Allocution radiodiffusée et télévisée

Allocution du général De GAULLE prononcée au palais de l'Elysée : le 8 janvier 1961, les Français devront dire, par référendum, s'ils approuvent un vote d'autodétermination en Algérie. Dans une allocution radio-télévisée, le général explique le sens de la réponse qu'il demande aux Français. Intégralité de l'allocution : - "Au milieu d'un monde bouleversé, la France voit se poser à elle de grands problèmes qui sont de grandes épreuves. Elle ne serait pas la France s'il en était autrement... [suit un bref rappel de la politique menée depuis son retour] ... - "Pour s'ouvrir plus largement encore la porte de l'avenir, elle doit maintenant résoudre la question de ses rapports avec l'Algérie et de la paix sur cette terre déchirée... [rappel des deux occasions de référendum]... - "A présent, pour la 3ème fois, je me tourne directement vers la nation. Le peuple français est donc appelé à dire, le 8 janvier, par référendum, s'il approuve, comme je le lui demande, que les populations algériennes, lorsque la paix régnera, choisissent elles-mêmes leur destin. Cela signifie : ou bien rompre avec la République française, ou bien en faire partie, ou bien s'y associer. Il est d'avance entendu que, pour ce qui la concerne, la France entérinera le choix... L'Algérie de demain sera donc algérienne... Cependant, quand, dans l'apaisement, les populations algériennes auront un jour à se décider, c'est sur des réalités qu'elles devront fonder leur choix... Quelles sont ces réalités ? Celle-ci, d'abord, qu'il existe, au côté des Musulmans, plus d'1 million d'habitants d'origine européenne... D'autre part, pour vivre...l'Algérie doit être aidée. L'aide qu'il lui faut, la France la lui apporte... Mais qui peut se figurer qu'elle continuerait de le faire dans l'hypothèse de la rupture ? En vérité, tout commande à l'Algérie de demain d'être associée à la France... A mesure que cette solution est plus clairement en vue, la France mesure mieux les services qu'en Algérie son armée rend et continuera de rendre... Oui, la paix, nous la proposons. A tout moment nous sommes prêts à recevoir les délégués de ceux qui nous combattent... La réponse positive de notre peuple au référendum prendra aussi le caractère d'un appel à la fin des combats et à une pacifique confrontation. Françaises, Français, le oui franc et massif que vous demande le général De GAULLE, président de la République, sera la décision de la France. Il offrira à l'Algérie la chance d'un libre avenir. Il prouvera au monde que la nation française est aujourd'hui, autant que jamais, unie, lucide et généreuse. A moi même dont la tâche est lourde, quel soutien il apportera ! - Vive la République ! Vive la France !"