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Théodore Monod propose l'adoption du BNB, «bonheur national brut» pour une société plus efficace

Théodore Monod propose l'adoption du BNB, «bonheur national brut» pour une société plus efficace

En 2012, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 20 mars comme étant la Journée internationale du bonheur. L'organisation estimait que le bonheur devrait être pris en compte dans les objectifs politiques. Une idée déjà développée vingt ans plus tôt par Théodore Monod qui rêvait de remplacer le PNB par un autre indicateur basé sur la notion de bonheur.

Par Florence Dartois - Publié le 15.05.2020 - Mis à jour le 17.03.2023
 

L'ACTU.

Aspirer au bonheur est un désir universel peu pris en compte dans la conduite des politiques internationales. C'est pour y remédier qu'en 2012, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 20 mars comme étant la Journée internationale du bonheur. Un seul pays dans le monde, le Bhoutan, a reconnu l'importance du bonheur, instituant un « Bonheur national brut » (BNB) à la place du traditionnel Produit national brut (PNB) pour mesurer le bonheur et le bien-être de la population. Le BNB s'appuie sur quatre indicateurs : la protection de l’environnement, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise, la bonne gouvernance et le développement économique responsable et durable.

L'ARCHIVE.

Cette initiative avait été énoncée dès 1972 dans ce pays, voilà une initiative qui avait sans doute séduit Théodore Monod. Scientifique, naturaliste, biologiste et explorateur, il aimait à réfléchir sur la condition humaine. Le 27 décembre 1992, dans l'émission « Conscience Terre », l'érudit développait cette idée pas si utopique que cela, celle de généraliser le « bonheur national brut ».

Rendre sa place au bonheur représentait pour lui une manière constructive de restaurer la responsabilité humaine et de temporiser la toute puissance de la raison d’État, responsable, à ses yeux, d'erreurs dangereuses pour l'avenir de l'humanité. Le bonheur permettant selon lui de rétablir une sorte d'équilibre entre le temps court des politiciens et celui plus long de la Terre : « Pour les hommes politiques, 500 ans, c’est l’éternité. Pour nous, c’est demain matin. 500 ans dans l’histoire de la Terre, de la vie et du Monde. »

Théodore Monod voyait donc dans la quête du bonheur une manière d'agir positivement dans le présent pour préserver l'avenir : « c’est dès maintenant qu’il faudrait être raisonnable. Mais je ne crois pas que ce sera facile à obtenir. Mais il faut essayer quand même (...) Il ne faut pas que dans 1000 ans ou 2000 ans, dans 3000 ans, on puisse affirmer qu’il n’y a eu aucune protestation, aucune voix contraire à la raison d’État. La raison d’État, ça permet tout. Même le terrorisme international ».

La richesse du cœur

Théodore Monod proposait de transformer la manière dont on évaluait la richesse d'un pays et de remplacer le Produit national brut (PNB) traditionnellement utilisé à cet effet par un autre indicateur : « je crois avoir entendu dire que le calcul du PNB, c’est l’addition de tout ce qui se fait, tout ce qui se produit à l’intérieur d’un pays, nuisances comprises d’ailleurs. » Il plaisantait sur le fait que d'intégrer les « les nuisances », était, « assez pittoresque, pointant une absurdité, si l’alcoolisme augmentait encore en France (...) ça s’inscrirait favorablement dans le PNB ». Il expliquait ce paradoxe sous forme de boutade : « Ça veut dire qu’il faudrait beaucoup plus de jambes de bois, il y aurait beaucoup plus d’accidents automobiles, il faudrait beaucoup plus de flics, etc. »

Le scientifique proposait une autre méthode de calcul, moins cynique qui intégrerait le bonheur : « je vais proposer une autre idée. Je vais demander à ce qu’on essaye de calculer le « bonheur national brut ». Il paraît que c’est très difficile. Et je ne pense pas, on ne sait jamais, qu’on aille dans cette direction-là. Mais ça serait quand même satisfaisant pour l’esprit et pour le cœur, surtout pour le cœur », concluait-il.

Le biologiste est mort le 22 novembre 2000 sans que le BNB ne soit généralisé, il n'a jamais su que le BNB allait être inscrite dans la constitution du Bhoutan promulguée le 18 juillet 2008. L'instauration de la Journée internationale du bonheur est peut-être un premier pas vers une généralisation de cet indicateur.

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