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En 1964 à Carnac, vivre au milieu des menhirs, c'était sacré

En 1964 à Carnac, vivre au milieu des menhirs, c'était sacré

En Bretagne, la polémique enfle depuis que le journal «Ouest-France» a révélé que 39 menhirs auraient été détruits pour construire un magasin Mr Bricolage à Carnac. Le terrain aurait toutefois une faible valeur achéologique. Mais voilà qui aurait sans doute horrifié les Bretons qui vivaient au milieu des menhirs dans les années 1960. 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 07.06.2023 - Mis à jour le 14.06.2023
On ne peut rien modifier ni construire - 1964 - 02:17 - vidéo
 

L'ACTU.

L'affaire a éclaté début juin quand Ouest-France a révélé l'existence d'un billet de blog d'un archéologue amateur de Carnac affirmant qu'une quarantaine de petits menhirs avaient été détruits dans un chantier de construction d'un magasin de bricolage. Réagissant à l'émotion suscitée par cette affaire, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bretagne a souligné le «caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges» trouvés lors des fouilles préventives de 2015. Le maire a attesté de son côté avoir parfaitement respecté la législation et invoqué «la faible valeur archéologique» des pierres retrouvées.

LES ARCHIVES.

L'archive en tête de cet article est extraite d'un reportage réalisé à Carnac en octobre 1964 pour le magazine « La France insolite », joliment intitulé « Les squatters de la préhistoire ». Ces squatters n'étaient autre que les menhirs et dolmens répartis dans la campagne morbihannaise. Cette cohabitation était prise avec philosophie par les habitants, en particulier les fermiers locaux dont les fermes étaient parfois construites au milieu des cercles de pierres.

Les paysans semblaient trouver leurs voisins de granit certes encombrants, mais jamais ils n'auraient imaginé les abattre, même pour un bel hangar flambant neuf.

Ainsi, un jeune exploitant agricole dont la ferme était enclavée dans les pierres levées, et qui rêvait pourtant de moderniser sa ferme, se résignait à vivre dans ce paysage mégalithique à jamais immuable. Du moins, le pensait-il. Vivre avec son temps, oui, mais sans toucher aux menhirs, « on ne peut rien modifier ni construire », précisait-il.

La vie au milieu des menhirs

Cet autre extrait de l'émission à découvrir ci-dessous présentait ces fermes construites par le passé au milieu des cercles, « sans doute en quête de protection ». Ce lien intime entre les pierres mégalithiques et les constructions paysannes paraissait tout naturel aux habitants, comme le précisait notre fermière rencontrée plus haut ou les quelques gamins interrogés aux alentours.

Le journaliste expliquait qu'autrefois « on cultivait autour des pierres », confirmait la paysanne. Depuis, elles étaient devenues propriété des Monuments historiques, les terrains avaient été rachetés par l’État, « alors forcément, on ne cultive plus », expliquait-elle.

La dame précisait que jamais les agriculteurs n'auraient touché aux pierres. Tradition ou respect mystique, les pierres étaient restées en place durant des millénaires. L'accès aux menhirs étaient libres. On s'y bousculait racontait-elle. Des touristes du monde entier, des étudiants, des chercheurs et... beaucoup de vaches, totalement libres de brouter, se croisaient au milieu des silhouettes granitiques.

En conclusion, la paysanne s'amusait des hypothèses, parfois farfelues, émises autour de l'origine des menhirs : ancien camp militaire, refuge des rescapés du Déluge, lieu saint, cimetière, ajoutant « nous on les prend comme ça, au naturel. Pour nous, c'est naturel ».

Vivre au milieu des menhirs
1964 - 06:28 - vidéo

Des enfants, des menhirs et des savants

Les menhirs faisaient aussi partie du quotidien des enfants. Pas à l'école où, racontaient-ils, on ne leur enseignait rien de leur histoire, mais dans leurs loisirs, ils représentaient une aire de jeu idéale pour l'escalade ou pour jouer à « saute-menhirs ».

Gamins de Carnac
1964 - 02:08 - vidéo

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