L'ACTU.
Selon une étude publiée par le CNRS le 15 mai 2023, la population des oiseaux a décliné de 25% depuis 40 ans. 170 espèces ont été observées durant 37 ans, sur 20.000 sites de suivi écologique dans 28 pays européens. La conclusion de ce rapport explique que la principale cause de ce déclin, c'est l'agriculture intensive. Autre responsable pointé par les chercheurs : l'urbanisation. Aucune espèce d'oiseau n'échappe à cette disparition. Les moineaux, une espèce commune à la campagne et à la ville, n'échappe pas à ce constat. Selon l'étude, le moineau a vu sa population diminuer de 64% en Europe depuis les années 1980. Au total, le nombre d'oiseaux forestiers a diminué de 18%, 28% pour les oiseaux urbains et même 57% pour les oiseaux des milieux agricoles.
D'abord vénéré dans l'Antiquité, le moineau a ensuite été persécuté, car considéré comme nuisible. Aujourd'hui son espèce est protégée. Les milieux suburbains (banlieues des grandes villes) et dans les petites villes sont moins touchées par cette baisse des effectifs. Cette hécatombe s'explique, en premier lieu, par la diminution des sites de nidification (réhabilitation des bâtiments moins adaptés à la nidification, destruction des nids…). Il est aussi question, notamment à la campagne, de la raréfaction de la ressource alimentaire pour les jeunes, essentiellement nourris avec des insectes dont le nombre a considérablement chuté. Enfin, il y a également le manque de graines pour les oiseaux adultes (probablement lié aux changements d’habitats, à la pollution de l’air ou au changement climatique). La prédation par les rapaces et certains animaux domestiques (chats…) pourraient aussi expliquer la baisse des effectifs, ainsi que l’augmentation et/ou la vitesse du trafic routier causant une mortalité directe.
L'ARCHIVE.
On n'y prête peu attention, tant il est commun, mais le moineau est un oiseau intimement lié à l'homme. Le moineau domestique (Passer domesticus) est un volatile entièrement dépendant de l’Homme et de son habitat, tant au niveau de la campagne avec l’agriculture que dans les villes. Comme il ne trouve plus de nourriture dans les campagnes, il a migré vers les centres urbains. Ce reportage de 2015 dresse un état des lieux de la situation à l'époque.
Hervé Mouget, co-fondateur de la Ligue des oiseaux de l'Oise, soulignait cette proximité du petit volatile avec l'humain : « C'est ce qu'on appelle un commensal de l'homme, un peu comme la souris grise ou d'autres animaux comme ça qui mangent à la même table que l'homme. Il profite de ce que nous rejetons : les déchets, les morceaux de pain, les mangeoires aussi dans les jardins sont très appréciées des moineaux. Et puis le moineau, il niche dans les bâtiments, il niche près des hommes, il niche sous les toits, entre deux pierres. Donc, il niche chez nous, il mange avec nous, c'est l'oiseau près de l'homme par excellence. »
Leurs gazouillis, qui risquent bien de disparaître, fascinent les ornithologues qui sont passés maîtres dans l'art de traduire leur langage. Hervé Mouget expliquait que derrière leurs jolis trilles se cachait une implacable lutte de pouvoir : « c'est un batailleur, c'est un bagarreur, il est tout le temps en train de se chamailler avec ses congénères. »
Ce petit caïd des mangeoires, qu'on pensait indéboulonnable, commence pourtant à battre de l'aile. Les populations de moineaux déclinant dans toute l'Europe. En 2015, l'ornithologue Frédéric Baroteaux alertait sur le fait que la population de moineaux avait perdu 15% depuis une trentaine d'années, « mais dans certaines villes européennes, notamment en Angleterre, il y a des chutes dramatiques allant jusqu'à plus de 50% des individus. » Une situation qui devient alarmante, regrettait-il, déplorant qu'on ne regarde plus assez nos oiseaux, « il y a toujours un nouveau comportement, un nouveau plumage, c'est un plaisir qui se renouvelle tout le temps. »
Des moineaux et des hommes
Découvrez deux belles histoires d'amitié entre un humain et un moineau.
Pour aller plus loin
Moineaux de Paris et pollution. La pollution et l'architecture font progressivement disparaître les moineaux de Paris. (2003)
La place des moineaux dans la capitale. Depuis 2003, Paris a perdu les trois quarts de ses moineaux ! En 2008, une étude démontrait que le célèbre petit « piaf » parisien préférait les quartiers populaires aux beaux quartiers. (2008)
Inquiétude des ornithologues quant à la raréfaction des moineaux. (2006)
Oiseaux : Les espèces menacées (2009)
Recensement des oiseaux par les particuliers à l'initiative de l'association Vigie Nature (2013)
Planète environnement : Les moineaux des villes mangent trop de pizza ! (France Inter, 2015)