Ernest Pignon-Ernest un artiste à part dans le monde de l’art contemporain. Ces œuvres prennent vie sous son crayon et son pinceau de colle. Longtemps, Naples a été sa ville de prédilection : «Une fois à Naples, il y a un type qui me dit “ah, c’est toi qui fait ça ? Tu sais, tes images on dirait qu’elles suintent des murs” Et il y a un peu de ça, mes images, les images que je colle dans les villes, c’est un peu comme si elles faisaient revenir à la surface, c’est comme un révélateur, comme faire réapparaître à la surface du mur ce qui est potentiellement lié», a-t-il une fois raconté.
L’univers de Pignon-Ernest, c’est donc la rue. Où rien n’est laissé au hasard. «Quand je fais des dessins ou les sérigraphies, je sais exactement où je vais les mettre, c’est-à-dire, ça ne fonctionne pas comme des affiches qu’on va coller comme ça, je les mets en relation avec un lieu, avec une couleur, avec un souvenir, avec l’histoire d’un bâtiment, mes dessins ils naissent complètement de ce que je connais des lieux» .
Offrir une œuvre sur le mur d’une ville entraîne l’interaction avec toute la vie autour, et son inévitable dégradation.
Et quand l’Etat français l’appelle pour célébrer la résistance, alors, il répond oui, en artiste engagé qu'il est. Une autre facette de son travail, offert au public. Dernier exemple en date : les portraits des 4 résistants entrés au Panthéon en 2015 et exposés devant le bâtiment. «Moi, je fais d’habitude un travail très indépendant, un peu sauvage, la semaine dernière, je collais encore des images dans les rues de Rome, la nuit, sur Pasolini, sa vie, son oeuvre, sa mort… Mais là, c’est 4 personnalités que j’admirais beaucoup, ils nous laissent un héritage extraordinaire ces gens-là», expliquait-il à l'époque.