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Des méthodes originales pour que les élèves progressent en orthographe

Des méthodes originales pour que les élèves progressent en orthographe

Des dizaines de linguistes, enseignants, universitaires et personnalités de la culture proposent dans une tribune au « Monde » une application plus large des rectifications orthographiques de 1990. Pour eux, «il est urgent de mettre à jour notre orthographe». Certains professeurs rivalisent d’originalité pour initier leurs élèves à l’orthographe et à la grammaire. La preuve en archives.

Par Florence Dartois - Publié le 11.01.2023 - Mis à jour le 17.10.2023
 

L'ACTU.

Dans une tribune au Monde, des linguistes, intellectuels ou écrivains appellent à appliquer la réforme de l'orthographe de 1990 validée par l'Académie française et publiée au Journal officiel. Et d'aller plus loin. Avec par exemple, de revoir l'accord du participe passé et «d’accepter de le laisser invariable lorsqu’il est conjugué avec "avoir"».

Au début de l'année 2023, le ministère de l’Éducation nationale a recommandé aux enseignants de primaire de revenir aux fondamentaux que sont la dictée, la lecture ou la rédaction pour améliorer le niveau en orthographe.

Ces recommandations, les enseignants les pratiquent déjà, certains utilisant même des méthodes beaucoup plus originales et ludiques, destinées à donner le goût de l'écriture et de la lecture aux élèves, comme le montre les archives présentées dans cet article.

LES ARCHIVES.

Le premier reportage à découvrir en tête d’article date de 1972. En mars de cette année-là, des « méthodes nouvelles » étaient expérimentées dans la Vienne. Le journal de FR3 Poitou-Charentes actualités s'était immergé dans une classe de primaire de Poitiers où l’instituteur proposait une méthode en plusieurs étapes. Il leur demandait d’écrire un texte sur le sujet de leur choix, puis de le présenter à l’oral devant leurs camarades pour le soumettre « à la critique de la classe ». Écrit au tableau, il serait corrigé collectivement. L’occasion pour l'instituteur de donner les définitions de mots nouveaux ou complexes, par exemple « tronçonneuse ».

Cet exercice se déroulait dans la bienveillance et permettait de voir si les élèves avaient bien compris le sens du texte : « la critique porte sur tous les points, le fond comme la forme, et parfois, elle n’est pas tendre » précisait le commentaire. La partie la plus originale du processus d'écriture était sa communication. Dans un même esprit de partage d'expérience, le texte corrigé était ensuite imprimé grâce à un petit atelier d'imprimerie, « un pour les archives et un autre pour les correspondants d'un autre village » avec qui les enfants échangeaient des lettres et des messages.

Écrivains en herbe

L’archive ci-dessous présente une incroyable aventure vécue par des élèves de CM1 et CM2 en 1993. Cette expérience pédagogique se déroulait à Pelleautier, un village situé à proximité de Gap, dans les Hautes-Alpes, où des enfants avaient écrit et édité un roman intitulé Le voyage bleu. Leur ouvrage d’aventures conduisait le lecteur dans les pas de deux enfants à la recherche de leur mère dans les capitales européennes.

Cette idée originale de « faire voyager ses élèves dans leur tête », Gilbert Lager, instituteur, l’avait eue deux ans plus tôt. Le résultat était impressionnant, un vrai livre, écrit, illustré et édité sur place. Un travail colossal : un trimestre consacré à la documentation et à l’apprentissage de l’écriture romanesque et un second consacré à l’écriture proprement dite, « avec l’angoisse de la page blanche, ou plutôt du tableau noir », expliquait le journaliste avec une note d’humour.

Six mois de travail collectif au cours desquels les enfants avaient joué le jeu, entre découragement, acharnement et émotion comme l’expliquaient Denis, Lucie ou Jessica qui confiaient avoir eu « les larmes aux yeux » en lisant le dénouement.

Le livre serait tiré à 6000 exemplaires.

Le livre à l'école à Pelleautier
1993 - 02:45 - vidéo

Un apprentissage ludique

En 2018, le rapport du Conseil national d'évaluation scolaire reprochait aux élèves de rédiger trop peu ou pas du tout et d’écrire comme ils parlaient. Pour remédier à la situation, Jean-Michel Blanquer proposait de redonner une place d’honneur à la rédaction. Mais dans certaines écoles, d’autres méthodes fonctionnaient très bien, comme au collège Pierre de Dreux à Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine).

Dans sa classe, une professeure de français avait mis en place une méthode en deux étapes, mêlant écriture et technologie. Les élèves rédigeaient une rédaction classique à partir du livre Vendredi ou la vie sauvage, dans laquelle ils devaient se glisser dans la peau du personnage Robinson et imaginer ce qu’il écrirait à sa famille. Dans un deuxième temps, les élèves recopiaient leur texte sur ordinateur, « avec la synthèse vocale ». L’ordinateur relisait le texte, reprenant les erreurs de ponctuation, de syntaxe ou d’orthographe, montrant aux élèves que leur prose n’était pas toujours très claire. Cet outil permettait de faciliter la correction des fautes et était également « source de motivation » pour les écoliers. Leur enseignante expliquait qu'ils devenaient ainsi davantage « acteurs de la révision du texte », ce qui était « source d’autonomie ».

Le reportage présentait une autre méthode innovante à destination des plus jeunes. Dans le Val-de-Marne, c’est dès le plus jeune âge que l’instituteur Matthieu Sabbastia, enseignant en maternelle, donnait aux enfants des outils et « le goût des mots », grâce à « l’écriture tâtonnée ». Cette méthode consistant à composer des mots nouveaux avec des sons déjà connus, puis à affiner l’écriture. Avantage de cette immersion dans les mots : « l’élève n’a pas besoin d’être lecteur pour commencer à écrire. Il peut déjà commencer à écrire pour lui donner l’envie, le plaisir d’écrire qui va aussi se développer plus tard », s'enthousiasmait l'instituteur.

Les rédactions à l'école
2018 - 03:59 - vidéo

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