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«Le violet, c'est la couleur du féminisme, c'est important de se voir»

«Le violet, c'est la couleur du féminisme, c'est important de se voir»

Le violet est la couleur du féminisme. Adopté dès la fin du XIXe siècle par les Suffragettes, il apparaît dans les défilés féministes français dans les années 1970, mais aussi sur les affiches. À l'image de celle appelant à la grève des femmes en 1974.

Par Florence Dartois - Publié le 08.03.2023 - Mis à jour le 08.03.2024
La grève des femmes - 1974 - 03:10 - vidéo
 

LE CONTEXTE.

Le violet et ses variantes, mauve ou parme, a la cote chez les féministes. Cette couleur est devenue le symbole du féminisme depuis la fin du XIXe siècle, notamment aux États-Unis où il a été adopté par les femmes qui réclamaient le droit de vote. Entre les deux guerres, les Suffragettes vont à leur tour intégrer le violet dans leur palette contestataire et le marier au vert sur leurs affiches. En France, cette teinte apparaît sur les foulards, les tee-shirts ou les chemisiers des féministes réclamant le droit à l'avortement et à disposer de leur corps dès les années 70. En juin 1974, la couleur s'affichait dans un sujet du JT de 20 heures à regarder en tête d'article.

L'ARCHIVE.

Ce 9 juin 1974, le JT de 20 heures de la Première chaîne relayait la grève des femmes organisée par le MLF (Mouvement de libération des femmes). Ce mouvement de contestation allait lui aussi hisser haut la couleur violette. « La grève des femmes » s'inscrivait en gros caractères violets sur l'affiche de l'événement, près de la caricature d'une femme, elle-même dessinée à grand renfort de mauve. Plusieurs militantes donnaient la signification de cette grève qui visait à protester contre la situation « faite aux femmes dans cette société capitaliste dominée par les hommes ». La militante Evelyne Rochedereux énumérait les motifs de cette grève : le travail domestique, « non reconnu, non payé et obligatoire », le « soin des enfants », le « travail salarié ». Cette grève devait permettre une « prise de conscience » du rôle important, mais minimisé, des femmes dans la société. Cet événement était une manière de leur montrer que le système s'arrêterait sans leur contribution. Cette grève concernait aussi le « service sexuel » et la « reproduction d'enfants », qu'elles considéraient comme une dictature forçant les femmes à avoir des enfants, même si elles n'en voulaient pas. (La loi Neuwirth autorisant la contraception était peu appliquée et la loi Veil n'était pas encore passée.)

Des cortèges en violet

Dans l'archive ci-dessous, filmée en octobre 1979, le violet était toujours prisé, sur les banderoles et sur les vêtements. Dans la perspective du débat à l'Assemblée nationale sur le projet de loi de Monique Pelletier visant à reconduire la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse, une marche nationale des femmes était organisée à Paris pour assurer le maintien de l'avortement libre et gratuit. Parmi les manifestantes, sous la bannière violette, Huguette Bouchardeau, l'une des fondatrices du MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception) en mauve, elle aussi. Parmi les autres symboles forts visibles dans cette archive, le triangle fait avec les mains, récemment repris par la députée Sandrine Rousseau à l'Assemblée nationale. Un geste né dans les années 1970 chez les féministes italiennes. En joignant ainsi leurs mains en forme de triangle, elles représentaient le sexe des femmes.

Manifestation de femmes à Paris
1979 - 02:33 - vidéo

Le violet, à l'étranger aussi

Cette couleur est devenue l'emblème du féminisme à travers le monde. En février 2014, en Espagne, des milliers de personnes, principalement des femmes revêtues du violet, étaient descendues dans les rues de Madrid pour s'opposer au projet de loi du gouvernement conservateur restreignant l'accès à l'IVG.

Un symbole adopté par les hommes

Le 23 novembre 2019, une immense mobilisation contre les violences faites aux femmes regroupait 50 000 personnes à Paris. Un cortège rassemblé sous une même couleur, comme l'expliquait une manifestante : « Le violet, c'est la couleur du féminisme, c'est important de se voir d'être visible... de pouvoir se reconnaître et se retrouver ». À noter, la présence de nombreux hommes présents « car il y a aussi des hommes qui se battent pour les femmes », déclarait un jeune garçon qui arborait un bandana violet autour du cou.

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