Avril 1975 marque une date importante dans les relations entre la France et l'Algérie. C'est celle du premier voyage d’un président de la République française après l’indépendance de l’Algérie. En apparence ce déplacement de trois jours, entre le 10 et le 12 avril, en terre algérienne, avait dépassé toutes les attentes. Cette visite se transformant sous le regard des caméras en retrouvailles chaleureuses. Houari Boumediene et Valéry Giscard d'Estaing avaient l'intention, semble-t-il, de clarifier les contentieux qui existaient alors entre les deux pays : immigration, pétrole, gaz, indemnisation des rapatriés. Leur intention de coopérer de façon sérieuse était mise en avant par les deux chefs d'Etat.
Car c’est bien de l’avenir que les chefs d’Etat avaient décidé de parler. En premier lieu le destin des 850 000 Algériens vivant en France. Le président Boumediene et sa population s’inquiétaient pour leur sécurité et attendaient des assurances sur leurs conditions de vie et de travail. Du côté français, c’est au niveau économique que l’on attendait le plus de résultats. La coopération devait se poursuivre entre la France, premier partenaire économique et commercial, et l’Algérie, un pays riche en gaz et en pétrole. En pleine révolution industrielle, cette coopération devait s’accélérer annonçait-on.
Réconciliation et héritage
La politique était donc au programme. On évoquait aussi l’importance de l’ambiance de ce voyage dans un pays qui affirmait par la voix de son leader que les querelles étaient oubliées et qu’il fallait envisager la création de nouvelles relations dépassionnées. Comme on le voit dans l'archive ci-dessous, le correspondant d’Antenne 2 sur place, le journaliste Patrice Duhamel, rappelait les enjeux de cette visite qu’il qualifiait d’ « historique » et de « réconciliation solennelle entre les deux pays ». Le lourd héritage à assumer ne devait pas hypothéquer l’avenir, précisait-il.
Valéry Giscard d’Estaing avait été accueilli à l’aéroport par son homologue algérien. Les deux hymnes nationaux avaient été joués successivement. Aux côtés de Boumediene, le président déclarait que « la France historique [saluait] l’Algérie indépendante ». Il abordait le passé mais surtout le présent, où les deux peuples travailleraient désormais ensemble.
Un algérien ému témoigne de l'importance que l'Algérie et la France restent unis
1975 - 01:10 - vidéo
Gérard Saint Paul décrit l'accueil très chaleureux des Algériens et interroge l'un d'eux ému aux larmes qui souhaite que les deux pays restent unis « comme des frères ».
Dans un premier point officiel, le président de la République française répondait ensuite aux questions de la presse sur les objectifs de cette visite. « Il s’agit de permettre à l’Algérie et à la France de se développer sur des bases nouvelles, chacun conservant, bien entendu, ses souvenirs et sa personnalité », précisera-t-il. Dans un monde en rapide évolution, les deux leaders souhaitaient trouver des solutions pour un avenir commun.
Plus tard, après un bain de foule, le président algérien se rendait à l'Ambassade de France. Une première dans l'histoire diplomatique. Dans un nouveau discours, Valéry Giscard d’Estaing s'adressait cette fois aux coopérants et aux représentants des pieds-noirs.
Valéry Giscard d'Estaing à Alger
1975 - 04:46 - vidéo
Prémices d'une coopération économique
Le lendemain, Valéry Giscard d'Estaing et le président algérien Houari Boumediene visitaient un complexe gazier et pétrolier. En conférence de presse le président français constatait l'accueil chaleureux des Algériens. Il se disait frappé par l'ardeur au travail de cette population. Il souhaitait que la France participe au développement de cette jeune nation.
Visite d'un chantier pétrolier par VGE
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« Nous avons des choses à voir ensemble ». Valéry Giscard d’Estaing, Avril 1975.
Un voyage réussi
Le 11 avril, les deux présidents se rendaient ensuite dans le Constantinois, région d'origine de Boumediene. Le journaliste Gérard Saint-Paul décrivait l'importance de ce voyage et son apparente réussite. Il interrogeait également des Algériens sur ce qu'ils pensaient de Valéry Giscard d'Estaing, et sur le racisme en France qui les inquiétaient. Il questionnait aussi des coopérants français en Algérie, heureux de leur statut privilégié.
Visite dans le Constantinois
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Des Algériens dans la rue. A propos du président français : « C'est un homme intelligent et libéral », « la seule chose qui nous lie avec le passé c’est le racisme contre nos compatriotes en France ».
Un bilan mitigé
Mais sept mois plus tard, en novembre 1975, le voyage n'avait pas apporté les résultats escomptés. C’est ce que montre l’archive ci-dessous, diffusée dans le journal de 20 heures d’Antenne 2 en novembre 1975. Un pétrolier français venait de rompre son contrat avec le pays, trouvant son pétrole trop cher, à cela s'ajoutait des annulations de construction ou d’installations d’usines. Point d’orgue : l’Algérie choisissait le procédé de télé allemand (PAL) au détriment du français (SECAM). Ce qui avait pourtant été annoncé en avril.
Côté algérien, on reprochait aux Français de faire preuve de mauvaise volonté. Aucun accord économique durable n’avait été signé depuis le voyage du président français. Interrogé sur cette impasse, le ministre de l’Industrie, Michel d’Ornano, se voulait rassurant et assurait que les négociations continuaient bel et bien.
Dégradations relations franco. Algériennes
1975 - 02:51 - vidéo
« Nous pousuivons nos négociations et le gouvernement français fait tout ce qu'il peut pour développer ces relations ». Michel d’Ornano
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