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Discours de Pierre Mendès France à Nevers

Discours de Pierre Mendès France à Nevers

JT 20H - 20.09.1954 - 07:05 - vidéo

3 semaines après le rejet par l'Assemblée de la participation de la France à la Communauté européenne de défense, le président du conseil Pierre MENDES FRANCE, lors de l'inauguration d'un monument à la gloire de la résistance nivernaise prononce un discours en faveur de la réconciliation franco-allemande. - "De toutes les commémorations qu'offre au pays une histoire chargée de sacrifices et de gloire, je n'en trouve point pour ma part d'une plus haute valeur spirituelle que celle qui nous rassemble aujourd'hui. C'est pourquoi j'ai voulu que la première manifestation publique où je prends la parole depuis que la confiance du Parlement m'a appelé à la direction du gouvernement fût celle-ci, consacrée au souvenir des combats menés par les maquis. De la Nièvre en premier lieu, mais aussi de l'Yonne et de l'Aude, qui furent étroitement associés, de maquis glorieux de la France entière, de la résistance prise sous la forme la plus active et, hélas, la plus sanglante. (PM FRANCOIS MITTERRAND écoutant) Dix années se sont écoulées. Loin de moi la pensée de les considérer comme des années perdues. Ce fut une grande et lourde tâche de relever nos ruines. Pourtant, durant cette période, bien des problèmes n'ont pas été résolus et se sont de ce fait aggravés. Les hypothèques se sont accumulées dont le poids pesait chaque jour davantage. Le moment est venu où il est nécessaire de faire face, à la fois, à toutes les échéances jusque-là ajournées. Il serait vain de vouloir refaire l'histoire comme si notre politique avait été différente. Le temps, travaillant sans nous, a pris hypothèque sur nos décisions. Le problème allemand est posé maintenant en des termes précis que nos alliés nous rappellent chaque jour sous une lumière qui ne nous permet ni d'ignorer l'interrogation qu'il comporte, ni de l'esquiver par un faux-semblant de solution. Quelle sera donc notre réponse ? (PR DANIELLE MITTERRAND et (Madame Mendès-France ?) écoutant) Je veux dire tout d'abord que notre réponse comporte avant tout une volonté sincère de réconciliation entre la France et l'Allemagne. Oui, je veux le dire justement dans cette cérémonie qui commémore la lutte des maquis contre l'Allemagne hitlérienne, et devant les survivants de ces héros et les familles de ces martyrs. Au-delà de notre lutte, que nous fussions dans les forces de l'intérieur ou celles de la France libre, au-delà de notre lutte de 1940 à 1945, rappelons-nous, ce n'est pas vers une autre lutte que nous souhaitions nous nous engager après une libération si chèrement acquise. Je le sais bien, il est des souvenirs cruels dont la raison demande un oubli que la sensibilité refuse parfois, mais l'avenir, et surtout un avenir de paix, ne se construit pas à partir de rancunes, même les plus justifiées (alignement d'anciens combattants avec leurs drapeaux). La réconciliation franco-allemande est une condition de la stabilité politique de l'Europe comme de son rétablissement économique et social, c'est à la fois une necessité pour la paix et pour le libre cours des activités productrices. Une réconciliation loyale, réelle, durable, entre la France et l'Allemagne, demande, pour se réaliser pleinement autre chose qu'un tête à tête entre nos deux nations. L'association doit être plus vaste, doit comprendre d'autres pays voisins, près de nous par l'histoire, les épreuves passées, par le coeur, et elle serait incomplète si, limitée au continent, elle ne comprenait pas la Grande-Bretagne, dont nous ne saurions nous dissocier (applaudissements). L'une des plus fortes objections qui ait été adressées à la Communauté Européenne de Défense, c'est que pour nous rapprocher de l'Allemagne, ce que nous voulons, elle nous éloignait de la Grande-Bretagne, ce que nous ne voulons pas (applaudissements, plus discrets). La participation anglaise à la construction de l'Europe constitue donc un élément décisif du succès. Elle implique la recherche de formules acceptables par nos alliés britanniques. Ce n'est pas facile, je le sais, mais j'ai joie à vous dire que les entretiens les plus récents ont montré que cela est possible".

Producteur / co-producteur Radiodiffusion Télévision Française
Générique Journaliste : Jacques Perrot Participant : Pierre Mendès France
Histoire et conflits
Politique

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