« Les images sont parfois presque impossibles à distinguer, mais les caméras de l’époque n’y sont pour rien. C’est le ciel qui s'abat sur Londres. » Il y a 70 ans, pendant 5 jours, une brume épaisse et persistante s'était abattue sur Londres. Ce « great smog », pire épisode de pollution que le Royaume-Uni ait connu, fit des milliers de morts. Entre 4000 et 12 000 personnes, selon les estimations, moururent suite à cette catastrophe, notamment d’infections des bronches, pneumonies et bronchites.
Le smog, contraction des mots anglais smoke (fumée) et fog (brouillard), est un brouillard qui s'abat sur les villes, issu d'un mélange de particules fines, d'ozone. Il est aujourd'hui connu pour sa grande nocivité pour la santé humaine. Ce phénomène, lié d'abord au charbon comme chauffage domestique, s'est intensifié avec la révolution industrielle. Jusqu'à l'hiver 1952.
5 jours sans soleil
Les gaz d'échappement des voitures et des bus londoniens alimentés au diesel ainsi que la combustion de matières comme le charbon dans l’industrie créèrent un mix atmosphérique dangereux. Avec les vagues de froid hivernales, les Londoniens augmentèrent leur utilisation du charbon pour se chauffer. À l’époque de moindre qualité, celui-ci contenait beaucoup de soufre et renforçait ainsi la quantité de dioxyde de soufre dans l’air.
S’y ajoutèrent les conditions météorologiques. « Le 4 décembre 1952, un anticyclone sans aucun vent s’installe au-dessus de la ville et piège dès lendemain toutes les fumées crachées par les poumons noirs de la capitale industrielle. La relève de la garde ne voit même plus le palais de Buckingham. Un brouillard sans commune mesure, impénétrable, 5 jours au cours desquels le soleil ne se lève plus » détaillait le commentaire du reportage ci-dessus diffusé le 4 décembre 2020 dans le 13 heures de F2. Faute de visibilité, les transports furent arrêtés.
Une loi contre la pollution atmosphérique
Londres étant habituée au brouillard, ce smog n’inquiéta pas les autorités dans un premier temps. Ce ne furent que quelques semaines plus tard que les premières statistiques dénombrèrent une surmortalité impressionnante, de l’ordre de plusieurs milliers de personnes.
Cet événement, « tellement inédit qu’un terme est créé pour lui, le grand smog », eut pour conséquence l’établissement de lois plutôt modernes sur la réduction de la pollution atmosphérique. « En réponse, une loi est votée en 1956 pour réduire les émissions de dioxyde de soufre. Des améliorations se sont poursuivies jusque dans les années 80 », expliquait l’historien Rob Smith dans l’archive en tête d’article.
Avec le changement climatique, ce phénomène de brume de pollution pourrait être de plus en plus fréquent dans certaines parties du globe, notamment en Chine. Le pays a connu, en 2013, un épisode majeur de smog, créant une des pollutions les pires jamais enregistrées dans la région.
Smog meurtrier dans les villes
1962 - 01:21 - vidéo
En 1962, le sujet de Visa pour l’avenir levait une série de problèmes liés à l’activité des humains sur leur environnement. Et notamment la pollution atmosphérique. L’une de ses pires manifestations, le smog, était expliqué : « de mille sources, les pollutions empoisonnent l’air des cités. Elles viennent du chauffage domestique, des usines, des gaz d’échappement des véhicules. Il suffit de conditions météorologiques particulières, que l’air froid par exemple forme comme un couvercle au-dessus d’une ville pour que par temps calme s’installe le fameux smog, sorte de brouillard chargé de produits toxiques. Il peut provoquer des catastrophes, on en connaît : en Belgique, dans la vallée de la Meuse, 70 morts en 1930, (...) à Londres en 1952, 4000 victimes en 4 jours de smog. »
