Aller au contenu principal
William Saurin, une conserverie à la pointe des économies d'énergie en 1991

William Saurin, une conserverie à la pointe des économies d'énergie en 1991

Le groupe agroalimentaire Cofigeo regroupant des marques comme William Saurin, Garbit ou Raynal et Roquelaure a annoncé qu’il serait contraint d’arrêter provisoirement, à partir du 2 janvier 2023, la production de quatre de ses neuf sites en France pour faire face à la hausse des prix de l'énergie. Un coup dur pour le groupe qui plaçait la maîtrise de l’énergie au cœur de ses préoccupations au début des années 1990.

Par Florence Dartois - Publié le 13.12.2022
 

L'ACTU.

Le 6 décembre, Mathieu Thomazeau, le président du groupe Cofigeo, acteur majeur des plats et produits cuisinés (William Saurin, Garbit ou Raynal et Roquelaure, Zapetti, Petitjean) a fait savoir qu’à partir du 2 janvier 2023 le groupe agroalimentaire stopperait temporairement la production sur quatre de ses neuf sites. En cause : la hausse des coûts d'énergie. « En janvier, ils seront multipliés par 10 », a précisé le groupe, ajoutant que cela ferait passer la facture énergétique de « 4 millions à 40 millions d'euros ». Du jamais vu ! Cette fermeture concernera les sites de Pouilly-sur-Serre (02), Lagny-sur-Marne (77), Capdenac (12) et Camaret-sur-Aigues (84) et représente 80 % de sa production. Durant cette période, dont la durée reste pour l’instant inconnue, les 800 salariés concernés (sur les 1200 du groupe) bénéficieront d’un accord d'activité partielle de longue durée.

L'ARCHIVE.

Cette annonce est d'autant plus sévère que le contrôle des coûts de l'énergie a toujours été un enjeu stratégique du groupe agroalimentaire. Sans le gaz et l’électricité nécessaires à la préparation, à la cuisson puis à la stérilisation des plats cuisinés, ses conserveries ne pourraient pas fonctionner. Cet enjeu apparaît nettement dans l’archive présentée en tête d’article. Il s’agit d’un sujet diffusé dans le JT de FR3 Dijon, le 20 février 1991. Le reportage annonçait que l’entreprise William Saurin, installée à Saint-Marcel (Saône-et-Loire), allait recevoir le trophée de la Maîtrise de l'énergie.

Le commentaire insistait déjà sur les forts enjeux énergétiques et écologiques pris en compte par le groupe : « L'industrie agroalimentaire consomme beaucoup d'énergie. Résultat : des coûts de production élevés, mais aussi une pollution de l'environnement naturel ». Bien avant les plans de sobriété énergétique d'aujourd'hui, la société s'était lancée dans une politique de gestion de sa consommation d'énergie pour échapper à cette fatalité. Ses choix résonnent avec l'actualité, elle troquait ses chaudières pour une énergie plus propre, dirait-on aujourd’hui. William Saurin avait choisi le gaz. « La chaudière au fioul a cédé la place au brûleur à gaz, agrémenté d'une régulation automatisée de la combustion et donc des fumées nocives. De même, l'eau est à présent traitée et réinjectée dans le circuit de chauffage ».

L’entreprise menait également une politique active de « sensibilisation des salariés » en matière d’économie d’énergie. Une position qui fait fortement écho à la problématique actuelle de réduction de la consommation d'électricité réclamée aux particuliers et aux acteurs de l’agroalimentaire. Cet ensemble de mesures avait visiblement porté ses fruits comme l’assurait alors Bernard Alessandri, le directeur de l'usine, présentant un premier bilan positif : « On peut dire qu'on a gagné de l'ordre de 10% de notre consommation d'énergie. Et pour 1991, parce que nous n'avons pas fini, nous espérons encore gagner cette année. »

À la pointe des économies d'énergie

Le succès de sa politique énergétique valait à William Saurin la remise du « Super trophée pour la maîtrise de l'énergie ». Un événement patronné par l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie et le conseil régional de Bourgogne. À l’époque, Georges Gaillard, le vice-président du Conseil régional, saluait les efforts de cette « industrie à la pointe du progrès pour ce qui concerne l'énergie », ajoutant que William Saurin représentait le « top niveau » de ce que l’on pouvait attendre. Un enthousiasme qui transparaissait également dans la conclusion du journaliste : « Voilà un bel exemple de réussite qui prouve que la maîtrise de la consommation d'énergie ne signifie pas forcément un gros investissement financier, mais rime souvent avec économie à long terme et protection de l'environnement ».

En 2022, ces efforts ne sont plus suffisants. Et l’explosion du coût de l’énergie associé à l’inflation sur les prix matières premières alimentaires et industrielles, ainsi que sur le transport, ne menace pas que les conserveries du groupe Cofigeo. En septembre, dans les lignes du Figaro, Dominique Chargé, le président de la Coopération agricole qui regroupe 40 % de l’agro-industrie française, alertait déjà sur « les risques de fragilisation des chaînes de production alimentaires de l’Hexagone ». Combien de laiteries, de sucreries et de conserveries tricolores pourront supporter la pression financière imposée par le coût prohibitif de l'énergie ? Les industries du secteur réclament un plafonnement des prix du gaz et de l'électricité, l’exemption du délestage prévu cet hiver et une simplification des démarches administratives pour des projets d'indépendance énergétiques.

Au temps où l’énergie n'était pas chère

Une conserverie d’épinards dans le Vaucluse en 1965.

En 1988, William Saurin développaient les plats préparés de « haute qualité » en barquettes, avec 4000 m² de machines très énergivores.

Inauguration usine William Saurin
1988 - 02:05 - vidéo

L’entreprise Cabanon : préparation de conserves de sauces tomate en 1999. Tomates, verre et aluminium, des matières premières aujourd’hui hors de prix.

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.