Il aurait eu 100 samedi 24 juin. Yves Bonnefoy est décédé en 2016, laissant derrière lui une œuvre majeure des XXe et XXIe siècle. Il était également un grand traducteur de Shakespeare. En 1953, il publiait Du mouvement et de l'immobilité de Douve, son premier ouvrage d'envergure. En 1974, un journaliste de l'ORTF interviewait le poète depuis l'arrière-pays niçois, dans un décor champêtre et une ambiance assez lyrique.
Des lieux qui permettait, selon le poète « de faire l'expérience immédiate de l'unité de tout ». Il résumait ainsi en quelques mots ce qu'écrire signifiait pour lui. « Le vol de l'oiseau et la germination des graines, ça fait une seule chose. (...) C'est la poésie qui l'exprime. Il y a des poèmes dans lesquels les souvenirs, les allusions, des rapports soudains établis entre choses permettent de sentir présent cette unité. » Si son travail peut apparaître complexe, les mots choisis par Yves Bonnefoy dans ses poèmes, sont simples et évocateurs.
Dans cet extrait du reportage de 1974, le poète proposait des lectures de son œuvre. Il y exprimait aussi ses inquiétudes vis-à-vis d'un medium comme la télévision, qui fixait, qui figeait les expériences, « arrêtait abusivement le libre flux du monde ».
Dépasser les formulations
« Je crois que Rimbaud a eu fondamentalement raison de cesser d'écrire ». Grand admirateur de Rimbaud, dans l'extrait suivant, Yves Bonnefoy prenait l'exemple du poète pour parler du rapport de l'auteur avec l'écriture et l'importance de ne pas se laisser aller aux facilités du langage. « Je n'ai jamais cessé d'écrire, en ce sens que j'ai toujours eu l'espérance ou l'illusion que dans le mouvement de conscience par lequel on s'affronte aux problèmes de la vie, je pourrais dépasser les formulations et les cristallisations de sensibilité dont je ressentais l’insuffisance, après la publication d'un ouvrage. »
Espoir qu'il poursuivit jusqu'à sa mort, puisque dans ses dernières années il publia encore de nombreux ouvrages.
Yves Bonnefoy sur Rimbaud
1974 - 02:57 - vidéo