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Comment l'Église catholique a évolué sur l'homosexualité

Comment l'Église catholique a évolué sur l'homosexualité

Lundi 18 décembre, le Vatican a annoncé autoriser la bénédiction des « couples de même sexe ». Une décision qui acte une ouverture de l'Église catholique entamée avec le pontificat de François. Récit en archives des positions récentes du Vatican sur l'homosexualité.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 20.12.2023
Mgr Lheureux à propos de l'Homosexualité - 1979 - 03:00 - vidéo
 

L'ACTU.

Lundi 18 décembre, le Vatican a annoncé autoriser la bénédiction des « couples de même sexe ». Et ce dans un format qui doit rester éloigné du mariage. L'Église catholique poursuit ainsi une ouverture vis-à-vis de ses fidèles LGBT tout en réaffirmant son opposition au mariage des couples gays et lesbiens.

LES ARCHIVES.

L'homosexualité : un sujet d'abord tabou pour l'Église, longtemps structure sociale majeure en Occident et aujourd'hui encore largement prescriptrice sur le plan moral pour ses fidèles. En 1979, à l'occasion d'une prise de position particulièrement ferme du pape de l'époque, Jean-Paul II, « très opposé à l'homosexualité », l'émission « Question de temps » interrogeait un représentant du catholicisme en France, Monseigneur Lheureux, évêque de Perpignan. Il était, à l'époque, l'un des seuls prélats français à s'exprimer sur le sujet. Il expliquait : « C’est vrai que c'est un sujet qui reste extrêmement difficile à aborder. Et toujours malheureusement avec une sorte de passion, une sorte de difficulté d'expression qui vient peut-être de ce qu'il y a eu et il y a encore peut-être un certain tabou pour parler de cela. »

Il clarifiait la position officielle de l'Église catholique, qui faisait une distinction entre l'identité et les actes : « D'une part et le pape vient de le rappeler fermement aux États-Unis : les relations physiques homosexuelles ne peuvent pas cadrer avec la tradition morale biblique chrétienne. Et il n'est pas possible moralement de les accepter. » Et d'ajouter : « Mais il y a très loin entre la condamnation morale qui peut porter sur un certain nombre d'actes et la condamnation très générale qui est portée sur les homosexuels en tant que tel. Il y a en France et dans le monde beaucoup d'hommes et de femmes qui n'ont pas choisi leur condition homosexuelle. »

« Il faut les aider »

« Il est possible de vivre avec une très grande dignité et pourquoi pas le dire, avec une très forte vie chrétienne, une situation difficile qui est celle des homosexuels ». Les propos étaient plutôt modernes, mais ils persistaient à faire de la condition des personnes LGBT une anormalité ou une situation de souffrance : « Il faut les aider, ils ont droit de vivre en humains, ils ont le droit de vivre en chrétiens et c'est pour cela que je pense que nous avons à faire un effort pour les rencontrer. »

La position de Jean-Paul II restait ainsi inflexible, « il condamne toute légalisation de la vie en couple des homosexuels », rappelait l'archive ci-dessous diffusée à sa mort en 2005.

Le Pape et les moeurs
2005 - 02:39 - vidéo

« Chef de file des conservateurs », Benoit XVI prenait le relai de Jean-Paul II, comme l'expliquait l'archive ci-dessous. « Il n'a cessé de gagner en influence sous le pontificat de Jean-Paul II, c'était un de ses proches. En 1981, Joseph Ratzinger est devenu le gardien de la doctrine de la foi. À ce titre, il a multiplié les interdits : non à l'homosexualité, non à l'ordination des femmes, au mariage des prêtres. »

Portrait de Joseph Ratzinger
2005 - 01:20 - vidéo

Son attachement à ces valeurs conservatrices pris la forme d'une interdiction de la prêtrise aux personnes homosexuelles. Le sujet de 2005 ci-dessous rapportait ce que la doctrine imposait désormais : « L'Église ne peut pas admettre au séminaire et aux ordres sacrés ceux qui pratiquent l'homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu'on appelle la culture gay ». Monseigneur Anatrella, consultant du Vatican précisait alors : « Pour l'Église, l'homosexualité est une incohérence structurelle de la sexualité humaine et donc incompatible avec le sacerdoce ».

« Je vois que nous sommes face à une institution qui a décidément du mal à sortir du Moyen-Âge, à regarder autrement », commentait alors, visiblement agacé, le prêtre français Daniel Duigou.

Polémique gays et Vatican
2005 - 04:12 - vidéo

2013 : un changement de ton

L'arrivée du pape François en 2013 marquait un changement de ton, si ce n'est d'actes. En juillet 2013, dans un avion au retour de l'Amérique du Sud, il affirmait : « Si une personne est gay, qu'elle cherche le seigneur et quelle est de bonne volonté, qui suis-je pour le juger ? » Une modification de l'approche pontificale relevée dans les journaux télévisés : « Un message d'ouverture qui reprend certains propos de Jean-Paul II dans une pastorale de 1986. Pas de bouleversement donc sur la doctrine, mais clairement sur la forme, François le pasteur veut ouvrir l'Église ».

Une petite avancée saluée par les personnes concernées, comme Jean-Louis Lecouffe ci-dessous : « En tant qu'homosexuel chrétien, on ne peut qu'être contents quand on entend un discours qui est un discours d'ouverture. Un changement de ton, de posture, de mots, et les mots dans l'Église catholique ce n'est pas quelque chose de vain. »

Finalement en 2023, ce changement de ton se concrétisait donc. Si Le Monde, dans une tribune, parle d'un « pragmatisme audacieux du pape François » plus que d'un bouleversement de la doctrine officielle, appelant à prolonger ses ambitions à d'autres inégalités, il s'agit tout de même d'un changement radical.

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