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À la rencontre de Joseph, boulanger de campagne et «brave gars»

À la rencontre de Joseph, boulanger de campagne et «brave gars»

Les boulangeries, qui étaient 55 000 en 1970 contre 33 000 aujourd'hui, font l’objet d'une lente disparition. À cela vient s'ajouter la flambée des prix de l'énergie qui contraint certaines d'entre elles à fermer. Le savoir-faire des boulangers français a pourtant été récompensé par une inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco fin 2022. Une maîtrise dont faisait preuve Joseph, boulanger de campagne en 1980. 

Par Romane Sauvage - Publié le 04.01.2023
Le boulanger d'Eymoutiers - 1980 - 12:56 - vidéo
 

L'ACTU.

Alors qu'elles étaient 55 000 en 1970, les boulangeries sont aujourd'hui 33 000 en France. Soit moins d'une par commune. Concurrencées par les grandes surfaces, elles sont aujourd'hui menacées par le prix de leurs charges, électricité et matières premières. Le gouvernement a annoncé mardi 4 janvier différentes aides.

L'ARCHIVE.

« Oh, c'est un brave gars, hein ! » Le pain artisanal, Joseph, boulanger à Eymoutiers (Haute-Vienne) dans les années 1980, maîtrisait. Dans l'archive de 1980 de FR3 Limousin – Poitou-Charente en-tête d'article, les riverains l'aimaient bien : « Qui ne connaît pas Joseph ! », « Très connu. Et il a du bon pain ! », « Même qu'il aurait 10 centimètres de neige, on l'attendrait » !

Dans ce petit village des bords de la Vienne, le boulanger était un personnage connu de tous. Four à pain au gaz allumé, baguettes enfarinées, Joseph avait le secret de sa renommée : « Je travaille toujours à l'ancienne : du pain mixte, levure, farine, sel et une poussée assez lente. Mes clients aiment le pain premièrement parce qu'il est fait à l'ancienneté. » Et ajoutait à l'attention du journaliste : « Il se conserve, ils n'ont pas besoin de le congeler, ils apprécient le goût, je n'y mets aucun améliorant. »

« Je prends la vie du bon côté »

Dans sa cuisine de pierres, des pelles à pain de différentes formes, circulaires et longilignes en fonction du pain, étaient alignées. « Je travaille en relaxe, je prends la vie du bon côté. Je n'ouvre pas mon magasin vu que je suis seul. Il ne m'est pas utile, ça me compliquerait beaucoup trop de choses. Je ne pense pas moderniser la fabrication du pain, je la continuerai cette tradition le plus longtemps possible. »

« Quand j'étais gosse, je travaillais à la ferme, je gardais le bétail. Quand j'ai eu 16 ans, mes parents m'ont dit : il faut partir apprendre un métier. Alors je suis parti. » Il avait appris à faire le pain auprès d'un autre boulanger, qui lui avait transmis son savoir-faire. « J'ai pris le métier de boulanger ici. J'ai fait trois ans d'apprentissage en 1953. »

Joseph était un boulanger particulièrement organisé, se ménageant des pauses malgré la charge de travail : « Je ramène le bon casse-croûte préparé hier soir. Le soir, je rentre manger à la maison. Tout en faisant mon travail, je le fais chauffer au four. Tous les jours aux alentours de 12h, 13h, j'attaque le bon casse-croûte, juste une entrée, pommes de terre, steak et pomme. Pour bien travailler, faut bien manger. » Puis, retour au pétrissage des tourtes et des baguettes.

Du pain et du lien social

Ses clients passaient acheter leur pain directement à son atelier. Sur les images, deux femmes entrent dans sa cuisine passer commande : « Bonsoir, est-ce qu'on a pris le pain pour moi Joseph ? Alors tu vas me donner une couronne. Ah, moi je vais en prendre une, pas trop cramé pour moi, hein. Oh, moi ça ne fait rien, mi-cuite. Ton four a chauffé un Joseph. Et puis tu me donnes deux pains : une tordue et une plate. »

Joseph faisait aussi la tournée dans sa camionnette. « On vous attendait hein !, lance une vieille dame. Quatre gros pains et un petit pain. Après on pourra faire la soupe comme ça. » Ses visites étaient l'occasion de discuter avec les Pelauds, habitants d'Eymoutiers : « J'ai une clientèle attitrée, on se cause constamment. Soit en conversation, soit ce qui se passe, soit des nouvelles nouvelles, où il pleut, il fait beau. » Conclusion du boulanger : « On plaisante, on rigole, on se lance quelques blagues et on repart. »

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