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ENTRETIEN GEORGES POMPIDOU-ROGER PRIOURET

ENTRETIEN GEORGES POMPIDOU-ROGER PRIOURET

26.09.1966 - 41:46 - vidéo

Le Premier Ministre, GEORGES POMPIDOU, a répondu, lundi soir de 20H30 à 21 heures, sur la première chaine de télévision aux questions que lui posait notre confrère ROGER PRIOURET chroniqueur à "l'Express". - Interrogé d'abord sur les problèmes de l'ORTF, et les modifications apportées à l'émission "Face à Face", M. POMPIDOU déclare : "J'approuve cette formule et je pense qu'il faudra désormais avoir des confrontations plus variées tantôt avec deux ou trois journalistes, tantôt avec un seul, et tantôt entre gens du même métier, si je puis dire, soit des écrivains, soit des hommes politiques. Quant à un "Face à Face" avec M. MITTERRAND ou tel autre, croyez bien qu'en ce qui me concerne, je n'y verrais aucun inconvénient, et même si j'ose dire, cela m'inquiète pas. Mais je me demande si ce ne serait pas plus amusant de confronter M. WALDECK ROCHET avec M. MITTERRAND. Pourquoi les membres du Gouvernement, presque tous, et le Premier Ministre lui-même s'apprêtent-ils à être candidats aux électiosn législatives ? M. POMPIDOU note au passage qu'il n'a pas encore déclaré sa candidature à SAINT FLOUR pour les prochaines élections, et il poursuit : "Il est certain que l'élection du Président de la République au suffrage universel déplace les responsabilités vis à vis de la nation et fait qu'en effet les lignes générales de notre politique sont déterminées à l'Elysée. Je l'admets parfaitement... mais il serait absurde, alors que l'opposition présente tous ses leaders, que la majorité ne puisse en présenter quelques uns sous prétexte que les autres sont Ministres... et puis en FRANCE contrairement aux ETATS UNIS c'est encore parmi les Députés que l'on recrute la plupart des Ministres la confiance du Président de la République mais qu'il sont aussi celle de leurs électeurs" - LE PROBLEME DE LA MAJORITE: l'entretien porte alors sur les résultats éventuels, les conséquences des élections, en particulier dans le cas où le gaullisme n'aurait pas la majorité. Dans la réponse le Premier Ministre ironise d'abord sur les propos de M. LECANUET : "Je dois dire que c'était assez amusant de voir LECANUET prendre ses quatre-vingts Députés et puis cinq minutes après ils étaient cent cinquante. Heureusement, le "Face à Face" s'est arrêté sans quoi le Centre Démocrate avait la majorité. C'était du meilleur théatre". Puis il assure que si les candidats du gaullisme ont toutes les voix obtenues par le Général DE GAULLE aux élections Présidentielles et les candidats de M. MITTERRAND toutes les voix qu'avait obtenues M. MITTERRAND les résultats des élections seront : trois cent vingt-cinq Députés de la majorité, cent quarante Députés de M. MITTERRAND et quant au Centre Démocrate il en aura zéro." Revenant à l'hypothèse de M. PRIOURET, M. POMPIDOU répond "à titre personnel" : s'il manquait quinze sièges à la majorité, dit-il eh bien ! je considèrerais que la politique que nous avons menée jusqu'ici, qui a été approuvée par le pays quand il a réélu le Général DE GAULLE doit continuer et, par conséquent, je formerais un gouvernement en tenant compte un petit peu, bien sûr, des modifications dans la composition de l'Assemblée ! C'est normal, ... puisque notre régime est au fond moitié présidentiel, moitié parlementaire." - "Je tiendrais compte donc de cette composition et je verrais bien ce que me diraient les députés auxquels je proposerais un portefeuille. Et puis, je ferais la même politique, je la continuerais et je verrais bien alors si ce groupe-charnière, qui serait celui du Centre Démocrate, et qui aura trente, trente-cinq ou quarante députes, compte tenu du rôle des personnalités, des questions locales, si ce groupe-charnière prendrait la responsabilité de s'unir à ces communistes qu'il prétend combattre pour renverser le gouvernement, pour voter une motion de censure. S'il prend cette responsabilité, j'imagine que le pays lui en voudrait et qu'on pourrait lui donner l'occasion de le manifester." - M. PRIOURET estimant cette déclaration "importante pour l'avenir", M. POMPIDOU répond en souriant : "Non, c'est à titre personnel". - L'AFFAIRE BEN BARKA : son interlocuteur s'étant étonné que l'enlèvement de M. BEN BARKA ayant eu lieu à la Toussaint, le Ministre de l'Intérieur ne se soit expliqué devant les parlementaires de cette affaire "qu'entre Pâques et la Trinité", M. POMPIDOU répond :" ... Il est exact que le 1er ou le 2 novembre, l'affaire BEN BARKA était un événement important, mais rappelez-vous la situation. C'est le 4 novembre que le Général DE GAULLE faisait connaître qu'il serait candidat à la présidence de la République. A partir de ce moment-là, avouons-le, tous les parlementaires, majorité ou opposition, n'ont plus pensé qu'à l'élection présidentielle. La session d'ailleurs, s'est terminée trop tôt, et le gouvernement eût été à ce moment-là hors d'état de donner des explications un peu approfondies. Après quoi, il y eut l'intersession : c'est à ce moment-là qu'ont été posées les premières questions orales. Puis est arrivée la session de printemps. Et, immédiatement, le gouvernement a accepté de parler de l'affaire BEN BARKA ; mais il s'est trouvé qu'il y avait la déclaration de politique générale, la motion de censure, et c'est pourquoi le débat a été retardé de deux, trois ou quatre semaines. En vérité, quand le débat est arrivé, il aurait pu être beaucoup plus ample qu'il n'a été si l'opposition avait bien voulu exercer ce contrôle qui est son devoir. Je vous dirai que j'avais personnellement préparé une très longue intervention que je n'ai pas faite. Pourquoi ? Parce-que, quand M. FREY a cessé de parler et a regagné son banc, il y eut encore deux ou trois orateurs qui sont intervenus et au moment où je comptais monter à la tribune. Il y avait en seance, si je me souviens bien, un député du groupe socialiste et un député du Rassemblement démocratique, plus deux ou trois du Centre démocratique." - SUITE DANS LE CHAMP SEQUENCE.

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