INVITE Bruno le Maire : journalistes tués, otages libérés, écotaxe
[Source : documentation France 3] 12.10.58 Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont deux journalistes de RFI assassinés hier dans le nord est du Mali. La même question chaque fois: les journalistes doivent-ils continuer à aller dans les zones à risques? - B. Le Maire : Oui, et je veux vraiment rendre hommage à ces deux journalistes. Ils ont fait un travail formidable, ils l'ont payé du prix de leur vie. Je veux rendre hommage aussi à la rédaction de RFI et à sa réaction, ils veulent continuer à aller sur le terrain. La liberté de la presse, c'est un combat de tous les jours, ils l'ont payé de leur vie, et je crois que ce combat il doit se poursuivre. " - F. Letellier : La France est engagée au Mali depuis 11 mois. La région où nos deux confrères ont trouvé la mort est encore loin d'être sécurisée. Craignez-vous un enlisement? - B. Le Maire : Non, là encore, un choix a été fait par le président de la République. Je conteste suffisamment les choix de François Hollande pour dire que ce choix-là, je le soutiens. C'était courageux d'aller au Mali, d'intervenir. Il faut lutter avec une détermination sans faille contre le terrorisme et l'islamisme radical. C'est une menace majeure pour la France en Afrique, au Moyen-Orient et sur notre territoire. Si on ne le combat pas à l'extérieur nous serons menacés aussi à l'intérieur. " - F. Letellier : Mais cela fait déjà onze mois... - B. Le Maire :oui elle durera longtemps, mais ce qui est en jeu, c'est notre sécurité, nos valeurs, notre conception de l'Etat de droit. Nous devons combattre l'islamisme radical par tous les moyens, avec toute la détermination nécessaire, avec le temps qu'il faudra. Et aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières. On sait très bien que l'islamisme radical est une menace en France, qu'il y a une montée de cet islamisme radical, qu'il y a des menaces salafistes qui existent aussi dans nos villes, dans nos territoires, partout on doit le combattre avec la même détermination. Et moi je continue de soutenir le choix du président de la République d'intervenir au Mali. " 12.12.54 - F. Letellier : Ce drame contraste avec l'image du retour des otages français du Niger, après plus de ans de captivité. Faites-vous un lien entre les deux événements? - B. Le Maire : Non, je ne fais pas de lien, et je n'ai pas d'informations particulières là-dessus. Mais je me réjouis de cette libération des quatre otages. C'est un beau succès pour la diplomatie française, pour toutes les équipes qui y ont travaillé, et c'est pour le coup un vrai motif de réjouissance pour tous. - F. Letellier : Y a-t-il eu rançon ou non? S'il y a eu rançon, cela vous choquerait? - B. Le Maire : Le seul témoignage que je peux apporter, c'est celui d'un ancien directeur de cabinet d'un Premier ministre. J'ai participé à des réunions pour la libération d'otages. Je peux vous dire que c'est fait avec beaucoup de sérieux et qu'il n'y a pas de versement de rançon. C'est la doctrine constante de la France, droite et gauche confondues, et j'ai aucune raison de ne pas croire Jean Yves le Drian et Laurent Fabius sur ce sujet. - F. Letellier : Et s'il y avait eu rançon d'Areva? - B. Le Maire : Cela me choquerait. Ce serait faire de tous nos compatriotes à l'étranger des cibles pour les terroristes. Si vous payez des rançons vous faires des ressortissants français sur les territoires menacés et instables des cibles pour les groupes terroristes. Donc les rançons c'est pas la bonne solution. 12.14.19 - F. Letellier : Venons-en maintenant à la Bretagne, entre la colère des bonnets rouges et la situation économique qui s'assombrit. La manifestation hier à Quimper. 15.000 personnes dans les rues selon la préfecture, le double selon les organisateurs. Il y a eu des débordements... Vous admirez cette mobilisation ou vous êtes inquiet? - B. Le Maire : Déjà, je partage la colère de ces manifestants, même si je condamne la violence... Il ne faut pas se tromper, l'écotaxe, c'est l'arbre qui cache la forêt. La forêt, c'est la faillite d'un système, d'un gouvernement qui ne cesse de reculer, décision après décision, et qui n'est plus capable d'assumer ses décisions. C'est la faillite d'un président de la République qui n'a aucune vision pour le pays et qui vit dans un ancien monde, alors que les français veulent vivre dans un monde nouveau. C'est aussi la faillite d'un système politique et économique sur lequel nous vivons depuis trente ans... Toutes les décisions sont prises de Paris et on ne fait pas confiance aux départements. - F. Letellier : " Mais il y a 18 mois vous étiez au gouvernement, vous faites votre autocritique ? " - B. Le Maire :Je prends toute ma part de critique là dedans. C'est la faillite d'un système ce que traduit cette écotaxe, un système où on décide tout de Paris et où on ne fait pas suffisamment confiance aux français sur le terrain. Un système où la seule réponse apportée au chômage de masse, au chômage des jeunes, c'est le traitement social, les emplois aidés, les emplois d'avenir, tout ce traitement qui ne marche pas. Faillite enfin d'un d'un système où tout le monde change. Les Français font