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18 février 1976, Roger Gicquel déclare "La France a peur !"

18 février 1976, Roger Gicquel déclare "La France a peur !"

C'est avec cette tirade, devenue célèbre dans l'histoire des journaux télévisés, que Roger Gicquel ouvrait le journal de 20 heures ce jour-là. Mais quel était le sens réel de cette phrase percutante ?


Par la rédaction de l'INA - Publié le 16.02.2021 - Mis à jour le 16.02.2021
Plateau de Roger Gicquel : La France a peur - 1976 - 01:57 - vidéo
 

"Bonsoir. La France a peur". Avec cette phrase sibylline, le présentateur lance ce 18 février 1976 un sujet consacré au meurtre d'un enfant et à l'arrestation récente de son meurtrier. Nous sommes au début de ce qui va rester dans les annales comme "l'affaire Patrick Henry". 

Quelques jours plus tôt, le 30 janvier 1976, à Troyes, Patrick Henry avait enlevé Philippe Bertrand, un garçonnet de sept ans à la sortie de l'école. D'abord suspecté de l'enlèvement, Patrick Henry avait été relâché après sa garde à vue, faute de preuves. Le 13 février, interviewé par les médias, il avait clamé son innocence, allant même jusqu'à demander, avec un cynisme total, la peine de mort pour le coupable ! Mais au terme de l'enquête, la police avait arrêté Patrick Henry le 17 février 1976 dans une chambre d'hôtel. Sous le lit, ils avaient fait une macabre découverte : le corps de la petite victime, enroulé dans un tapis... L'assassin avait alors fait des aveux.

Dans le lancement du sujet, le journaliste souhaite avant tout attirer l'attention des spectateurs sur la nécessité de faire confiance à la justice, de la laisser travailler et de rejeter toute velléité de vengeance : "Je crois qu'on peut le dire aussi nettement. (...) Oui, la France a peur et nous avons peur, et c'est un sentiment qu'il faut déjà que nous combattions je crois. Parce qu'on voit bien qu'il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe, et comme c’est difficile de ne pas céder à cette tentation quand on imagine la mort atroce de cet enfant…).

Le procès de Patrick Henry allait devenir celui de l'abolition de la peine de mort en France à travers ses avocats, Robert Bocquillon et Robert Badinter. Grâce à eux, il échappe à la peine capitale. Condamné à perpétuité, Patrick Henry obtient une liberté conditionnelle et est libéré le 15 mai 2001 après plus de 25 ans de prison. Réincarcéré l'année suivante pour transport de drogue, il est finalement libéré le 15 septembre 2017 pour cause de maladie grave. Patrick Henry meurt le matin le 3 décembre 2017.


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