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«La Marseillaise» à l'école : il y a déjà une loi depuis 2005

«La Marseillaise» à l'école : il y a déjà une loi depuis 2005

Emmanuel Macron a dit être favorable à l'apprentissage dès l'école de «La Marseillaise». Un enseignement que Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Éducation nationale, avait remis au gout du jour au milieu des années 80 avant l'adoption d'une loi en 2005.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 17.01.2024
La Marseillaise dans les écoles - 1985 - 02:22 - vidéo
 

L'ACTU.

Lors de sa conférence de presse le 16 janvier 2024, Emmanuel Macron a choisi de mettre en avant ses grandes propositions concernant l'éducation, afin d’encourager un « réarmement civique du pays ». SNU, tenue unique, instruction civique ou encore apprentissage de La Marseillaise à l'école, le Président de la République a enchainé les annonces au goût d'antan. Et notamment donc, un apprentissage de l'hymne nationale : « L'école primaire (...), c'est là où on apprend des valeurs. Je suis totalement favorable à ce qu'on apprenne la Marseillaise au primaire, totalement. C'est même indispensable. C'est ce qui nous uni, c'est le fruit de notre histoire. »

Une proposition qui en rappelle d'autres. En 1985, Jean-Pierre Chevènement, alors Ministre de l'Éducation nationale du gouvernement Fabius, avait remis au goût du jour l'apprentissage de l'hymne national à l'école. En 2005, cette obligation avait été inscrite dans la loi, par François Fillon. Explications en archives.

LES ARCHIVES.

« Le ministre de l'Éducation nationale continue sur sa lancée de retour à la tradition. » En 1985, alors qu'il dévoilait les programmes officiels et relançait l'instruction civique, Jean-Pierre Chevènement avait rappelé son attachement, et par extension celui de l'État français, à l'apprentissage de La Marseillaise dès l'école primaire. Comme on le voit dans l'archive en tête de cet article, les reporters d'Antenne 2 avaient choisi pour traiter cette annonce d'aller à la rencontre des jeunes Français.

Sous l'Arc de triomphe, à Paris, une journaliste les interrogeait sur les occasions de chanter La Marseillaise. « Les occasions ? Les matches de foot ! Euh… les militaires, aussi. Et puis, quand le Président de la République s'en va à l'étranger, on fait l'hymne ! », répondait un écolier. Et d'autres de tenter de chanter la chanson, voire de la fredonner pour les moins connaisseurs. Des élèves français largement battus dans ce micro-trottoir par de jeunes touristes anglais qui entonnaient God save the queen en chœur.

Était-ce pour autant une raison de faire apprendre les paroles de La Marseillaise aux élèves français ? Dans l'archive de «L'Heure de vérité» datée d’octobre 1985 ci-dessous, un sondage donnait les Français favorables à 46 %, contre 39 % défavorables. Invité sur le plateau, Jean-Pierre Chevènement s'agaçait : « Ce qui me désole, c'est le 39 %. Je suis allé aux États-Unis, il y a un drapeau dans chaque classe, tous les ans, on fait prêter un serment d'allégeance à la déclaration des droits américains. »

Il poursuivait sa démonstration : « Je ne pense pas qu'il faille entretenir le chauvinisme. Je suis tout à fait contre. Mais le patriotisme français, c'est le patriotisme républicain et il me semble qu'un certain sentiment de notre identité nationale dans le monde difficile ou nous vivons est une chance pour la France ». Et d'interpeller : « N'ayons pas honte d'être français, ce n'est pas déshonorant que diable ! »

Marseillaise et citoyenneté

Dans le second extrait de cette séquence, disponible ci-dessous, il ajoutait : « La Marseillaise c'est l'hymne des droits de l'homme et du citoyen, (...) un chant de liberté contre les représentants de l'ancien régime. » Et le journaliste de lui rétorquer : « Ce n'est pas le XXIe siècle ça ! ».

Jean Pierre Chevènement et Catherine Nay
1985 - 00:00 - vidéo

Il fallut cependant attendre encore une vingtaine d'années pour que cet apprentissage devienne réellement obligatoire. En 2005, la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école, dite loi Fillon, était votée. Et avec elle, un amendement rendant obligatoire l'apprentissage de La Marseillaise à l'école. Antenne 2 était devenue France 2 et annonçait : « On se souvient de la tentative de Jean-Pierre Chevènement pour la rétablir à l'école (...) cette fois c'est fait. Du moins en principe ». Du côté des syndicats enseignants, 20 ans n'avaient pas réussi à convaincre, « le simple apprentissage de La Marseillaise ne suffit pas à donner une conscience civique ».

Marseillaise à l'école
2005 - 00:00 - vidéo

Jean-Pierre Chevènement
2005 - 00:00 - vidéo

Jean-Pierre Chevènement était invité de France 2 à l'occasion du vote de cette loi. « Je m'étais borné à rappeler que La Marseillaise faisait partie du répertoire scolaire, et cela, depuis des lustres. Que par conséquent les enseignants devaient l'apprendre aux élèves. » Et d'ajouter : « Je crois qu'il est important que tous les jeunes sachent qu'ils sont appelés à devenir les citoyens de la nation française (...) rien de plus rien de moins (...) il faut que la Marseillaise soit enseignée dans son contexte, qu'on rappelle comment elle est née (...) mais aussi qu'elle est indissociable d'un corps de valeur de la démocratie et de son exercice pratique. »

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