur le candidat le mieux placé, et je crois que je suis le candidat le mieux placé pour être au deuxième tour. »

Mais ce n’est qu’à partir de 2002 que l’expression émerge vraiment dans les campagnes présidentielles. A l’époque, la gauche et l’extrême-gauche cumulent 8 candidats. Les voix se dispersent. Catastrophe pour le PS, éliminé dès le premier tour. Lionel Jospin, Premier ministre et candidat battu déclare au soir du 21 avril 2002 : « J’assume la responsabilité de cet échec. Et j’en tire la conclusion en me retirant de la vie politique. »

2017, la question du vote utile s’invite une nouvelle fois dans le débat présidentiel. A gauche, on hésite. Plutôt Benoît Hamon ou Emmanuel Macron au premier tour ? Un électeur de gauche résume le dilemme, le 9 mars 2017 : « Autant les élections précédentes au premier tour, on votait selon ses convictions et au second, on votait utile. Là, dès le premier tour, on se pose bien la question »

En 2022, le vote utile s’est encore une fois immiscé dans la présidentielle, que ce soit à gauche comme à droite. Pour chaque candidat, c’est devenu un argument de campagne, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen.

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