Débat à l'Assemblée nationale
Assemblée nationale : reprise du débat sur les manifestations étudiantes et la crise de l'université. Discours du Premier Ministre Georges POMPIDOU : "Paris vient de vivre des journées graves, si sérieuses que le Président de la République s'est interrogé s'il pouvait tenir ses engagements en partant en visite officielle pour la Roumanie... Il a jugé que les devoirs de l'Etat et la situation internationale de la France l'exigeait. Paris n'est qu'à 4 heures de vol de Bucarest... Le Président de la République m'a remis avant son départ l'autorisation d'user des pouvoirs que la Constitution prévoit de déléguer au Premier ministre en cas d'empêchement ou d'absence du chef de l'Etat... Le général DE GAULLE s'adressera au pays le 24 mai... - Georges POMPIDOU rend hommage à "la fermeté et l'humanité avec laquelle le Préfet de police n'a cessé de diriger l'action de ses hommes...", aux dirigeants des organisations représentatives d'étudiants et de l'UNEF en particulier qui "ont cherché à écarter les provocations des extrémistes" : "Grâce à eux nous pouvons faire de ces nuits d'émeute un bilan qui ne soit pas trop lourd... mais il y avait aussi ces anarchistes qui ne devraient pas s'étonner que la société et l'Etat qu'ils prétendent détruire cherchent à se défendre... Des individus déterminés munis de moyens financiers, de matériels adaptés au combat de rue, dépendant d'une organisation et dont je pense qu'elle vise à créer la subversion des pays occidentaux et à troubler Paris...". L'hémicycle et applaudissements des députés. Il rappelle les "mesures d'apaisement" prises le 11 mai et annonce le dépôt d'un projet de loi d'amnistie "qui ne sera pas au bénéfice d'un parti quel qu'il soit". - "Face à l'appétit du savoir, au développement des connaissances, à la nécessité d'ouvrir l'enseignement superieur aux enfants du peuple, aux besoins considérables de l'enseignement scientifique et de la recherche moderne nous avons fait un immense effort (cite l'augmentation du nombre d'étudiants, d'enseignants, du budget, des locaux). Evoque des solutions : "le développement du sens de la responsabilité chez les étudiants. L'autorité des maîtres a été directement mise en cause par une minorité d'enragés... Il ne s'agit pas simplement de réformer l'université. C'est le problème de la jeunesse qui est posé : sa place dans la société, ses obligations et ses droits, son équilibre moral. traditionnellement la jeunesse était vouée à la discipline et à l'effort. la discipline a disparu. l'intrusion de la radio et de la television ont mis les jeunes dès l'enfance au contact de la vie extérieure. L'évolution des moeurs a transformé les rapports parents-enfants, maîtres et étudiants. Les progrès de la technique et du niveau de vie ont supprimé le sens de l'effort, le besoin de l'homme de croire à quelque chose a été contrarié par la remise en cause de ce sur quoi l'humanité s'est appuyée pendant des siècles : la famille dissoute, relâchée ; la patrie discutée, niée ; Dieu est mort pour beaucoup, l'Eglise elle-même s'interroge. La jeunesse universitaire est désemparée, certains veulent détruire l'université et la société, pas la société capitaliste comme le croit M. JUQUIN, qu'il demande l'avis des étudiants de Varsovie, de Prague et de Moscou (applaudissements députés), mais la société moderne, matérialiste et sans âme (compare avec le Moyen-Age). Ce n'est pas le gouvernement et les institutions ni même la France qui est en cause c'est notre civilisation elle-même... Il s'agit de recréer un cadre, de concilier ordre et liberté, esprit critique et conviction, civilisation urbaine et personnalité, progrès matériel et sens de l'effort, libre concurrence et justice, individualisme et solidarité... C'est un problème philosophique plus que politique... Il y a trois jours j'ai choisi l'apaisement. Notre pays veut la paix, ce n'est que dans le calme et la collaboration ( il fait appel a la collaboration des étudiants et des enseignants, se prononce pour l'autonomie des universités et la participation des étudiants à leur gestion, annonce enfin la création d'un "comite de reflexion" pour oeuvrer à la refonte de l'université) qu'il en trouvera la voix". Plateau DANIELE BREEM : "Après l'intervention du Premier ministre, M. MITTERRAND a dressé un réquisitoire très violent contre le gouvernement..." - Réponse de François MITTERRAND au nom de la FGDS (plans de coupe sur le Premier ministre et le ministre de l'Information sur les bancs ; applaudissements des députés de gauche ou huées de la droite) : "Il y a dix ans que votre régime est en place... Qu'avez-vous fait de l'Etat ? Où est la responsabilité, qui était responsable au cours de ces heures ?... Vous étiez vous-même absent... Si l'on se reporte aux informations données par votre radio television, il semble que à l'issue d'un conseil des ministres vous et le président de la République ayez déclaré "l'ordre doit etre d'abord retabli"... Qu'avez-vous fait de l'autorité de l'Etat Monsieur le Premier ministre ? (off cris de contestation, Jacques CHABAN DELMAS appelle au calme)... Ce que vous avez décidé c'est la répression, ce que vous avez subi c'est l'apaisement... Il faut que le gouvernement s'en aille ! Vous ne serez pas le miraculé de Kaboul... L'Assemblée nationale a décidé d'adopter une loi d'amnistie, ce n'est pas suffisant (rappelle la situation du Président LANIEL)... mais nous disons aussi commission d'enquête parlementaire afin de savoir qui est responsable... Il faut que le gouvernement s'en aille et c'est pourquoi nous voterons la motion de censure" - Plateau DANIELE BREEM : "Monsieur Foucher le ministre de l'Intérieur devait affirmer que les accusations selon lesquelles les grenades employées par la police contenaient un gaz toxique étaient fausses . "
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Générique | Journaliste : Danièle Breem Participants : Danièle Breem, Georges Pompidou, François Mitterrand |