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Volvic, une entreprise qui a longtemps fait couler l'eau à flot

Volvic, une entreprise qui a longtemps fait couler l'eau à flot

La pénurie d'eau qui frappe la France a une conséquence plutôt inattendue en Auvergne. Tout le monde connaît la marque Volvic et son eau minérale exportée dans le monde entier. Aujourd'hui, le minéralier se retrouve au centre d'une polémique. Les communes voisines, privées d'eau, l'accusent de vider les nappes phréatiques à leur détriment. Etait-ce déjà un sujet de préoccupation par le passé ? Réponse en archives.

Par Florence Dartois - Publié le 05.05.2023
Les eaux de Volvic - 1967 - 04:38 - vidéo
 

L'ACTU.

Depuis plusieurs mois, le Puy-de-Dôme souffre d'un déficit d'eau inquiétant, obligeant la préfecture à mettre en place des mesures de restrictions dans 31 communes du secteur de l’usine d'eau minérale Volvic qui appartient au groupe Danone. Ces mesures font grincer des riverains car l'usine d’embouteillage n’est pas concernée par l'arrêté portant uniquement sur l’eau potable et non sur les eaux minérales. Dans une volonté d'apaisement, la direction de Danone a annoncé qu'elle baisserait les prélèvements de 5%. Une décision jugée insuffisante par les associations environnementales qui alertent sur le risque de crise de l'eau potable pour les populations locales. Les associations Preva et Marsat Nature déclarent que la situation est préoccupante puisque le débit de la source ponctionnée était de 50 litres/seconde en janvier 2023, contre 600 litres/seconde en 1975.

Autorisée par l’Etat à prélever 2,51 milliards de litres par an, la marque Volvic souligne qu’elle n'a pas atteint ce quota, en ne soustrayant que 1,74 milliard de litres en 2022. Un argument qui ne semble pas convaincre les associations, à l'image de Sylvie de Larouzière, porte-parole de l’association Preva, qui déclarait dans L'Usine Nouvelle du 5 mai : « Alors que 350 camions remplis de bouteilles d’eau de Volvic sortent quotidiennement de l’usine, on commence à nous préparer à des restrictions d’eau potable au robinet cet été… C’est inadmissible ! »

L'ARCHIVE.

Lorsque le premier captage a été installé en 1927 au Goulet, dans la chaîne des Puys, l'eau filtrée par les volcans coulait à flot. Cinquante ans plus tard, c'était toujours le cas, comme le montre l'archive en tête d'article datée de 1967 dans l'usine Volvic. L'occasion de découvrir de belles images de l'usine et des sources alentours. A l'époque, l'entreprise était florissante et l'eau minérale naturelle à la pureté légendaire s'exportait déjà à l'étranger, conditionnée en canettes métalliques. En France, les bouteilles en verre consignées régnaient encore, le plastique arriverait plus tard. 100 à 120 personnes travaillaient en permanence sur le site.

Le responsable des relations publiques, interrogé dans cette interview, expliquait que depuis le premier captage, la société avait été autorisée à établir de nouveaux pompages, à l'instar de Clairvic. L'eau Volvic était réputée pour sa pureté, l'interlocuteur se vantant qu'elle soit connue comme « la plus pure du monde ». Il évoquait ensuite la gamme Volvic qui s'élargissait à des eaux pétillantes, de la limonade et des boissons aux fruits pressés.

Le communicant expliquait que la commune de Volvic, propriétaire du captage, alimentait en eau potable une vingtaine de communes alentours en leur livrant une partie des 30 millions de bouteilles produites chaque année. La production journalière ne connaissait pas de limite, sans qu'il puisse la chiffrer, elle s'adaptait à la demande. Le seul obstacle à la production était les capacités des machines. L'homme décrivait d'ailleurs les investissements de l'entreprise : son bloc laveur performant (12 000 bouteilles/heure) capable de livrer « une bouteille nette et stérilisée » et les 4 séries d'embouteilleuses « mécaniques, sans intervention maturelle ».

Une eau de qualité qui s'exporte

En 1984, Volvic était toujours aussi rentable et très florissante. En juin, l'entreprise avait ouvert ses portes aux curieux. Dans le lancement du sujet, un jeune journaliste de FR3 Auvergne, Laurent Bignolas, expliquait que le débit de la source de Volvic était de 150 litres/heure, « captée à flanc des volcans, à 600 mètres d'altitude ». 620 personnes travaillaient pour l'entreprise, de la mise en bouteille à la commercialisation. Le reportage présente de belles images couleurs de l'installation. Dans les chaînes d'embouteillage, le plastique avait remplacé le verre et 15 millions des bouteilles produites partaient à l'exportation dans une trentaine de pays. La pureté restait le mot-clé du marketing.

1989 : première alerte

Il faudra attendre la grosse sécheresse de 1989 pour que les JT commencent à parler de pénurie d'eau à Volvic. Une nouvelle tellement étonnante que le journaliste parlait d'un mauvais gag. Et pour cause, cette archive date de décembre 1989. La commune de Volvic touchée par une pénurie d'eau était confrontée à une baisse du niveau des nappes phréatiques. Un système de ravitaillement par camion-citerne avait été mis en place pour ravitailler les communes voisines. L'augmentation de l'urbanisation et les pompages continus de l'usine voisine alimentaient déjà la polémique.

Pénurie d'eau dans la commune de Volvic
1989 - 02:26 - vidéo

«Fraîche, légère, naturellement pure»

En 1976, en pleine canicule, un spot publicitaire Volvic vante les mérites de l'eau minérale d'Auvergne.

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