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Les premiers pas de Jean-Michel Folon au cinéma, de la peinture au mouvement

Les premiers pas de Jean-Michel Folon au cinéma, de la peinture au mouvement

Jusqu’au 19 novembre, la Saline royale d'Arc-et-Senans présente une exposition de 200 œuvres de l'aquarelliste belge, mort en 2005. Véritable touche à tout, Jean-Michel Folon ne se contentait pas de peindre, il s'était essayé au cinéma, un art qu'il considérait avec autant de respect que la peinture. C'est ce qu'il expliquait sur Antenne 2 en 1976. 

Par Florence Dartois - Publié le 29.08.2023
Folon - 1976 - 03:57 - vidéo
 

L'ACTU.

Jusqu’au 19 novembre 2023, la Saline royale d'Arc-et-Senans, ancienne manufacture classée au patrimoine mondial de l'Unesco, consacre une grande exposition à la richesse et l'éclectisme de l’œuvre de Jean-Michel Folon (1934-2005), à travers 200 œuvres prêtées par la Fondation Folon.

L'artiste belge a travaillé de nombreuses formes d’art, passant de l’aquarelle, à la peinture, la gravure, la sculpture, la tapisserie, jusqu’aux timbres-poste, ou encore les décors de théâtre. On le sait moins, mais il a aussi prêté son visage au cinéma. À la rentrée 1976, il tenait même la vedette du film Un homme comme moi ne devrait pas mourir, un nouveau défi pour cet artiste discret plus habitué aux gouaches et aux pastels qu’aux caméras.

LES ARCHIVES.

Connu pour ses dessins et ses affiches, Jean-Michel Folon avait participé à plusieurs projets cinématographiques, avec des dessins animés et des animations. Cette fois-ci, il devenait comédien. Dans l’archive à regarder en tête d’article, Jean-Michel Folon recevait les caméras du journal de 20 h d'Antenne 2 chez lui, dans des paysages campagnards bucoliques, ouvrant la porte de son atelier, pour expliquer les motivations qui l’avaient poussé à tourner deux films avec Michel Vianey. D’abord Lili et moi, puis Un type comme moi ne devrait jamais mourir, deux titres inspirés des dernières paroles prononcées par Vladimir Maïakovski (1893-1930), un poète et dramaturge russe. Dans le calme de son atelier, il expliquait au journaliste pourquoi il avait accepté ce défi cinématographique.

De la toile à l'écran

L'homme discret se lançait donc dans le cinéma. « Comme si l'instant que représente une image figée ne lui suffisait plus, expliquait le présentateur Daniel Bilalian, en lançant le sujet. « Jean-Michel Folon s'attaque au mouvement et au son », ajoutait-il. Le dessinateur précisait que le cinéma n’était pas si loin de son univers créatif, considérant les réalisateurs comme ses « pairs artistiques » et citant Buster Keaton ou Charlie Chaplin : « C'est ce qui m'intéressait au fond d'essayer, de suggérer, avec des gens vrais, le même univers que celui de mes dessins, avec des gens pas vrais. »

Son incursion dans le cinéma était une évidence à ses yeux, cet art représentant le moyen d'expression par excellence de sa génération. C'était le moyen « le plus ouvert, le plus large, le plus riche en possibilités ». Il s’étonnait d'ailleurs que le 7e art ne soit considéré que comme un art mineur par rapport à la peinture ou à la musique. « Je ne comprends pas très bien ça, parce que c'est [le cinéma] justement de la peinture et de la musique en mouvement ». C'était un art avec une « audience populaire bien plus importante ». Il était affirmatif : « Je crois que c'est, de tous les moyens de maintenant, le moyen le plus complet, puisqu'il s'agit tout de même d'une grande toile blanche, comme la toile d'un peintre. »

Pour Jean-Michel Folon, jouer la comédie devenait une autre manière de s'exprimer et d'apprendre un métier qu'il ne connaissait pas encore et des projets cinématographiques, il en avait d'autres, comme le précisait le journaliste. « Son but ? Écrire un scénario et devenir metteur en scène. Faire son film à lui. L'aventure ne fait que commencer. »

Folon ne se prenait pas au sérieux, il s’amusait, pour sa part, d’avoir convaincu des producteurs de le suivre dans cette aventure. « C'est une formidable et étrange histoire de quelqu'un qui a raconté à quelqu'un d'autre une histoire, en disant : "Vous me prêtez 250 millions pour que je la raconte à d'autres", et parfois, ça marche. Je trouve ça étonnant. »

Et, grâce à son pouvoir de persuasion, il confiait avoir déjà trouvé plusieurs producteurs prêts à le suivre dans de futurs projets. On le retrouvera ensuite dans le film, F comme Fairbanks de Maurice Dugowson (1976). Il tiendra même un premier rôle auprès de Marlène Jobert dans le film L'Amour nu de Yannick Bellon en 1981, mais il ne concrétisera pas son rêve de réalisation..

Folon à la télé

Lors de cette interview, Jean-Michel Folon évoquait les petits bonhommes bleus, héros de ses interludes poétiques réalisés pour la télé, des personnages mystérieux. Qui étaient-ils ? « C’est vous », répondait-il avec une pointe d’ironie au journaliste qui lui demandait qui se cachait derrière ces silhouettes bleues en suspension.

En effet, les téléspectateurs étaient familiers de son travail grâce à plusieurs génériques de programmes TV créés par ses soins pour Antenne 2. Parmi les plus emblématiques, il y a celui qui était diffusé chaque soir à la fin des programmes, à regarder ci-dessous : des petits personnages bleus, chapeaux et imperméables, volants dans un ciel pastel sur une cantilène mélancolique de Michel Colombier, librement inspirée de l'adagio du concerto pour hautbois et orchestre en ré mineur d'Alessandro Marcello (publié en 1717). Diffusé pour la première fois au lancement de la chaîne le 6 janvier 1975, cet interlude allait devenir la parenthèse douceur des couches-tard durant huit années, de 1975 à 1983.

Indicatif de lancement d'A2
1975 - 01:38 - vidéo

Jean-Michel Folon dessina également les génériques du journal de 20 h.

Ou encore du magazine littéraire « Italiques » avec la musique du film À l'aube du cinquième jour, composée par Ennio Morricone.

Jean-Michel Folon est mort le 20 octobre 2005, à Monaco, à l'âge de 71 ans. De son vivant, en octobre 2000, l'aquarelliste fonda son propre musée, qui devint la « Fondation Folon ». Située dans une ferme dans le parc du domaine Solvay à La Hulpe, elle contient quinze salles d'exposition permettent au visiteur de découvrir plus de 300 œuvres de l'artiste : aquarelles, peintures, sculptures, gravures, objets, affiches et illustrations. Une partie de ses œuvres sont à admirer dans l'exposition organisée par la Saline royale d'Arc-et-Senans jusqu'en novembre 2023.

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