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Haroun Tazieff sur les séismes : «Plus on s’éloigne du dernier, plus on s’approche du prochain»

Haroun Tazieff sur les séismes : «Plus on s’éloigne du dernier, plus on s’approche du prochain»

Vendredi 16 juin, en début de soirée, les habitants de Vendée et de Charente-Maritime ont été surpris par un violent tremblement de terre qui a occasionné de nombreux dégâts sans faire de victimes. Ce phénomène n'a pourtant rien d'étonnant car la région est située sur une faille bien connue des sismologues comme l'a expliqué à plusieurs reprises Haroun Tazieff à la télévision.

Par Florence Dartois - Publié le 19.06.2023
 

L'ACTU.

Vendredi 16 juin à 18h38, un séisme de magnitude locale (Ml) de 5,8 (CEA) a surpris l’ouest de la France. L'épicentre était situé entre les villes de Niort et La Rochelle. Si les habitants ont été surpris par la force du phénomène, cette région est tout de même connue pour sa sismicité modérée.

Les dégâts matériels sont nombreux, notamment dans le village de Laigne. L'État a rapidement mis en place une procédure accélérée pour reconnaître cet événement comme catastrophe naturelle.

Il s’agit de la magnitude la plus forte enregistrée sur le territoire français depuis que les outils de mesure existent. La France est sillonnée par de nombreuses failles actives, notamment celles bordant le massif armoricain et traversant la Vendée et la Charente-Maritime, avec une orientation NO-SE pour rejoindre le Languedoc-Roussillon. L’hexagone n’est donc pas à l’abri de connaître d’autres secousses de grande ampleur. C’est ce qu’expliquait déjà le sismologue et vulcanologue Haroun Tazieff en 1979, dans l'archive à découvrir en tête d'article.

L'ARCHIVE.

En septembre 1979, un violent tremblement de terre venait de toucher le centre de l’Italie, avec 300 secousses au total. Le bilan était de 5 morts et des milliers de sans-abris. Interrogé sur le risque de voir se produire une telle catastrophe dans le Soir 3, le volcanologue Haroun Tazieff expliquait la nature des risques de séisme en France. Pour lui, c'était une évidence : « la France peut avoir la même chose, à n’importe quel moment. Dans un jour ou dans 10 ans, des tremblements de terre en France, il y en aura dans toutes les régions où il y en a déjà eu ».

Ces régions, expliquait-il, étaient parfaitement connues des sismologues, il les énumérait : les Alpes, la Provence Côte-d’Azur, « une des régions les plus menacées d’abord par la violence des tremblements de terre et puis par la densité de la population », précisait-il, la vallée du Rhône, la vallée du Rhin, les Pyrénées. Une carte existait alors, remise à jour par « le bureau de recherches géologiques et minières » qui établissait les risques région par région.

Cette carte montrait que des tremblements de terre supérieurs en intensité pourraient se produire en France. L'expert avertissait qu’il pourrait y en avoir d’une intensité de 9 ou 10, précisant qu’il y en avait déjà eu deux douzaines en France dans les trois derniers siècles.

Les risques en France expliqués aux enfants

Deux ans plus tard, en 1981, dans l'émission « Destination samedi », des enfants mettaient Haroun Tazieff sur le grill - le titre de cette rubrique - l'interrogeant justement sur les risques de séismes et de réveil des volcans en France. « La France n’est pas plus à l’abri de catastrophes que l’Italie ou l’Algérie, mais elles sont plus rares et plus espacées », avertissait-il.

Il leur expliquait de manière simple qu’il y avait eu dans les siècles passés des catastrophes de plus grande ampleur qu’en Italie. Au XVe siècle dans la région de Mulhouse complètement détruite, en 1428 en Catalogne, à l’arrière de Perpignan, le séisme avait été tellement violent qu’au Puy-en-Velay et à Bordeaux, à plus de 300 km, il y avait eu des dégâts. Le dernier très gros séisme datait de 1664, à 30 km derrière Nice, avec des raz de marées.

Haroun Tazieff leur racontait que les tremblements de terre étaient un événement géologique incontournable et cyclique : « Plus on s’éloigne du dernier, plus on s’approche du prochain, c’est une Lapalissade. »

Puis le sismologue répondait aux questions des enfants, visiblement très curieux sur le réveil probable des volcans d’Auvergne, l’impossibilité de prévoir un tremblement de terre, son étude de l’éruption de la Soufrière à la Martinique, sur la formation d’une île volcanique, sur les volcans sous-marins, etc.

Les échelles de mesures

Il existe plusieurs barèmes mais les plus usités sont ceux de Mercalli et de Richter.

L'échelle de Mercalli est une échelle de mesure de l'intensité d'un séisme, qui se fonde sur l'observation des effets et des conséquences du séisme en un lieu donné. Elle tient son nom du sismologue et volcanologue italien Giuseppe Mercalli. Il proposa deux mesures d'intensité. La première (Mercalli, 1883) ne comportant que 6 degrés. La seconde (Mercalli, 1902) comportait 10 niveaux.

C'est le physicien italien Adolfo Cancani qui l'étendit à 12 degrés en 1903. Elle fut complètement révisée par le géophysicien allemand August Heinrich Sieberg, et désignée alors sous le nom d'échelle Mercalli-Cancani-Sieberg (MCS) en 1931. Le risque 8 pour « destructif », le 9 correspondant à « dévastateur » et 10 à « désastreux », l’échelon 12 étant « cataclysmique ».

L’échelle de Richter a été l'une des premières tentatives d'évaluer numériquement l'intensité des tremblements de Terre, grâce à la magnitude qui mesure l'énergie sismique radiée (énergie des ondes sismiques) lors du séisme. Imprécise et dépassée, elle a depuis été remplacée par des échelles plus précises permettant de mesurer la magnitude des séismes. Elle gradue le phénomène de 1 (imperceptible) à 9 ou au-delà, dévastateur, toutes les structures sont détruites sur une large superficie (Fukushima en 2011).

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