« Mongolien » : c'était ainsi que les trisomiques 21 étaient nommés dans les médias dans les années 1960, et ils étaient perçus comme un fardeau pour la société. En 50 ans, la perception des personnes atteintes du syndrome de Down a changé et aujourd'hui, cette dénomination est considérée comme péjorative.
Retour en archives sur cette lente évolution. Dans les années 70, une journaliste allait à la rencontre des habitants d’un village qui accueille un centre de handicapés mentaux, dont des trisomiques. La réaction du maire était caractéristique de cette discrimination dont ils étaient alors victimes : « Il y a l’aspect physique et puis l’aspect mental. Tout s’enchaîne, vous avez des jeunes enfants qui sont traumatisés de voir déambuler ces malades dans le village. »
Intégrer l'école
Pourtant, c’est bien grâce à ces établissements que le regard de la société a pu évoluer. Comme on le voit dans le montage d'archives en tête d’article, pour la première fois, en 1974, une journaliste tendait le micro à ces personnes restées longtemps sans voix. Dans les années 1980, certains enfants trisomiques intégraient l’école ordinaire. Là encore, c'était grâce à la détermination individuelle de leurs parents. Et si pour les petits camarades il n’y avait pas de différence, pour les autres parents et les journalistes, ça restait un événement : « Une école ordinaire, un matin comme tous les matins et des enfants pas vraiment comme les autres. Pas la même tête, ils parlent pas pareil, nous on dit mongoliens, leurs parents disent trisomiques. »
En 1996, un film marquait un tournant dans l’acceptation de ce handicap. Le huitième jour, réalisé par Jaco Van Dormael, rencontrait un immense succès et l’acteur, Pascal Duquenne, atteint de trisomie, recevait le prix d’interprétation masculine à Cannes. Pour ces parents d’enfant trisomique, c’était un grand pas contre les préjugés. Les initiatives personnelles se multiplièrent pour un accès à l’école, au sport, à l’art. Et les regards changèrent lentement.
En France, 50 000 personnes seraient porteuses de trisomie 21. Les associations militent pour rendre l’école et le monde du travail inclusifs. Car si le regard de la société a évolué, dans les faits, c’est toujours un parcours du combattant pour les parents d’inclure leurs enfants dans le milieu ordinaire.