Dans les coulisses de l'UGC Ciné Cité des Halles, le cinéma le plus fréquenté au monde

La fréquentation des cinémas est en baisse, pourtant une salle française tire son épingle du jeu. Il s'agit de l'UGC Ciné Cité des Halles, avec 2,22 millions de spectateurs en 2022. C'est le complexe faisant le plus d'entrées au monde ! Sa séance de 9h00 les mercredis est scrutée de près par les producteurs et distributeurs, le montage proposé ci-dessous explique pourquoi et nous fait entrer dans les coulisses de ces salles hyper-fréquentées.

En 2013, l'UGC Ciné Cité des Halles frisait les 3 millions 300 000 spectateurs par an, soit une moyenne de 9000 spectateurs par jour. Mais encore plus qu'un cinéma, c'était un véritable un lieu de vie.

Inauguré en juin 1995, le complexe situé dans le forum des Halles possédait une spécificité unique : il était le seul cinéma de France ouvert de 9h00 du matin à minuit trente. Tous les mercredis matin, Antoine Cabot, le directeur du cinéma, offrait le petit déjeuner aux producteurs et diffuseurs qui se retrouvaient ici pour découvrir les chiffres tant attendus des sorties du jour aux « 9h00 des Halles ». Car c’est l’affluence lors de la séance de 9h00 qui donnera la tendance pour les nouveaux films.

« C'est le baromètre du matin qui va nous donner cet après-midi, à peu près les résultats de 14h00. C'est vraiment le baromètre, maintenant ! Rien n'est fiable à 100% mais c'est fiable, oui. On sait à peu près combien on va faire. », déclarait André Labbouz, le distributeur du film Perfect mother qui venait de sortir. En fonction des scores, le cinéma pourrait décider d'adapter sa programmation et de projeter un film dans une salle plus grande. Une « vraie alchimie entre le patron de la salle et la diffusion », ajoutait Emmanuel Delesse, le directeur du réseau UGC. Une programmation réadaptée chaque jour en fonction de l'affluence et du public. Une souplesse qui est sans doute à l'origine du succès de ce cinéma niché au cœur de la capitale.

Cinéphiles et projectionnistes passionnés

Cette autre archive ci-dessous décrit l'ambiance du cinéma lors de cette première séance matinale, mais du côté des spectateurs et du projectionniste. Tôt le matin, des habitués affluaient. À 8h30, les boutiques étaient encore fermées, mais une petite vingtaine d'aficionados se pressaient déjà derrière les grilles encore closes. Une collation les attendait à l'ouverture. Au programme ce matin-là, une passionnée visionnerait deux films d'affilée. Un programme digne d'un critique de cinéma professionnel.

Le reportage présentait ensuite dans la cabine des projectionnistes se relayant en permanence. Ils étaient deux pour gérer les 19 salles du complexe. François, lui, travaillait ici depuis l'ouverture du cinéma en 1995. « On contrôle l'image et le son et on arrive à passer dans toutes les cabines pour s'assurer que tout va bien », soulignait ce passionné. Son métier avait bien changé depuis ses débuts, au moment du reportage, les pellicules de 35 mm avaient laissé la place depuis trois ans à un serveur informatique. Les 19 salles étaient passées au numérique bouleversant le métier de projectionniste.

François dévoilait la cabine centrale remplie d'écrans et de câbles multicolores, « c'est le centre nerveux du cinéma » expliquait-il. « C'est ici que sont enregistrés les disques durs qui contiennent les films ». C'est de ce serveur central que partiraient tous les films vers les différentes cabines. Pour conclure la visite, devant une affiche où était inscrit « copies en attente de départ », François présentait le bout de couloir où, quelques mois plus tôt, s'entreposaient encore les bobines de films, « il y en avait sur 10 ou 15 mètres. C'est un souvenir, ça a rythmé notre vie pendant des années, donc ça fait un vide, c'est vrai », confiait-il avec une pointe de nostalgie dans la voix.