des efforts, les entreprises, les commerçants, mais les seuls qui ne changent pas ce sont les responsables politiques. Je demande aux responsables politiques de changer s'ils veulent faire changer eux aussi les français. ! - F. Letellier : Le gouvernement veut suspendre cette écotaxe... - B. Le Maire : Elle sera supprimée. Ils n'ont pas le choix, parce que le gouvernement est en faillite, le président de la République est en situation de faillite, le système économique et social sur lequel nous vivons également. Voilà ce que traduisent ces événements en Bretagne. Donc, je crois que la sagesse, c'est de comprendre qu'aujourd'hui ce système ne marche plus et d'arrêter avec l'écotaxe. Il faut inventer un système où on arrête de prendre les Français pour des vaches à lait. Ce que traduit l'écotaxe c'est qu'on prend les français pour des vaches à lait. Y'a un moment ils disent raz le bol, stop ! - F. Letellier : Mais l'UMP avait voté cette écotaxe en 2007. Aujourd'hui, les élus UMP s'y opposent, ce que l'on vous reproche. - B. Le Maire : Je suis très constant et très cohérent. Je demande un changement du système depuis des années, système politique et économique. J'ai toujours exprimé les plus forte réserves à l'idée d'une taxe supplémentaire, comme l'écotaxe. 12.17.29 Question de Jean Jacques Urvoas à Bruno le Maire : " " Vous avez appartenu à un gouvernement qui a créé une taxe poids lourds qu'on a assez injustement appelée "écotaxe". Or, depuis 8 jours, nous avons assisté à une volte-face assez spectaculaire d'une grande partie des membres votre famille politique. Comme vous prétendez aujourd'hui être le chantre d'un langage de vérité, comment expliquez-vous une telle volte-face? " - B. Le Maire : Cette remarque est de bonne guerre. Je dis juste à Jean-Jacques Urvoas qu'ils ont tous les pouvoirs à gauche, nationaux et locaux. Leur responsabilité, c'est quoi ? de chercher des chicaïades à l'opposition sur le passé, ou c'est de construire l'avenir. Moi ce qui m'intéresse, c'est l'avenir de mon pays, auquel je suis viscéralement attaché. Quand je vois ce qui se passe en Bretagne, je tire la sonnette d'alarme. Ce n'est pas une affaire d'écotaxe, c'est tout un système qui s'effondre sous nos yeux. - F. Letellier : Cette mobilisation en Bretagne peut-elle être contagieuse? - B. Le Maire : Bien sûr! Si nous continuons à dire aux Français que pour résoudre les problèmes, il faut faire des taxes supplémentaires, il faut trouver de l'argent, parce qu'on a payé trop d'argent pour payer les allocations, les subventions, pour les aides diverses et variées aux uns et aux autres, on va augmenter les impôts. Si le gouvernement et le Président n'entendent pas le message de tous les Français et qu'ils persistent à vouloir dépenser de l'argent public financé par les impôts, cela finira très mal. C'est un problème national - F. Letellier : Pensez-vous que les manifestations en Bretagne pourraient se reproduire ailleurs, voire devenir un mouvement national? - B. Le Maire : Bien sûr! J'étais à Saint-Etienne il y a quelques jours. J'ai vu des paysans qui me disaient que s'ils devaient payer la taxe plein pot alors qu'elle était divisée par deux pour les Bretons, cela allait très mal se passer... Dans tout le territoire on regarde attentivement ce qui se passe en Bretagne. 12.19.44 - F. Letellier : Le gouvernement a décidé de suspendre l'écotaxe. Jean-Marc Ayrault a interpellé à l'Assemblée les députés UMP... "Le courage, ce n'est pas l'obstination, c'est écouter, comprendre" a-t-il dit. Finalement, est-ce que Jean-Marc Ayrault n'évite pas l'excuse d'explosion sociale? - B. Le Maire : Mais il n'avait pas le choix. Ce qui m'inquiète, c'est de voir ce gouvernement en faillite qui recule sur tout car il n'a pas compris que le modèle sur lequel il est mort! Ils ont reculé sur la taxation de l'excédent brut d'exploitation, sur la taxation rétroactive des PEA et des PEL... Ils reculent maintenant sur l'écotaxe. Ils reculent sur tout! Ca me préoccupe profondément. - F. Letellier : Quand vous dites que le modèle est mort, cela s'applique aussi à la Bretagne, à son modèle productiviste? - B. Le Maire : Cela s'adresse surtout à des responsables politiques qui ne veulent pas voir que le modèle de l'Etat providence qui dépense trop d'argent pour ceux qui ne travaillent pas est mort... Le modèle breton est en changement. Les Bretons ont évolué, ils ont changé de modèle. je ne leur fait pas reproche de vouloir s'adapter au monde nouveau. On leur a demandé pendant des années de produire le plus possible, ils l'ont fait. - F. Letellier : C'était une erreur? - B. Le Maire : Non, on en avait besoin. On leur demande aujourd'hui des entreprises plus modernes, des abattoirs plus performants, il faut que votre industrie agro alimentaire puisse produire moins cher. Ils le font, ils se donnent un mal de chien, ils se battent, je rends hommage à leur combat. Et au moment où ils ont le plus de difficultés, dans une mutation sans précédent, on leur file une taxe supplémentaire... Je comprends leur révolte!
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France 3 |
Générique | Présentateur : Francis Letellier Participants : Jean Jacques Urvoas, Bruno Le Maire |